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Splendeur de la lune
: « À cette clef qui me débarrasse, ouvre à mon aveuglement la porte de laine, à ce départ incoercible, à
cette mystérieuse aménité qui m’anime, à cette réunion, fœtal, avec mon cœur, à l’explosion muette de ces réponses inexplicables, je
comprends que je dors, et je m’éveille »…
Rêves
: « La nuit, quand tu vas entendre de la musique, prends soin de commander la lanterne pour le retour ; n’aie garde, chaussé de
blanc, de perdre de vue chacun de tes deux souliers : de peur qu’ayant une fois confié ta semelle à un invisible marchepied, par l’air,
par la brume, une route insolite ne te ménage un irrémédiable égarement ; et que l’aube ne te trouve empêtré dans la hune d’un mât de
tribunal ou, à la corne d’un temple agriffé comme une chauve-souris à la tête d’une chimère »…
O
n
joint
une L.A.S., 4 juin 1925, au critique Frédéric
L
efèvre
(demi-page in-8, enveloppe) : « Je n’ai malheureusement reçu que 2 ex.
de
Connaissance de l’Est
(Crès) et j’ai déjà donné l’un d’eux à ma fille »…
57.
Paul CLAUDEL
. L.A.S., Paris mardi [30 novembre 1909], à Gustave
T
ronche
; 3 pages in-8, enveloppe.
300/400
S
ur
le
projet
d
’
édition
des
C
inq
G
randes
O
des
.
Il s’adresse à lui sur la recommandation de Gabriel
F
rizeau
, « comme susceptible de me prêter votre concours dans une affaire de
librairie […] Il s’agit d’un livre que je vais publier dans quelques mois et qui par son caractère et son prix ne peut s’adresser qu’à un public
restreint. Il est intitulé
Cinq grandes Odes
pour saluer le siècle nouveau
et j’ai voulu donner à cette œuvre à laquelle j’attache une grande
importance une forme extérieure solennelle et presque monumentale. Elle sera publiée en format in quarto sur papier d’Arches avec des
caractères et des lettrines en couleurs de Grasset spécialement fondus. Couverture en papier feutre impérial de Corée fabriqué avec la
plante appelée “houssets” […] Tirage à 200 exemplaires numérotés. Prix (au client) 25 francs. L’œuvre aura ce caractère de beauté si rare
aujourd’hui qui fait rechercher les premières éditions de
M
allarmé
»… Il va partir pour Prague (où il est nommé consul) et prie Tronche
de se rapprocher de son éditeur A.
C
hapon
, rédacteur en chef de
L’Occident
… Il se recommande de leur ami commun Jacques
R
ivière
…
58.
Paul CLAUDEL
. 7
cartes
postales autographes, dont 2 signées « P.C. » et 2 « P. » ; 1915 ou 1916 à 1925, à
È
ve
F
rancis
;
cartes illustrées, écrites au crayon violet (3) ou à l’encre (4) (qqs légères traces d’adhésif).
500/600
È
ve
F
rancis
, qui créa le rôle de Sygne de Coûfontaine dans
L’Otage
en 1914, fut une des premières et des plus fidèles interprètes de
Claudel. Elle a publié ou commenté une partie de ces cartes dans son livre
Un autre Claudel
(Grasset, 1973, que nous désignons par
EF
).
1915-1916
. [Claudel faisait une tournée de conférences en Italie avec Ève Francis. « Je n’ai que quelques cartes postales, souvenirs de
notre tournée dans le pays de Dante : les îles Borromées en couleur où Claudel a tracé au crayon violet ces mots »... (
EF
, p. 90).] — « Ce
petit paysage qui n’est pas tout à fait assez bleu fut peint par un artiste excessivement habile. — Quant à moi je préfère une femme du
Nord qui était faite pour être un garçon avec les yeux verts et jaunes d’un jeune crocodile ! ». — « Adieu, Eve ! Fini, notre rêve, et mille
personnes ensemble qui cessent de penser autre chose que ce que vous dites ! Fin de ce visage défendu et l’amère douceur de ces choses
qui sont entredites ! Halte au buffet d’Arona, le petit gant blanc qu’on agite et le commencement du silence »... — « Francis, en guise de
souvenir utilisables et récapitulatifs, Rapporte tout son succès sous la forme de deux longs flacons exclamatifs ».
[Tokyo, janvier 1923]
. La carte représente un acteur japonais. « Chère Eve, Il y a quelque chose dans les yeux de ce bonhomme qui
me rappelle les vôtres [...] le Théâtre Impérial va représenter de moi une espèce de mimodrame intitulé la Femme et son Ombre. [...] Je
pense à vous d’une manière aigue en ce moment où le soleil avec le rude vent d’hiver emporte l’esprit et le roule pêle mêle avec mille
souvenirs arrachés »...
Ikao, 17 octobre 1924
(paysage du lac d’Haruna). « Chère Eve, Est-ce que vous pensez encore à moi quelquefois [...] Que je voudrais
être avec vous en ce moment pour vous montrer toutes ces belles choses, les temples, les grands cèdres noirs, les arbres sur lesquels
l’automne a passé sa manche somptueuse ! Et en rentrant ces délicieux bains d’eau chaude naturelle, vivante, prise au sein même de la
terre. [...] Je vais avoir fini
le Soulier de Satin
!! »...
Florence 22 mai 1925
(la
Judith
d’Allori du Palais Pitti). « Juste dix ans après ! Je suis venu ici faire une conférence. Ci-contre une Judith
que j’admire beaucoup. Encore un type à qui les femmes ont fait perdre la tête ! »... [« Ces “dix ans” sont l’espace qui nous sépare de la
tournée Suisse, Italie de 1915 qui fut l’aube de notre incomparable accord » (
EF
, p. 226).]
Avila 6 juillet 1925
(statue de Ste Thérèse). « Que cette statue de ma bienheureuse mère et patronne Sainte Thérèse est belle ! [...] J’ai
passé une heure délicieuse à la regarder, à lui parler et à la prier pour ceux que j’aime »...
59.
Paul CLAUDEL
. L.A.S., Rio de Janeiro 12 septembre 1918, à Alfred
V
allette
; 1 page et quart in-8 à en-tête
Légation de
la République française au Brésil.
250/300
Il le prie de publier dans le
Mercure de France
une protestation : « Je suis avisé que les journaux autrichiens et allemands annoncent
la représentation de ma pièce
Partage de Midi
pour laquelle j’aurais donné
une autorisation spéciale
. Cette affirmation est un mensonge
infâme. Après avoir détruit ma maison natale, il est naturel d’ailleurs, je le reconnais, que les Boches détroussent mon œuvre. Le fusil
ou la plume à la main, ce sont toujours les mêmes bandits à qui nous avons affaire ».
60.
Paul CLAUDEL
. 2 L.A.S., Paris 1919 et s.d. ; 1 page in-8 à en-tête
Ministère des Affaires étrangères. Service de
Documentation pour le Congrès de la Paix
, et demi-page in-12.
120/150
3 mai 1919.
Il prie de lui retourner le plus tôt possible le fragment de sa
Sainte Geneviève
[que les
Feuillets d’art
vont publier] dont
il ne possède pas d’autre exemplaire dactylographié. « Je serais heureux de savoir également si vous pouvez utiliser mes petits moines.
Madame
P
au
demanderait un droit de cent francs »…
Mardi.
Prière de venir le voir le lendemain pour discuter de
Sainte Geneviève
.