181
MUSIQUE
bondissant Babilée, visage grave, corps de
fauve. La chorégraphie évoquait le jeu des
questions et des réponses par un enchaîne-
ment de poses essentiellement plastiques.
[…] La musique évoque, par certains aspects
répétitifs, la marche d’Œdipe vers son destin
à la manière d’une “force en mouvement”,
comme une machine quasi-infernale ; l’al-
ternance des questions et des réponses
oppose aux courbes sinueuses, interroga-
tives du violon la masse triomphante de
l’orchestre. À la fin, celui-ci se met à vibrer,
pour évoquer les tressaillements du Sphinx,
tandis que la flûte marque la marche d’Œdipe,
délivré. L’ensemble constitue peut-être le
chef-d’œuvre de la musique de ballet de
Sauguet » (André Hofmann).
« La partition de M. Henri Sauguet est une
de ses meilleures partitions. Expressive et
bien rythmée, colorée d’une orchestration
qui met les thèmes en valeur, elle transmet
1227
SAUGUET HENRI (1901-1989).
MANUSCRIT MUSICAL autographe
signé,
La Rencontre
(1948) ; 87 pages
in-fol., en un volume broché.
8 000 / 10 000 €
Partition d’orchestre du ballet
La Ren-
contre
.
Sauguet a composé dans l’été 1948 la
musique de son ballet
La Rencontre ou
Œdipe et le Sphinx
, en un acte, sur un livret
de Boris KOCHNO, qui venait de prendre,
après la démission de Roland Petit, la direc-
tion des Ballets des Champs-Élysées. Trans-
posant l’épisode de la rencontre d’Œdipe
avec le Sphinx dans l’ambiance d’un cirque
de plein air : sur la piste, tel des acrobates,
les deux protagonistes s’affrontaient ; à la fin,
tandis que le Sphinx, vaincu, se balançait tris-
tement sur son trapèze, Œdipe s’éloignait vers
son destin. La création eut lieu au Théâtre
des Champs-Élysées, le 8 novembre 1948,
dans un merveilleux décor et des costumes
de Christian BÉRARD (dont ce fut la der-
nière création), et une chorégraphie de David
LICHINE, avec Jean BABILÉE et la jeune
Leslie CARON, sous la direction musicale
d’André Girard. La partition, d’une durée
de 22 minutes, fut publiée chez Heugel, et
dédiée « à Boris Kochno et Christian Bérard ».
Henri Sauguet l’a enregistrée avec l’Orchestre
d’État de l’URSS.
« Le Sphinx, c’était la toute jeune Leslie
Caron – dont ce fut la révélation – collant
blanc, silhouette serpentine ; Œdipe – le
dans le domaine des sons le décor de Chris-
tian Bérard et la chorégraphie de Lichine, et
s’accorde à souhait avec eux pour former
un spectacle harmonieux » (René Dumesnil).
Roland-Manuel jugeait la partition comme
l’une des « meilleures, des mieux conçues,
des mieux écrites, des plus clairement agen-
cées et des plus poétiquement allusives que
nous devions à ce musicien qui a le goût et
le sens du ballet. Sauguet excelle à dégager
le signe musical représentatif de l’image et
de l’idée chorégraphiques ».
Le manuscrit est à l’encre noire sur papier à
32 lignes ; il est signé et daté en fin « Coutras,
12 oct. 1948 » ; il a servi de conducteur et
porte de nombreuses annotations au crayon
rouge ou bleu. L’orchestre comprend : flûte
(et piccolo), hautbois (et cor anglais), clari-
nette, basson, cor, trompette, tuba, timbales,
percussion, harpe, piano, et les cordes.