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Littérature
écrit de bien avant vous, […] on n’enverrait seulement pas une lettre à un ami. Foin des réminiscences ! Ma mauvaise mémoire d’ailleurs
me préserve de tout déboire de ce côté-là. […] En outre, un voyage autour d’une chambre, c’est bien long… il faut, pour entreprendre
cette sorte de périple, une audace qui me manque. Une chambre, pensez donc ! Mais c’est un monde. Il y a la cheminée, il y a les
meubles, il y a le divan. Rien qu’à écouter les mémoires de la pendule, on en aurait pour deux mois. Une pendule, c’est toujours aussi
vieux qu’un corbeau et c’est peut-être encore plus bavard. […] Et quant aux livres, ces vieux omniscients, ces oracles terribles, il faut
pour les absorber une témérité qui me manque. Je me contenterai donc d’entreprendre un voyage autour de ma table. Et encore, je ne sais
pas si je pourrai jamais le finir. Enfin, nous procèderons par petites étapes, et nous nous reposerons quand ça nous chantera. Je connais,
à l’ombre du pèse-lettres et sur les bords de l’encrier de délicieuses retraites où il fera bon philosopher, à l’abri de tout importun »… Le
manuscrit comprend les dix « Promenades » suivantes : I
Le Philosophe sur son glacier
; II
Le Roi et l’Encrier
; III
La Vache, le Cierge et
la Lampe
; IV
Les Jardins, le Merle et les Nuages
; V
Dans la Rue
; VI
La Descente aux Enfers
; VII
Fournitures
; VIII
À travers un vieux
Dictionnaire
; IX
La Retraite illusoire
; X
Visions Souvenirs Chimères
.
235.
Francis de MIOMANDRE
.
M
anuscrit
autographe signé,
Le Livre à lire.
Monsieur Jean ou L’amour absolu
par G
Ribemont-Dessaignes
, [1934] ; 7 pages in-8.
250/300
C
ritique
du
roman
de
G
eorges
R
ibemont
-D
essaignes
.
«
Monsieur Jean
vous l’avez deviné, c’est don Juan, le fameux don Juan de la
légende, et dont notre incorrigible romantisme a fait cette figure célèbre et en quelque sorte sacrée, symbole du désir inassouvi, et de
la séduction irrésistible. […] Il y a en Espagne, des milliers de braves bourgeois qui s’appellent don Juan […] Il était donc tentant, pour
un écrivain français, de remettre, comme je l’ai dit, les choses au point, et de ramener le personnage à ses proportions véritables […], en
en faisant un homme de la rue, le plus simple, le plus neutre possible. Le premier venu. […] Un petit bourgeois de rien du tout […] Le
premier venu, sauf cette faculté terrible qu’il possède de séduire les femmes presque malgré lui mais dont il ne tire aucune vanité, parce
que la facilité de ses triomphes le dégoûte […]. M. Ribemont-Dessaignes met une sorte d’acharnement, semble-t-il, à nous présenter
ces pauvres créatures sous leur aspect le moins séduisant. […] Et tout le roman se passe dans une atmosphère de misère décente et de
mauvaise humeur […] Il y a une chose formidable : il y a la présence, constante, accablante, insoutenable du désespoir. […] Il cherche à
combler un vide qu’il sent en lui, mais sans rien connaître de la nature de ce vide. Il cherche
l’amour absolu
. […] Plus le personnage est
médiocre, plus sera en effet poignant le drame qui se joue en lui, car il intéressera en quelque sorte l’espèce humaine entière »…
O
n
joint
une L.A.S. relative à l’édition des œuvres de Jules
L
aforgue
par Camille
M
auclair
(1902).