58
236.
Octave MIRBEAU
(1848-1917). L.A.S., Les Damps [24 février 1892], au journaliste Philippe
G
ille
; 1 page et quart in-8,
enveloppe.
300/400
D
écouverte
de
P
aul
C
laudel
et
de
T
ête
d
’
or
:
« Lisez-le sans vous effarer des choses ardues et pénibles que vous y rencontrerez au
début. Quand vous serez entré dans cette atmosphère étrange et puissante, vous ne voudrez plus le quitter, ce singulier bouquin, et
vous serez secoué jusque dans les entrailles par les extraordinaires visions qui montent de chaque page. C’est l’effet qu’il m’a produit,
ce livre touffu, barbare et absolument, et magnifiquement génial, par places. La langue en est forte, pleine, claire, nullement décadente.
[…] il n’y a pas de nom d’auteur sur la couverture […] L’auteur est, paraît-il, un M. Claudel. Je ne le connais pas du tout, mais c’est un
bougre qu’il faut suivre. Je ne sais personne qui ait plongé plus avant dans les ténèbres de l’inconnaissable, et il y a à chaque instant des
phrases qui contiennent des mondes »… Il prie Gille d’en parler dans sa
Revue des livres
, « rien que pour me faire savoir que je ne me
suis pas trompé sur le compte de cet inconnu »…
Correspondance
, t. II, p. 556 (n° 1001).
237.
Adrienne MONNIER
(1892-1955) éditrice et libraire. L.A.S., 27 août 1930, à Gabrielle Jules
R
omains
; 2 pages in-4 à
en-tête et vignette de sa librairie
La Maison des Amis des Livres.
150/200
R
écit
de
ses
dernières
vacances
avec
S
ylvia
B
each
.
Elle détaille son parcours depuis Les Estables, à travers l’Ardèche, par une route
magnifique avant de séjourner une semaine à l’Aigoual. « Deux jours après notre arrivée Lucie Chausson est arrivée avec sa petite fille »…
Au retour, elle est passée par les Gorges du Tarn, puis s’est rendue directement à Clermont-Ferrand avant de rentrer pour Paris. « En
somme, nous avons été enchantées de nos vacances qui ont, d’ailleurs, si bien commencé à Grandcour [chez Jules Romains]. Nous
n’avons pas cessé de penser à vous deux »… Elle lui fait envoyer
L’Histoire de ma vie
de George
S
and
et
M
ilarepa
…
238.
Charles de Secondat, baron de La Brède et de MONTESQUIEU
(1689-1755). L.S., La Brède 7 juin 1749, à son
cousin Gratien de
S
econdat
, « capitaine de cavallerie dans le Régiment de Fumel à Guise » ; 2 pages et demie in-4,
adresse (papier un peu froissé, fente
au pli médian, petites fentes et cachet
découpé au dernier feuillet sans perte
de texte).
2 000/2 500
Sur la mort de M. de
R
ochefort
:
« cela
ma fait une vraye peine. Il vous a nommé
tuteur, je crois mon cher cousin que vous
pouvez tres bien sans quitter le service
accepter cette tutelle d’autant qu’elle vous
est defferée de la maniere du monde la
moins onereuse, et qui prouve le plus
l’estime et la confiance que votre pauvre
frere avoit pour vous. Mon cher cousin les
biens de vos neveux sont tres aisés à regir
ils se peuvent tous affermer vous pouvez
charger les fermiers des reparations et il
vous sera tres facile de trouver des fermiers
tres solvables en donnant les fermes à un
prix raisonnable. Un honeste homme ne
court jamais de risque à prendre une tutelle.
Vous pourez mettre les enfans en pension
[…] Le tems va même venir que vous pourez
appeller votre neveu aupres de vous, et il
aura aupres de vous une éducation que
personne n’est plus capable de luy donner,
et vous scavez qu’à Agen cette education
ne seroit pas bien bonne »… Il lui suggère
de demander un congé pour venir régler
ces affaires. « Quelle satisfaction serace
pour vous qui aimez votre famille […]. Les
honettes gens dans ce monde ne vivent
pas pour eux seuls, c’est le lot des ames
communes de ne songer qu’a soy »…
Œuvres complètes
(Nagel 1955), t. III,
n° 494.