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beaux-arts
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TOULOUSE-LAUTREC HENRI DE (1864-1901).
L.A.S. « votre file H », [Paris juin-juillet 1884], à SA MÈRE
la comtesse Adèle-Zoé de TOULOUSE-LAUTREC ; 3 pages
in-8 (un peu fendu au pli central).
1 500 / 2 000 €
Belle lettre du jeune peintre dans l’atelier de Cormon
.
Il attend sa « chère maman » qui va bientôt venir à Paris : « Vous
viendrez au Métropolitain, et je vous y rejoindrai, ou je prolongerai
un peu mon séjour chez Grenier [René GRENIER (1861-1917), camarade
d’atelier chez Bonnat et Cormon], qui est la perle des camarades
et mieux est un ami ». Ballade n’a « envoyé malheureusement que
fort peu de vin rouge, ce qui motivera de ma part la demande d’un
second envoi, exclusivement rouge ».
Il espère que le mal de gorge de sa mère est fini. « Tante Armandine
a eu tort de déménager. J’aurais été l’aider en Janvier : et lui voler le
plus de choses possible. L’atelier est en révolution, on veut nommer
un massier. On m’offrirait ce poste ennuyeux, et je refuse avec entê-
tement. Je suis content de la satisfaction que vous donne ce que
je fais ». Mais il se plaint de l’« obstination que met la majorité de la
famille à me blaguer » qui le « vexe beaucoup. Heureusement que
vous avez droit à plusieurs voix à ce scrutin-là »...
Correspondance
(éd. Herbert Schimmel, 1992), n° 93, p. 109.
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TOULOUSE-LAUTREC HENRI DE (1864-1901).
L.A.S. « Harry », [Paris juillet 1887], à SA MÈRE, l
a comtesse Adèle-Zoé de TOULOUSE-LAUTREC ; 2 pages
et demie in-12.
1 500 / 2 000 €
Amusante lettre du jeune peintre à sa mère
.
« Ma chère Maman
Je suis, depuis deux jours, d’une humeur massacrante et ne sais
comment ça va tourner. Le ciel est inclément et nous arrose avec
une désinvolture qui prouve peu en faveur des sentiments du père
éternel à l’égard des peintres de plein air. À part ça, les affaires vont.
J’expose en février en Belgique, et deux peintres belges intransigeants
étant venus me voir [Théo Van Rysselberghe et Eugène Boch] ont été
charmants et prodigues d’éloges hélas immérités. – J’ai de plus de la
vente en perspective , mais il ne faut pas canta abaud d’avé fa l’iovu
[chanter avant d’avoir fait l’œuf]. Je vais à ravir, et vous embrasse.
Gaudeamus »...
Correspondance
(éd. Herbert Schimmel, 1992), n° 146, p. 146.
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TOULOUSE-LAUTREC HENRI DE (1864-1901).
L.A.S. « Henri », [Paris janvier 1891], à SA MÈRE,
la comtesse Adèle-Zoé de TOULOUSE-LAUTREC ;
4 pages in-8 (quelques fentes aux plis réparées).
2 000 / 2 500 €
Sur une exposition et la vente de tableaux
.
Il est heureux d’avoir de ses bonnes nouvelles, et n’attend « plus que
les foies et autres fournitures d’estomac ».
Son ami Henri Bourges passe sa thèse « et finit son internat dimanche.
J’ai ouvert hier l’exposition Volney [au Cerce artistique, rue Volney].
Mes tableaux ne sont pas trop mal placés, mais dans une lumière
qui ne vaut pas celle de l’année dernière. J’ai vendu deux études de
danseuses à MANZI, chef de l’héliogravure Goupil. […] Je n’ai pas
encore fait transporter les bibelots de Papa, ayant attendu que les
glacières Caulaincourt aient fondu, ce qui sera fait aujourd’hui ou
demain. Paris a été secoué par la détonation de mélinite destinée
à crever la banquise sur la Seine. Bourges a même vu deux cygnes
entraînés par les glaçons, voletant faiblement entre deux ponts, et
retombant exténués sur la glace ».
Il ajoute que « Gaston Bonnefoy vient de perdre une tante à héritage.
— On m’a dit que Davout avait enterré la sienne – ce qui pourrait
signifier le bateau presque assuré pour cet été. Voilà bien l’égoïsme »...
Correspondance
(éd. Herbert Schimmel, 1992), n° 185, p. 169.
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