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BOULEZ PIERRE (1925-2016).

MANUSCRIT MUSICAL autographe,

Le Soleil des eaux

:

La Sorgue, chanson pour Yvonne

(1958) ; 1 feuillet de titre

et 31 pages in-fol. (petites déchirures aux premier et dernier

feuillets).

50 000 / 60 000 €

Partition d’orchestre avec chœurs de la seconde pièce du

Soleil

des eaux

, sur un poème de René Char, dans sa version de 1958.

En avril 1948, Boulez avait écrit une musique pour la production radio-

phonique d’une pièce de René CHAR,

Le Soleil des eaux

. Il décide

ensuite d’utiliser une petite partie de cette musique, et conçoit une

cantate qui réunira deux poèmes de René Char (recueillis dans

Les

Matinaux

, 1950) : la

Complainte du lézard amoureux

, à laquelle il

ajoute une seconde pièce,

La Sorgue

, d’une écriture plus complexe,

pour trois solistes vocaux (soprano, ténor et basse) et orchestre

de chambre. L’œuvre sera créée le 18 juillet 1950 au Théâtre des

Champs-Élysées, sous la direction de Roger Désormière, avec Irène

Joachim, Joseph Peyron et Pierre Mollet, « création historique qui

marque l’entrée de Pierre Boulez dans la vie musicale officielle »

(D. Jameux). Boulez reprendra ensuite son œuvre à deux reprises :

la version ici présentée pour les trois solistes plus un chœur à

trois voix et orchestre symphonique (1958), publiée chez Heugel en

1959 ; puis la version définitive pour soprano solo, chœur à 4 voix

et orchestre (1965).

Le manuscrit est noté minutieusement à l’encre noire sur papier à

32 lignes.

Au verso du titre, Boulez a copié cette « Mise en garde » de René

Char : « Nous avons en nous, sur notre versant tempéré, une suite

de

chansons

qui nous flanquent, ailes de communication entre notre

souffle reposé et nos fièvres les plus fortes. Pièces presque banales,

d’un coloris clément, d’un contenu arriéré, dont le tissu cependant

porte une minuscule plaie. Il est loisible à chacun de fixer une origine

et un terme à cette

rougeur

contestable ».

Il a dressé également la nomenclature des instruments de l’orchestre :

« 2 Flutes (la 2

e

également piccolo), 1 Hautbois, 1 Cor Anglais, 1 Clarinette

Si b, 1 Clarinette Basse Si b, 2 Bassons, 3 Cors en fa, 2 Trompettes

en ut, 1 Trombone, 1 Tuba. Percussion : Xylo, Vibra, Glockenspiel

à marteaux, Timbales mécaniques (4 ; dont une timbale piccolo),

Cymbale, Gong, T.T. ; 3 exécutants. 1 Harpe. Quintette à cordes (7

pup. 1

ers

Violons, 7 pup. 2

e

Violons, 6 pup. Altos, 5 pup. Vcl., 4 pup.

CBasses) ». Suit l’effectif (corrigé) du Chœur : « 12 Sopranos, 10 Ténors,

10 Basses », et le Soprano solo.

La pièce est marquée au début dans le tempo

Allant

. Pour la partie de

chœur, qui commence « bouche fermée », Boulez a noté : « Comme

un instrument :

DANS

l’orchestre ».

Du poème de René Char, écrit pour Yvonne Zervos : « Rivière trop

tôt partie, d’une traite, sans compagnon »…, Boulez a dit avoir « utilisé

cette ambigüité d’un texte dit, ou collectivement, ou individuellement.

J’ai beaucoup utilisé ce rapport de l’énonciation -collective et indivi-

duelle, fondamental dans ma conception de l’adaptation d’un texte ».

Dominique Jameux souligne, quant à lui, dans cette pièce, « le conflit

entre cette apparente simplicité de texture, et l’extrême finesse, en

fait, de l’écriture chorale, à un moindre degré orchestrale. Pièce

psalmodiante – Boulez en soulignera ce caractère –,

La Sorgue

est

un poème fait de onze versets, que le musicien suivra pas à pas en

les détachant relativement les uns des autres, adjoignant au tout un

prélude et un postlude ».

On joint l’épreuve corrigée

, tirée en vert (Heugel 1958, 44 pages in-fol.).

Bibliographie

: Dominique Jameux,

Pierre Boulez

(Fayard 1984),

p. 317-331.

Discographie

: Pierre Boulez, Phyllis Bryn-Julson, BBC Singers, BBC

Symphony Orchestra (Erato 1990).