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151.

Adèle HUGO

(1803-1868) femme de Victor Hugo. L.A.S., 27 octobre [1833], à M. Durand à l’Hôtel Corneille ; 1 page

in-8, adresse.

150/200

A

vant

la

création

de

M

arie

T

udor

à

la

P

orte

S

aint

-M

artin

(6 novembre)

.

« Victor […] aurait bien désiré faire ce qui vous est

agréable. Mais dans l’encombrement où se trouve le théâtre, il ne peut disposer que d’une loge de troisième assez mauvaise ; ou d’une

stalle pour vous. Ayez la bonté de répondre de suite ce que vous choisissez car nous sommes si pauvres de places qu’il nous faut disposer

de ce que vous abandonnerez »…

152.

Victor, dit François-Victor HUGO

(1828-1873) fils cadet de Victor Hugo, journaliste et traducteur de Shakespeare.

2 L.A.S. ; 7 pages in-8 (un bord effrangé).

200/250

Dimanche 8 décembre [1861]

, à Paul

C

henay

, au sujet de la gravure de deux grands dessins de son père : « L’affaire est en bonne

voie, si elle n’est pas conclue. Mon père s’est décidé à laisser graver au moins le

Saint Paul 

; mais avant de vous faire connaître son

consentement, il veut voir l’effet que produira dans le public l’apparition de l’album.

Les Misérables

auront été totalement publiés à la

fin d’avril. […] Si, comme je n’en doute pas, il obtient un succès, la gravure du

Saint-Paul

vous sera immédiatement concédée »… Il a pu

entretenir

L

acroix

, l’éditeur des

Misérables

, « d’une idée que j’ai en tête et dans la réalisation de laquelle vous entrerez pour une grande

part. L’idée a paru lui sourire, mais l’exécution en est nécessairement ajournée par l’apparition des

Misérables

 »…

Hauteville House Samedi

, à Sarah

B

ouclier

(Mme Albert de La Fizelière]. « Voulez-vous me permettre de vous embrasser, comme au

temps, au temps heureux où vous veniez voir jouer Guignol à la place royale ? »… Il a appris qu’elle traduisait l’anglais à merveille :

« J’aurais voulu avoir un échantillon de votre manière […]. Mon procédé, à moi, est le procédé littéral. Mais ce système n’est guère

nécessaire que pour les œuvres capitales comme celles de

S

hakespeare

, de Dante ou de Milton. Je ne sais s’il ne serait pas un inconvénient

pour des romans ordinaires qui ont besoin de se lire facilement. […] Je suis en ce moment tout occupé de la correction des épreuves de

l’

Hamlet

que Pagnerre compte publier à la fin du mois. Vous pourrez donc bientôt juger de la valeur de mon procédé, en comparant ma

faible prose à la merveilleuse poésie du grand Will. Oh ! Que de fois il a fait mon désespoir ! Que son génie, que sa forme sont difficiles

à saisir ! Mais enfin, je ne me rebute pas. Ce n’est pas trop de mille journées de travail pour faire connaître à la France cet immense

esprit, encore si mystérieux »…

O

n

joint

un brouillon autographe sur l’élection de La Bruyère à l’Académie Française (2 p. in-fol.) ; plus 2 l.a.s. de son frère Charles

H

ugo

 ;

et une l.a.s. de Georges Victor Hugo (1915).

153. [

Victor HUGO

].

Juliette DROUET

(1806-1883) actrice, maîtresse de Victor Hugo. L.A.S., 22 décembre [1850], à Victor

H

ugo

 ; 4 pages in-8 sur papier bleu.

400/500

« Il faut que tu aies vraiment une patience d’ange, mon adoré bien aimé, pour écouter tous mes stupides jabotages. Il est vrai que tu

as la faculté

de t’isoler

de cette monotone cancanerie en fermant les yeux et en fourrant mes griffouillis dans le feu. La flamme qui en

sortira sera la traduction symbolique de celle qui me brûle le cœur sans pouvoir réchauffer le tien. Pauvre adoré, voilà bien longtemps

que je ne t’ai vu. Ces quelques minutes que je passe seule avec toi sont devenues pour moi des siècles de bonheur et lorsqu’elles me

manquent tout me manque. Je me reproche de contracter des obligations qui m’imposent dans un temps donné le devoir de sacrifier

mon bonheur à des convenances. […] Et quoique cela arrive rarement, je n’en suis pas moins très vexée le jour où je perds une de ces

précieuses minutes que je passe à te soigner, à te grogner, à te baiser et à t’adorer. Hier j’étais furieuse au-dedans de moi en songeant

que ta pauvre gorge se passerait de fumigation. Tu me diras tantôt comment tu vas, mon pauvre petit homme, d’ici là n’aie pas froid,

soigne-toi bien, pense à moi et aime moi »…

154.

Joris-Karl HUYSMANS

(1848-1907). L.A.S., [14 mai 1878], à Léon

C

ladel

à Sèvres ; 3 pages et demie in-12, enveloppe.

400/500

« Je sors de chez

L

econte de

L

isle

, il a reçu votre livre couleur de sang » [

L’Homme de la Croix-aux-Bœufs

]… « Ah ! les coteaux de Sèvres !

Pardieu ! Ce n’est point l’envie de les gravir qui me manque c’est l’invasion hollando-Belge venue pour l’exposition qui me tient et

m’empêche. Je cours à la recherche de chambres d’hôtel pour ces barbares aux toisons jaunes et, le soir, quand j’ai une minute de libre,

je les fais déambuler au travers de la capitale. Ils ouvrent des yeux comme des assiettes et jargonnent des exclamations admiratives.

Tout ça, ça peut être drôle, mais ça m’obsède singulièrement. J’espère que ça va enfin cesser et que je vais reconquérir un peu de cette

pauvre liberté dont je suis si maigrement loti, même en temps ordinaire. Ce sera le cas alors de faire mon assomption sur les boiseries

où vous habitez »…

155.

Joris-Karl HUYSMANS

. L.A.S., Paris 30 juin 1888, [au poète Jacques

L

e

L

orrain

] ; 2 pages petit in-8.

400/500

B

elle

lettre de

félicitations

pour

son

livre

L

e

N

u

.

« C’est une excellente constatation de l’inutilité de la grande Salope ; il est difficile

d’exprimer avec Jean un plus parfait dégoût de la Vie que ce siècle de haute Mufflerie nous a faite. En un Kaleïdoscope, peut-être long

en ses mutations, vous avez surtout noté les détresses masculines en face des catégories tranchées que vous avez voulues des femmes.

Nombre de pages sont véritablement curieuses. Lorgeval sur le gazon, fermant les yeux, écoutant les voix – c’est neuf et absolument

juste. La scène du baisage d’aisselles de Juliette. Ce travail si bien expliqué de la jalousie de l’homme pour l’enfant, sont des coins

particuliers, originaux de ce livre »… Il le félicite d’avoir su rehausser la langue dans les « passages de simple explication », sachant à quel

point cela est mal aisé. « Par les temps qui courent de gens bâclant des livres, dans une langue simple – vous savez comme moi ce que ces

indigences signifient – c’est plaisir que de voir des phrases élucidées, piochées, l’expression sortie du forceps ; ce souci est trop épuisé

de tous et méprisé, pour que je ne vous félicite pas de vos soins »…