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MUSIQUE

duel, il se fixa à Vienne en 1811. Il s’acquit une grande célébrité par

son engagement militaire et littéraire : entré comme volontaire dans le

Freikorps Lützow, corps franc prussien des guerres napoléoniennes,

il mourut au combat en août 1813, laissant des poèmes amoureux

et patriotiques qui furent publiés par les soins de son père en 1815

dans un recueil intitulé

Leyer und Schwert

(Berlin, 1814) ou

La Lyre

et l’Épée

. Les deux poèmes qui ont inspiré ici Schubert avaient déjà

paru dans

Knospen

(Leipzig, 1840). Durant l’année 1815, Schubert ne

composa pas moins de 17 lieder sur des poèmes de Körner, 15 entre

février et mai, et 2 en octobre.

Liebesrausch

(

Ivresse de l’amour

) [D.179], lied strophique en sol majeur

à 2/2, est marqué

Langsam

: « Dir, Mädchen, schlägt mit leisem Beben

Mein Herz voll Treu’ und Liebe zu »… (C’est pour toi, jeune fille, que

mon cœur palpite, plein d’un fidèle amour…). « Il apparaît chargé de

chromatismes expressifs dans le lent cheminement de la basse, tandis

que des accords monotones plaqués à la main droite accusent par

leur rythme uniforme les battement du cœur amoureux s’exaspérant

et s’affolant, envahissant toute la scène, laissant la voix flotter seule

et libre dans un air raréfié » (Brigitte Massin), annonçant le climat de

Die schöne Müllerin

. C’est le seul manucrit connu de ce lied, dont

Schubert a ébauché une seconde version dont on n’a que les der-

nières six mesures (Pierpont Morgan Library) [D.164].

Liebesrausch

parut en 1872 dans le recueil

Neueste Folge nachgelassener Lieder

und Gesänger

(Vienne, J. P. Gotthard, sous le n° 29).

Sehnsucht der Liebe

(

Désir ardent de l’amour

) [D.180], lied strophique

lui aussi en sol majeur à 2/2, est marqué

Ruhig

Langsam

: « Wie die

Nacht mit heil’gem Beben auf der stillen Erde liegt ! »… (Comme la

nuit gît sur la terre avec un tremblement sacré !…) ; il « présente une

certaine affinité avec le lied précédent : même caractère strophique,

même sol majeur, insistance du même accompagnement par accords

répétés, mais cette fois nous lui trouvons associées, pour souligner

l’éternité de la douleur, les doubles croches déjà apparues dans

Gretchen am Spinnrade

(

Marguerite au rouet

) qui symbolisent le

temps implacable ». C’est le seul autographe connu de ce lied ; une

copie complète, avec

Liebesrausch

, est conservée à la Gesellschaft

der Musikfreunde de Vienne dans la collection Witteczek-Spaun, et a

servi pour l’édition de ce lied en 1894 dans la

Gesamtausgabe

(XX, 60).

Discographie

: Dietrich Fischer-Dieskau, Gerald Moore (Deustche

Grammophon, 1970) ; Philip Langridge, Graham Johnson (Hyperion,

1988).