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202

les collections aristophil

1239

TCHAIKOVSKY PIOTR ILITCH (1840-1893).

L.A.S., Kamenka 3/15 juillet 1881, à Eduard Frantsevich

NÁPRAVNIK ; 4 pages petit in-8 à son chiffre, enveloppe

avec timbre ; en russe.

15 000 / 20 000 €

Très belle lettre sur son travail sur les chants religieux russes et

la composition de ses

Vêpres

.

[Eduard NÁPRAVNIK (1839-1916), d’origine tchèque, fut longtemps

le chef d’orchestre du théâtre Mariinsky à Saint-Petersbourg, ainsi

que des concerts de la Société musicale russe, et un ami proche de

Tchaikovsky, dont il créa de nombreux ouvrages.]

« J’ai reçu aujourd’hui votre lettre gentille, chaleureuse et encoura-

geante, et je vous suis indiciblement reconnaissant de votre amicale

préoccupation à mon sujet. Vous avez tout à fait raison de dire que si

mon apathie à l’égard de la composition est temporaire, cette pause

me sera bénéfique. Je continuerai donc d’espérer que mon désir

d’écrire de la musique me reviendra, et dans mon prochain opéra

[

Mazeppa

] je tâcherai de profiter de tous les points appris lors de

mes tentatives antérieures. Mais pour l’instant je me repose encore,

et ce n’est que peu à peu que je m’occupe de l’étude de nos hymnes

d’église anciens, et je m’efforce de les adapter pour chœur à quatre

voix. Le résultat de ce travail sera les

Vêpres

[op. 52], par lesquelles

j’aimerais contribuer, aussi peu que ce soit, au dépouillement de

notre musique d’église, qui a été dénaturée par les éditions banales

et sans talent de la Chapelle [impériale]. Dans ce domaine il y aurait

fort à faire par les compositeurs russes, si seulement la Chapelle et

M. Bakhmetyev [directeur de la Chapelle] n’essayaient pas de s’en

mêler de toutes les manières possibles.

Eduard Frantsevich ! Est-il vrai que Khuyster et son terrible Lukashevich

vont rester à la barre de l’administration des théâtres ? Si oui, alors

il y a de bonnes raisons de se désespérer.

Il est très probable que je me rendrai à Prague, si mon opéra [

La

Pucelle d’Orléans

] y est monté, quoique je m’inquiète d’avance à la

pensée que je devrai être sous les feux de la rampe et démontrer

ma totale inaptitude à être utile à la production.

J’espère que vous profitez de l’interruption de vos tâches habituelles,

pour composer. De tout cœur je vous souhaite du succès dans

votre travail et dans toutes vos entreprises. Que vous soyez béni,

mon cher ami »...

[

La Pucelle d’Orléans

ne sera finalement donnée à Prague que l’été

suivant, en juillet 1882, et Tchaikosvky ne ne s’y rendra pas.]

Texte original russe (et traduction anglaise) :

http://en.tchaikovsky-

re-

search.net/pages/Letter_1801