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56

229.

Prosper MÉRIMÉE

(1803-1870). L.A.S., [Bath] 21 juillet [1845, à l’historien Auguste

M

ignet

] ; 3 pages in-8. 300/400

S

ur

A

ntonio

P

erez

et

P

hilippe

II

.

La lecture de son livre lui a fait passer une nuit blanche regrettant « de ne pouvoir faire brûler à

petit feu S. M. Philippe II. J’espère que la goutte l’aura bien fait souffrir. Quoique cet A. Perez fût une canaille, vous l’avez rendu si

intéressant qu’on oublie tous ses méfaits pour ne penser qu’à ses malheurs. Ce mélange d’astuce profonde, de libertinage, de bassesse,

d’héroïsme est admirablement peint. C’est un des meilleurs morceaux que j’aie lus depuis longtemps ». Il lui semble que Mignet a fait

une erreur d’interprétation depuis l’espagnol à propos de la princesse

E

boli

, qui était « borgne », pas seulement « louche, ayant le regard

à la Montmorency »… « Je crois que Perez se faisait très bien payer, et qu’elle avait des qualités estimables qui rachetaient bien la perte de

son œil. À la fin du XVI

e

siècle les hommes ne couchaient avec les grandes dames que pour de l’argent. Voyez comme Brantôme arrange

une belle et honnête femme de son temps, si avare, qu’elle ne donnait à ses amants que des écharpes brodées, des dentelles, etc. »…

230.

Prosper MÉRIMÉE

. L.A.S., Paris 26 mai 1854, à un ami [le baron Georges-Napoléon

B

aude

, attaché d’ambassade à

Rome ?] ; 4 pages in-8 à en-tête du

Sénat

(lég. rouss.).

700/800

S

ur

la vente des collections d

art du marquis

C

ampana

,

convoitées

par

la

R

ussie

.

Ayant rendu visite au marquis

C

ampana

, Mérimée

confirme qu’il semble désireux de vendre sa collection : « Je me suis apitoyé sur le sort des statuettes étrusques qui iraient se faire geler

près du pôle. Il semble avoir peu de goût pour ce voyage, mais il m’a avoué très franchement que la Marquise trouvait à dire qu’il gardât

tant d’argent chez lui qui ne lui rapportait rien, et avec lequel on pouvait avoir tant de chevaux, de robes, de diamants, etc. Autant

que j’ai pu en juger les propositions du prince

W

olkonski

[attaché à l’ambassade de Russie à Rome] ne sont encore que très vagues.

Le marquis C. partait pour Londres et là il pourra en rencontrer de plus sérieuses. Je crois beaucoup plus à l’argent des Anglais qu’à

celui des Russes, et

N

icolas

a maintenant tant de chats à peigner qu’il me parait invraisemblable qu’il achète d’autres bronzes que des

canons ». Il a dit à

F

ould

l’importance de cette collection, mais ce dernier n’a pas un sou, étant « entouré d’artistes mourant de faim

et demandant des commandes ; qu’il n’y avait pas apparence de les envoyer tous promener pour acheter des antiquités »… Mérimée

a suggéré de « demander un crédit extraordinaire au corps législatif appuyé d’un rapport et d’un catalogue », ou de s’arranger avec le

Marquis pour des paiements successifs, ou enfin « que l’Empereur achetât de sa bourse la collection, quitte plus tard à en faire la cession

à l’État. M. Fould m’a dit que l’Empereur ne pouvait faire une dépense si considérable en ayant déjà tant à sa charge »... Mais Napoléon

III semble tenté, et a fait demander par Fould des renseignements plus précis sur la somme demandée par le marquis, les descriptions

détaillées des objets et leur valeur estimée. « Donnez-moi aussi des nouvelles du prince Wolkonski et faites-le assassiner […] s’il

persistait dans ses projets d’enlèvement. Le meilleur sans doute serait qu’il achetât et payât, et qu’il envoyât la grenouille

par mer

. Nous

aurions soin de surveiller le départ »… Il termine en évoquant ses envies de voyage et songe à passer un hiver à Rome chez son ami. « Le

monde de Paris est devenu un peu plus embêtant qu’il ne l’était avant votre départ »…

Correspondance générale

, t. VII, p. 298.

