35
Littérature
127.
Jean GIONO
(1895-1970).
M
anuscrit
autographe signé,
J.P. Grenier
, septembre 1959 ; 1 page et quart in-4 (avec
quelques ratures et corrections).
400/500
Sur l’acteur et metteur en scène Jean-Pierre
G
renier
(1914-2000) [après avoir joué
Jofroi
en 1943, il mit en scène la pièce de Giono
La Calèche
en 1965 au Théâtre Sarah Bernhardt]. « J’ai connu J.P. Grenier il y a vingt cinq ans, dans des circonstances peu banales. Il
arriva chez moi avec un ami, un sac de montagne et un piolet. Il a oublié le piolet. Je l’ai toujours, il me sert à biner mes rosiers »...
Giono évoque leurs entretiens dans la « solitude totale » du Contadour. « La conversation est un art de mise en scène. L’histoire qu’on
raconte, le problème qu’on expose, le débat qu’on affronte, la question qu’on pose, la réponse qu’on y fait, toute l’action verbale de deux
hommes seuls sur la terre nue, sous le ciel nu dans la lumière (et le très léger parfum de lavande) est du théâtre et se réclame de la mise
en scène. [...] Je ne m’efforçais plus d’installer en lui mon théâtre, je le laissais faire en lui-même la mise en scène de mon discours »...
128.
Jean GIONO
. L.A.S., Taninges 28 août, à un ami ; 1 page in-4.
200/250
«
Colline
et
Un de Baumugnes
ont été traduits en
américain
et très mal. Pour les autres,
Regain
,
Le Grand Troupeau, Naissance de
l’Odyssée
, je n’ai pas voulu marcher. Je serai ravi d’être traduit par votre entremise mais je suis absolument lié à mes éditeurs : Grasset
et NRF pour les traductions. C’est à eux qu’il faut s’adresser pour traiter »…
129.
Jean GIRAUDOUX
(1882-1944). L.A.S., « Tabriz, veille de S
t
Jean notre patron » [22 juin 1935, à l’ambassadeur Jean
P
ozzi
] ; 2 pages in-4.
500/600
Il ne veut pas quitter l’Iran sans le remercier de son accueil. « Je ne dirai pas à Paris que Téhéran est le plus agréable des postes. Mais il
l’est en tout cas pour vos amis et pour vos hôtes. [...] Le voyage à Tabriz s’est effectué dans les règles. Nous avions vu les gazelles sur la
route d’Ispahan. Nous avons vu les loups presque aux portes de Kazwin, dont un grand méchant loup absolument semblable à celui de
la chanson. Job le visait déjà, avec son revolver automatique, mais je l’ai retenu. Qu’aurions-nous fait de sa peau ? Mais je vais le laisser
tirer sur l’ours que nous ne pouvons manquer de rencontrer »... Giraudoux raconte son séjour à Tabriz, « grande ville plate entourée de
belles collines ceintes elles-mêmes de montagnes », avec visites des missions et de la mosquée bleue...
130.
Arthur de GOBINEAU
(1816-1882). L.A.S., Athènes 12 janvier 1865 ; 3 pages in-8.
400/500
S
ur
la
situation
en
G
rèce
. Il remercie son correspondant de ses lettres : « Je vous prie de vouloir bien me les continuer car la situation
particulière des Iles Ioniennes est un des éléments principaux des difficultés présentes. Ce qui me porterait à croire que le soupçon fort
répandu ici d’une action un peu perturbatrice de l’Angleterre ne manque pas de réalité, c’est que les employés renvoyés s’adressent au
ministre britannique et qu’il prend chaudement leur cause. Je n’entends pas dire qu’il ait tort, mais le plus, le trop mêlé à la juste mesure
et un peu de faux mêlé à du vrai, sont ce qui compose les situations équivoques ». On envoie Dimitri
M
aurocordato
comme « monarque
de Corfou. Il passe pour fort intègre, bon administrateur en tant qu’homme de bureau, peu propre aux circonstances compliquées »…
131.
Edmond de GONCOURT
(1822-1896). L.A.S.,
Château de Jeand’heurs (Meuse)
16 août 1882, au peintre Giuseppe
D
e
N
ittis
; 2 pages et demie in-8 à adresse gravée, enveloppe.
400/500
J
olie
lettre
,
fort
spirituelle
: « au fond la lettre, c’est un messager si maladroit, si grossier de ce qui se passe d’amical et de délicatement
aimant au fond de nous à l’égard des autres que ça me dégoute. Le moyen d’exprimer, s’il vous plait, ces riens charmants quand on se
les dit, et qui deviennent idiots quand on les écrit. Pour les gens comme nous, il faudrait inventer dans des prix accessibles un petit
téléphone dans le tube duquel on se dirait une ou deux bêtises tendres tous les jours, des choses gentiment gazouillées et qui n’ont pas
la rigidité de l’écriture ». Il décrit avec amusement les curieux personnages qui habitent avec lui le château. Il en devient « mélancolieux,
il me semble que
je n’ai plus de génie
du tout, mais du tout, et que même mon métier ne m’intéresse plus, et ça me parait pas drôle de
vivre dans ces conditions et de passer à l’état d’un simple vieux monsieur »...
132.
Remy de GOURMONT
(1858-1915).
T
rois
manuscrits
autographes signés, [
D’un pays lointain
,
vers 1892-1894] ;
36 pages petit in-4 (découpées pour impression et en partie remontées).
400/500
T
rois
contes
du recueil
D’un pays lointain
(Mercure de France, 1898), publiés dans
Le Journal
de 1892 à 1894.
Les manuscrits, à
l’encre violette, présentent des ratures et corrections, et ont servi à l’impression.
L’Accident royal
(5 pages, Livre I
Miracles
,
vii
) : « Le jeune roi et la jeune reine firent leur entrée par la porte royale »…
L’Étable
(9 pages,
Livre I,
ix
) : « Quand le jeune prince Astère eut vingt ans, il résolut de se marier et fit part de ce royal désir, c’est-à-dire de cette volonté,
à ses ministres »…
Aventure d’une vierge
(7 pages, Livre II
Visages de femmes
,
x
) : « La confession – et non pas la confidence – que je vais
te faire, mon amie, est de celles qui doivent être complètes, sans réticences, absolues »…
O
n
joint
une réponse a.s. à une enquête sur les courtisanes (1 page et demie in-8) ; un billet a.s. au sujet du
Latin mystique
; et le ms
autographe par
R
achilde
de sa critique des
Chevaux de Diomède
de Remy de Gourmont (2 p. in-12), « le meilleur, le premier de nos
écrivains sensualistes ».
133.
Julien GREEN
(1900-1998). 2 L.A.S., septembre 1930, à André
B
erge
; 1 page in-4 et 1 page oblong in-12 à son adresse,
enveloppe.
100/150
9 septembre 1930.
Il n’a malheureusement rien d’inédit à proposer pour le moment (pour
Les Cahiers du mois
). « Le livre que j’écris en
ce moment n’est pas encore assez long pour que je puisse en détacher un morceau, et je n’écris plus de contes »…
[22 septembre].
« Peut-
être pourrait-on prendre dans
Léviathan
le récit de la nuit dans le chantier à charbon, ou, si le passage est trop long, une partie de ce
récit. La question des droits ne me concerne pas directement et c’est à la maison Plon qu’il faut s’adresser »…