51
MUSIQUE
Belle lettre à son ami le violoncelliste Fran-
chomme, sur sa musique et notamment la
Polonaise-Fantaisie
op. 61
.
Séjournant à Nohant près de George Sand,
Chopin confie le soin à Franchomme de
négocier la vente de ses musiques à Paris,
notamment près de l’éditeur BRANDUS, et de
veiller à l’édition de la
Polonaise-Fantaisie
.
« Très cher ami Je suis bien faché de ce que
Brandus soit absent et que Maho ne soit pas
encore en mesure de recevoir les manuscrits
qu’il m’a si souvent demandé cet hiver.
Il faut donc attendre, – cependant je te prie
d’avoir l’obligeance d’y retourner le
plutôt
que tu jugeras possible – car je ne voudrais
pas maintenant que cette affaire traine en
longueur, ayant envoyé ma copie à Londres
en même temps qu’à toi. – Ne leur dis pas
cela – s’ils sont marchands
habiles
ils peuvent
me friponner en
honnêtes
gens. – Comme
c’est toute ma fortune actuelle j’aime mieux
que cela tourne autrement. Aussi aye la bonté
de ne pas leur confier mes manuscrits sans
toucher l’argent convenu, et envoye m’en
aussitôt un billet de cinq cents fr. dans ta
lettre. Tu me garderas le restant pour mon
arrivée à Paris qui aura lieu probablement à
la fin d’Octobre. – Mille fois merci, cher ami,
pour ton bon cœur et tes offres amicales.
Gardes moi tes millions pour une autre fois
– n’est-ce pas déjà trop que de disposer
de ton temps ?
Je suis bien aise de vous savoir tous à la
campagne. Madame Franchomme en avait
bien besoin ainsi que vos chers enfants après
leur rougeole de cet hiver. J’espère vous
retrouver en bien bonne santé. – Adieu très
cher, écris moi et aime moi comme je t’aime
toujours.
Ch.
Toutes mes amitiés les plus sincères à
Madame Franchomme. – J’embrasse tes
enfants.
Madame Sand te fait dire mille compliments
et se rappelle au souvenir de Madame Fran-
chomme.
13 7
bre
46. Ch. de Nohant, près La Châtre.
Indre
.
Je répondrai à M
me
Rubio. Si M
lle
Stirling
[Jane STIRLING (1804-1859), son élève et
amie] est à S
t
Germain ne m’oublie pas auprès
d’elle, ainsi que de M
me
Erskine !
Ajoute je t’en prie
au titre
de la
Polonaise
“
dédiée à Madame A. Veyret
”. »
Korespondencja Fryderyka Chopina
(éd.
Bronisław Edward Sydow, Państwowy
Instytut Wydawniczy, Varsovie, 1955, t. II,
p. 168, n° 525) ;
Correspondance
(éd. B.E.
Sydow, S. et D. Chainaye, La Revue Musicale,
1981, t. III, p. 241, n° 622).
1128
CHOPIN FRÉDÉRIC (1810-1849).
L.A.S. « Ch », château de Nohant
près La Châtre 13 septembre
[18]46, à Auguste FRANCHOMME,
« Professeur au Conservatoire de
Musique à Paris » ; 4 pages in-8,
enveloppe avec cachets postaux et
cachet de cire rouge au verso.
40 000 / 50 000 €