231. [

Gaston MÉRY

(1866-1909) romancier et journaliste]. 35 lettres ou pièces, la plupart L.A.S., 1898-1911 ; collées ou

montées dans un album oblong petit in-4 moleskine verte.

350/400

Alphonse Allais, Jean Baffier (longue lettre du sculpteur), Théodore Botrel, Maurice Barrès, Maurice Chabas (2), François Coppée (3,

dont un poème), Léon Daudet, Henry E. Delacroix (sur son tableau

Douce harmonie

), Paul Déroulède (5), Édouard Drumont (7, plus

une plaquette impr.), Gyp, Georges V. Hugo, Jules Lemaître, Charles Maurras, Gaston Méry (poème, plus une

Conférence Nationaliste

impr.), Jean Nouguès, Eugène Turpin, Miguel Zamacoïs, etc. Plus quelques cartons d’invitation et coupures de presse.

232.

Henri MICHAUX

(1899-1984). L.A.S., [vers 1945 ?, à Michel

C

ournot

] ; 1 page in-8.

300/400

C

urieuse

lettre

. « Le feu a parcouru rapidement le manuscrit que M

r

M.C. n’a pas accepté de regarder. Il a eu vite fini. On ne peut

pas dire qu’il s’y soit fort attardé. Une bonne leçon – mais après huit mois… ce n’est pas de la manœuvre accélérée. Allez aux Hindous

sans moi. La deuxième fois, je verrais trop la danse, et plus encore la cuisine. Mais allez-y. Qui va à Yerma, perd le droit d’engueuler les

autres »… Il ajoute : « Jusqu’ici pas plus de Peyotl que de beurre au cul comme diraient mes matelots ».

233.

Jules MICHELET

(1798-1874). L.A.S., [1854, à l’historien Auguste

M

ignet

] ; 3 pages in-8.

150/200

Ayant appris que Mignet va faire un éloge du baron de

G

erando

, Michelet lui suggère, « si vous parlez de la famille », de « dire peut-

être un mot d’un héroïque jeune homme qui fera peut-être un jour la plus grande illustration de son oncle : Degerando-Téléki, marié à

la fille d’un palatin de Hongrie et mort de fatigue dans la campagne de 1849. Si dans votre discours imprimé, vous lui donnez un mot,

une note, la veuve […] vous offrira de bien curieux renseignements. La sœur de Madame la Comtesse Degerando-Téléki est prisonnière

dans une forteresse d’Autriche – dix ans, au pain et à l’eau. Cette dame qui a un vrai génie pour la sculpture a fait sa statuette, chose

sublime ». Il lui en envoie une gravure : « On pourrait écrire au-dessous :

La Hongrie captive

. Nous n’osons même montrer cette gravure,

ni en parler, de peur d’aggraver son sort »…

O

n

joint

deux autres L.A.S. à Émile

S

ouvestre

(1852) et à une demoiselle (1859).

234.

Francis de MIOMANDRE

(1880-1959).

M

anuscrit

autographe signé,

Voyage autour de ma table

, 1914 ; titre et

77 pages in-8 en cahiers.

500/700

Manuscrit complet du

Voyage autour de ma table

, en dix « 

promenades

 », qui ouvre les

Voyages d’un sédentaire

.

Fantaisies

(Paris, Émile-

Paul Frères, 1918). Le manuscrit, avec ratures et corrections, est signé et daté en fin « Auteuil

XVIII.IV.XV 

». Une introduction expose à

une « chère amie » qu’il n’est pas gêné par le

Voyage autour de ma chambre

de Xavier de Maistre : « S’il fallait penser à tout ce qui a été