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MUSIQUE
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WAGNER RICHARD (1813-1883).
MANUSCRIT MUSICAL autographe signé,
Ankunft bei
den schwarzen Schwänen
[WWV 95], Paris 29 juillet 1861 ;
3 pages oblong in-fol. à encadrement orné lithographié
doré, reliure demi-veau gris à coins ornée d’une frise
dorée, titre en lettres dorées sur le plat sup.
40 000 / 50 000 €
Très belle page d’album pour piano.
Wagner a raconté dans
Mein Leben
(
Ma vie
) les circonstances de
l’écriture de cette belle page. Après le fiasco de ses tentatives pour
se faire jouer à Paris, Wagner, qui avait été discrètement soutenu
par le comte Albert de POURTALÈS (1812-1861), ambassadeur de
Prusse, et sa femme Anna, née Bethmann-Hollweg (1827-1892), dans
les soucis d’argent et sans domicile, fut, à l’instigation de la comtesse
de Pourtalès, accueilli trois semaines à l’ambassade de Prusse, dans
l’hôtel de Beauharnais au n° 78 de la rue de Lille, du 11 au 30 juillet
1861 : « On m’y donna une jolie chambrette avec vue sur le jardin
et d’où l’on apercevait les Tuileries. Dans le bassin se baignaient en
solitaires deux cygnes noirs qui me plongeaient dans une douce
rêverie. […] J’y composai deux pages d’album : l’une, destinée à la
princesse Metternich […] l’autre, dédiée à la comtesse de Pourtalès,
a été perdue ». C’est le présent manuscrit, offert à la comtesse de
POURTALÈS le 29 juillet 1861, à la veille du départ de Wagner pour
rentrer en Allemagne.
Écrit avec soin à l’encre brune sur trois pages d’un bi-feuillet de
papier musique à 10 lignes de la papeterie Lard-Esnault à encadre-
ment décoratif, il s’ouvre sur une page de titre-dédicace, suivie des
deux pages de musique en regard l’une de l’autre, chacune avec cinq
systèmes de deux portées. À la fin, la signature et la date : « Richard
Wagner Paris 29 Juli 1861 ».
La page de titre est ainsi libellée :
«
Ankunft bei den schwarzen Schwänen
.
Seiner edlen Wirthin
Frau Gräfin von Pourtalès
zur Erinnerung
von
Richard Wagner »
[«
Arrivée chez les cygnes noirs
. À sa noble hôtesse Madame la
comtesse de Pourtalès, en souvenir de Richard Wagner »]
En la bémol majeur à 3/4, marquée
Langsam
, elle compte 78 mesures ;
on y relève, comme une réminiscence, le thème du motif de saluta-
tion d’Elisabeth («
Sei mir gegrüsst
») dans
Tannhäuser
, dont Wagner
venait d’essuyer le retentissant échec, dans un ton mélancolique qui
annonce l’atmosphère de
Tristan
. Cette belle page pour piano fut
publiée à Leipzig en 1897.
Discographie
: Stephan Möller, in Wagner,
Sämtliche Klavierwerke
,
vol. II (Koch Schwann 1992).