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En 1777, le marquis écrit que la lettre de
Brousseau « a rouvert mes blessures comme
font toutes les occasions que j’ay sans cesse
de découvrir de nouvelles excroqueries de
mon scélerat de fils. Mais j’avoue que celle-
cy est d’un autre genre. Les uns se sont
laissé séduire à l’apas du gain, d’autres à la
sorte de marque de confiance que donnoit
son mariage, quoyque accompagné de toutes
les précautions qui pouvoient en préserver ;
d’autres pour vendre leurs marchandises,
par la nécessité de leurs fournitures &c.
Mais vous Monsieur Brousseau vous qui
passez pour honnête homme, vous aidez
un fils à tromper son père, vous homme
prudent vous donnez dans la premiere
demande d’un jeune homme suspect et tout
bouillant de fougue, vous commerçant vous
pretez de l’argent comptant, et je n’aurois
osé vous faire pareille demande moy connu,
pour un besoin visible et pressant. Enfin je
me croirois en droit de vous faire de vifs
reproches, d’autant que dans ma confiance
vous étiez bien les maîtres à vous deux de
m’acheter mes bois à votre gré, si d’ailleurs
j’etois dans le cas de pouvoir vous satisfaire ;
mais ce misérable a comblé la mesure de
toutes les manieres, ses revenus sont saisis
et en séquestres depuis quatre ans, et il a
partout ailleurs ravagé tout sur son passage ;
il m’en a couté à moy près de 40 000
ll
, moy
ne voulant pas me mesler dans ses affaires
et ne le pouvant, pour vuider sa maison du
plus pressé, payer sa pension alimentaire,
entretenir son enfant, faire courir après luy
pour arrêter ses crimes et enfin le retirer
des pays etrangers d’où l’on n’a voulu le
rendre qu’en payant »… Peut-être pourra-t-
on s’arranger avec les créanciers, faire radier
par la justice plus de 50 000 écus de dettes
usurières et prévoir enfin une liquidation,
mais cet avenir est éloigné. « La providence a voulu que je fusse père de gens d’une toute autre espece que la mienne. Il n’a pas tenu a
moy qu’ils ne fussent connus et réprimés ; maintenant quils m’ont ruiné, elle a voulu du moins qu’ils portassent la dépredation à tel
excès qu’il me fut impossible en aucun sens de la réparer »…
567.
Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de MIRABEAU
(1749-1791) le grand orateur des débuts de la Révolution.
M
anuscrit
avec
additions
et
corrections
autographes,
Réponse à un libelle en forme de consultation sans signature laissé
par Mad
e
de Mirabeau chez ses juges
, [1783-1784] ; cahier in-fol. de 7 pages et quart lié d’un ruban bleu (léger manque dans
le haut par un rongeur sans toucher le texte).
1 500/2 000
M
émoire
justificatif
contre
sa
femme
, sans doute postérieur à l’arrêt de séparation des époux (5 juillet 1783), et contemporain de
sa
Conversation du comte de Mirabeau avec Monsieur le Garde-des-Sceaux de France, au sujet de son procès avec Madame son épouse
,
1784, où il se plaint de la suppression, par ordre ministériel, d’un mémoire de ses avocats destiné à ses juges. Mirabeau a transformé
systématiquement ici les références au « comte de Mirabeau », en des déclarations à la première personne. Les additions autographes
sont marquées entre crochets obliques.
On distribue clandestinement un « ouvrage ténébreux » et calomnieux à son égard, indigne de réponse mais [de sa main :]« <comme
il a été laissé à la porte de tous les membres du bureau des cassations, et qu’il pourroit l’être à celle de tous les juges du conseil, voici>
quelques observations que je trace à la hâte par respect pour <mes juges> […]. On <me> reproche d’abord une infraction aux règlemens
<pour avoir fait imprimer un mémoire, qu’au reste je ne puis pas même donner à mes juges, puisque toute l’édition m’a été enlevée> ;
Mad
e
de Mirabeau
, dit-on,
ne doit pas la partager, et plutôt que de les violer
on lui prescrit
les plus grands sacrifices
, c’est le dernier
excès du vice que de se parer des apparences de la vertu […]. On <m’>accuse de malignité, de noirceur et de diffamation dans <mes>