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31

Littérature

111.

Gustave FLAUBERT

. L.A.S., [Paris] mercredi [9 mai 1877], à Léon

C

ladel

à Sèvres ; 2 pages in-8, enveloppe (quelques

petites taches d’eau, fentes aux plis réparées, petites marques de ruban adhésif).

1 000/1 200

L

ecture

avant

publication

de

C

elui

de

la

C

roix

-

aux

-B

œufs

de

C

ladel

(le 30 avril, Flaubert avait accepté de lire le manuscrit ; le livre

paraîtra chez Charpentier).

« J’ai commencé votre bouquin hier à 11 heures il était lu ce matin à 9 ! Et d’abord il faut que Dentu soit fou, pour avoir peur de le

publier. Rien n’y est répréhensible soit comme politique, soit comme morale. Ce qu’il vous a dit est un prétexte ? Quant à Charpentier

(auquel je remettrai vos feuilles vendredi – jour où je dîne chez lui) je vais lui chauffer le coco violemment, & en toute conscience, sans

exagération & sans menterie. Car je trouve votre livre,

un

vrai livre.

C’est très bien fait, très soigné, très mâle. & je m’y connais mon

bon. J’ai deux ou trois petites critiques à vous faire (des niaiseries) – ou plutôt des avis à vous soumettre. Ainsi le mot “pécaïre” me

paraît trop souvent répété. Q[uelque]fois, il y a des prétentions à l’archaïsme et la naïveté. C’est l’excès du bien. – Mais encore une fois,

soyez content & dormez sur vos deux oreilles – ou plutôt ne dormez pas – et faites souvent des œuvres pareilles. La fin est simplement

sublime ! – & du plus grand effet »…

Correspondance

(Pléiade), t. V, p. 231.

112.

Jean FOLLAIN

(1903-1971).

P

oème

autographe,

Les trois frères

, [vers 1925]

; 1 page in-4 (papier légèrement insolé sur

les bords).

200/250

Poème en prose dédié à

M

ax

J

acob

, recueilli dans

La Main chaude

(Corréa, 1933). « L’on ferme la fenêtre donnant sur les liserons / et

l’on retire ses panoplies à l’enfant malade / son cœur va mûrir / dans ses entrailles il entend la rumeur que fait / la digestion des viandes

blanches »...

113.

Louis de FONTANES

(1757-1821) écrivain et homme politique, Grand Maître de l’Université, ami de Chateaubriand.

L.A.S. « F. » (« copie » ou minute), [1802-1803 ?], au Citoyen Premier consul [

N

apoléon

B

onaparte

] ; 1 page et quart in-4

avec quelques ratures et corrections.

200/250

R

ecommandation

de

son

ami

B

onald

,

pour

un

projet

de

livre

.

« Vos pensées ne pouvaient avoir un plus digne commentateur que

M. de Bonald. Le sujet que vous lui proposez est d’accord avec toutes les méditations de sa vie. Il n’a jamais partagé l’enthousiasme

des publicistes modernes pour les institutions anglaises et la politique mercantile lui est odieuse. Mais un pareil ouvrage ne peut se

faire qu’à Paris. Il faut prendre des renseignemens aux Bureaux de la marine, citer des faits, et peindre les vexations les plus recentes

de l’Angleterre et dans les Indes et dans l’Europe. La mauvaise fortune a forcé M. Bonald de retourner dans le Rouergue sa patrie. La

révolution lui enlève tout son patrimoine et ne lui laisse qu’une nombreuse famille, des vertus, des talens et de la pauvreté. Son genre

de mérite qui est celui d’une tête forte et pensante ne peut être apprécié que par un petit nombre de lecteurs. Le temps, si vous n’existiez

pas, pouvait seul le mettre à sa place. Mais le suffrage d’un grand homme peut hâter pour M. Bonald la justice des contemporains.

Daignez l’appeller à Paris. Une gratification médiocre lui suffira. C’est un homme délicat et laborieux qui meritera vos encouragemens.

Je reponds de lui. Au reste j’ai déjà écrit dans le Rouergue, et M. Bonald va executer vos ordres. Vous m’avez fait l’honneur de

m’interroger quelquefois sur la cause de la décadence des lettres. […] il ne suffit pas que le chef de l’etat les aime et les honore. Il est

placé trop haut pour tout voir. Il faut encore que les administrateurs subalternes aient de l’esprit et du goût et devinent le merite qui

se cache. Mon ambition serait d’entourer votre puissance de tout ce qui nous reste encore d’hommes distingués. Le talent aujourd’huy

ne peut avoir de plus noble occupation que celle de servir vos desseins et votre renommée »…

O

n

joint

une l.a.s. de Théodore de

L

a

R

ive

offrant cet autographe à un collectionneur (Genève 24 avril 1875).

114.

Michel FOUCAULT

(1926-1984) philosophe. L.A.S., 31 décembre [1968], à Marc

S

oriano

 ; 2 pages in-4.

200/250

Il a lu son essai sur

Les Contes

de Perrault, culture savante et traditions populaires

 : « j’ai été si captivé, si passionné, que pendant trois

jours, je n’ai guère fait autre chose que de suivre mot à mot votre merveilleuse intrigue. Plaisir immense à voir, subrepticement se tendre

tous ces faits – biographiques, anecdotiques, ethnologiques, psychanalytiques – vers ce que vous seul avez su découvrir. Voyez-vous, ce

qui me rend triste souvent dans ce que je lis – et dans ce que je fais – c’est que rien ne s’y montre et rien ne s’y démontre. Avec vous,

en revanche, j’ai été heureux »…

115.

Anatole FRANCE

(1844-1924). L.A.S.,

La Béchellerie

29 juin [1915], à un ami ; 2 pages et quart petit in-4 à son adresse

(fente au pli réparée).

200/250

Il est heureux de savoir son ami sain et sauf… « Moi aussi, mon cher ami, je me divertis (entendez le mot dans son vrai sens) avec

des reliques du passé et de vieux récits ». Il séjourne en Touraine dans une vieille maison « et je me promène avec la douce Emma dans

mon jardin qui me charme et m’attriste par l’idée qu’il me donne de la brièveté de la vie et de la rapidité de ses métamorphoses : fleurs,

insectes se hâtent de mourir, et l’on ne sait pourquoi : puisque d’autres plantes, d’autres bêtes leur succèdent aussi éphémères et aussi

misérables. J’assiste à l’attaque de ma maison par les fourmis, qui creusent des tranchées comme les Allemands, et sont comme eux

innombrables. Je ne vous dirai rien de la guerre d’abord parce que j’en sais trop peu, ensuite parce que j’en sais trop, et pour plusieurs

raisons encore. Don Quichotte et Sancho, les yeux bouchés, enfourchèrent un cheval de bois, dans le jardin du Comte. Les duègnes

barbues leur criaient : courage, vous êtes en plein ciel et la terre, sous vos pieds, est grosse comme une noisette. Vous connaissez la fin

de l’aventure »…