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les collections aristophil
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BRAHMS JOHANNES (1833-1897).
L.A.S. « J. Br. », [Wien 25 février
1883], à Franz STOCKHAUSEN,
« Musikdirector » à Strasbourg
en Alsace ; 1 page oblong in-12,
enveloppe ; en allemand (portrait
joint).
2 000 / 2 500 €
Il a trouvé, à son retour, des lettres et un
portrait de la part du Dr C. Mayer, kleine
Metzgergasse 5, qui écrit qu’il sera en voyage
pour des mois. Brahms ne sait que faire
sinon envoyer à Stockhausen ce portrait,
destiné à la sœur de Mayer, en le priant
de le faire parvenir à l’un ou à l’autre ! Il lui
adresse son salut du fond du cœur, et à tous
ses chenapans… « Lieber Stockhausen, bei
meiner Rückkehr finde ich Briefe und inlieg-
endes Bild vor, von Herrn Dr C. Mayer, kleine
Metzgergasse 5. Er schreibt mir daß er für
Monate verreist. Ich weiß mir nicht anders
zu helfen als daß ich Ihnen das Bild schicke ;
es ist für seine Schwester bestimmt ; haben
Sie doch die Freundlichkeit es ihm oder ihr
zukommen zu lassen ! Außerdem grüße ich
Sie herzlichst und alle Ihre Panzen dazu »…
[Brahms s’était rendu en décembre à Stras-
bourg : lors d’une soirée musicale le 20
décembre 1882, il y avait accompagné au
piano la cantatrice Amalie Joachim dans
l’interprétation de deux de ses lieder. Il écrit
cette lettre au retour d’une tournée en Alle-
magne pour faire connaître son deuxième
concerto pour piano (janvier-février 1883).
Admirateur alsacien de Brahms, le pianiste
et chef d’orchestre Franz STOCKHAUSEN
(1839-1926) fut directeur du Conservatoire
de musique de Strasbourg, de 1871 à 1907,
et anima la vie musicale strasbourgeoise,
en jouant notamment beaucoup les œuvres
de Brahms. Son frère Julius Stockhausen,
interprète réputé de lieder, était un ami intime
de Brahms.]
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BRAHMS JOHANNES (1833-1897).
MANUSCRIT MUSICAL autographe,
Salamander
, [1888] ; 2 pages oblong
in-fol. (première page légèrement
brunie, avec l’encre très légèrement
passée).
25 000 / 30 000 €
Manuscrit complet du lied
Salamander
(op. 107 n° 2).
Le deuxième de ses
Fünf Lieder
op. 107,
pour voix avec accompagnement de piano.
C’est en juillet 1888, au bord du romantique
lac de Thun (Thoune) en Suisse, que Brahms
composa cette pièce, dans le village de
Hofstetten, où il passa les étés de 1886,
1887 et 1888.
Le poème, illustrant la cruelle candeur de
l’amour, avait paru en 1861 dans le recueil
Lieder und Gedichte
de l’écrivain Karl
L
EMCKE
(1831-1913), également historien de l’art et de
la littérature.
Le narrateur s’y compare amoureux à la
salamandre (mot masculin en allemand)
qu’une fillette jette dans le feu. « Es saß
ein Salamander Auf einem kühlen Stein,
da warf ein böses Mädchen Ins Feuer ihn
hinein (
bis
). Sie meint’, “er soll verbrennen”,
Ihm ward erst wohl zu Muth, wohl wie mir
kühlem Teufel Die heiße Liebe tut (
bis
) » (Une
salamandre se tenait sur une pierre froide ;
une méchante fillette la jeta au feu, croyant
qu’elle allait brûler, mais la bête s’en trouva
mieux que jamais, comme moi, diable froid,
quand me prend le brûlant amour).
Marqué
Mit Laune
(avec enjouement), en
la mineur à 4/4, ce bref lied compte « deux
couplets, l’un mineur l’autre majeur, […] pour
évoquer le cœur plein de froideur qui peut
s’embraser comme la salamandre jetée au
feu » (Brigitte François-Sappey). La partie de
piano, « un peu à la façon d’un mouvement