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les collections aristophil

tôt et plus longtems possible. Je les veux à mort. Je veux aussi le

Chopin et tous les Mickiewicz et Grzymala du monde. Je veux même

Sue, si vous le voulez. Que ne voudrais-je pas encore si c’était votre

fantaisie ? Voire M. de Suzannet ou Victor Schoelcher ! Tout, excepté

un amant ». Elle a reçu le livre de Théobald Walsh « qui me déclare

qu’il me méprise profondément » ; elle prépare un article sur Nourrit

et travaille à

Mauprat

… [III, n° 1421, p. 769]

[Nohant, 26 ( ?) avril 1837]

à Marie d’AGOULT (12 p.). … « je me suis

embarquée à fournir du

Mauprat

à Buloz au jour le jour, croyant

que je finirais où je voudrais, et que je ferais cela par-dessous la

jambe. Mais il s’est trouve que le sujet m’a emportée loin, […] me voilà

suant

sur une besogne qui m’embête, que je fais en rechignant »… Et

Solange a la petite vérole !... Elle raconte les poissons d’avril avalés

par le Pélican (Pelletan) « toujours stupide », auprès de qui Gévaudan

s’est fait passer pour un maquignon ; il y a eu aussi la visite d’un

avocat prétentieux qui a cru être reçu par George Sand : « il resta un

quart d’heure en extase et se retira saluant jusqu’à terre… Sophie !

[… ] Tout le monde fut pris d’un rire inextinguible, immense effroyable,

et tel que le ciel et la terre n’en ont jamais entendu un pareil depuis

la création des avocats »… Elle attend la « chère bonne Mirabella »

avec qui elle voudra : « On s’arrangera pour loger tous ceux que vous

voudrez bien amener. On enverra Pélican percher à côté de la grue.

Je compte sur le crétin, sur Chopin, et sur le Rat, s’il ne vous ennuie

pas trop et tous les autres à votre choix. Bonsoir chère mignonne,

aimez-moi, s’il vous reste quelque chose pour les crétins en sous-

ordre, comme je vous aime moi qui vis toujours maritalement avec

la saignée et la vertu, je vous aime comme j’aime mes amis,

ardem-

ment

». [III, n° 1444, p. 802]

[Nohant, 27 avril 1837]

à Marie d’AGOULT (4 p.). Au sujet de

MUSSET

:

« Musset vous promet mes lettres. Il ne vous les remettra pas. Tout

cela est

un genre

. –

Connu !

Au reste je n’y tiens pas, et je sais que

vous vous mettrez en mon lieu et place pour les accepter de l’air qui

convient, s’il vous les rapporte. Il me les a offertes au moment où je

quittais Paris, et de la meilleure grâce du monde. Il

blague

donc un

peu en disant qu’il n’a pas voulu. C’est moi qui par un mouvement

de fierté assez naturel n’en ai pas voulu le jour où il me les offrait »...

Elle voudrait que le Crétin [Liszt] intervienne auprès du « juif musical »

[Schlesinger] qui lui doit 600 F pour payer la pension de Solange…

[III, n° 1447, p. 811]

[Nohant, 11 ( ?) juin 1837]

à Franz LISZT (1 p.). « Crétin si tu étais zenti

tu t’occuperais une minute ou deux dans la zournée del father Rollina

and of le

Zoppo

qui sont venus pour te voir. Piffoël est dans his bed

et ne peut s’occuper of them for zentil Crétin ». [IV, n° 1533, p. 118]

[Nohant, 14 ( ?) juillet 1837]

à Marie d’AGOULT (2 p.). Elle prie « Princess

Mirabella » de dire au Crétin d’arrêter de plaisanter sur sa liaison avec

l’acteur BOCAGE : « J’ai été un peu en coquetterie plaisante avec

Bocage, ou plutôt lui avec moi. Il ne s’ensuit pas qu’il me plaise de le

voir devenir impertinent, et il y avait une nuance de cela aujourd’hui

dans sa personne. Il m’amuse, mais il ne me

plaît

même plus »… [IV,

n° 1561, p. 153]

[Fontainebleau, 25 août 1837]

à Marie d’AGOULT (6 p.). Sur la mort

de sa mère : « J’ai passé plusieurs jours à Paris pour l’assister dans

ses derniers moments. […] ma mère a expiré tout doucement et sans

la moindre souffrance. Le lendemain matin, je l’ai trouvée raide dans

son lit, et j’ai senti en embrassant son cadavre que ce qu’on dit de la

force du sang et de la voix de la nature n’est pas un rêve, comme je

l’avais souvent cru dans mes sujets de mécontentement contre

elle

».

Elle explore la forêt de Fontainebleau avec Maurice et ne doute pas

de l’effet de l’Italie et de Venise sur Marie. [IV, n° 1581, p. 176]

[Fontainebleau, 16 ( ?) septembre 1837]

à Marie d’AGOULT (4 p.). Elle

approuve son projet de passer quelques mois aux îles Borromées :

« Ce ne serait plus d’un

loin

aussi désespérant, et on pourrait se mettre

en tête d’aller vous y surprendre une matinée d’avril ou une soirée

d’octobre ». Elle a passé un mois « courant pour mon procès qui va

bien et pour ma pauvre mère qui va encore mieux car elle n’est plus

et repose au soleil, sous de belles fleurs où les papillons voltigent

sans songer à la mort. J’ai été si frappée de la gaîté de cette tombe

que j’ai été voir il y a quelques jours au cimetière Montmartre, par

un temps magnifique que je me suis demandé pourquoi nos larmes

y coulaient si abondamment. Vraiment, nous ne savons rien de ce

mystère. Pourquoi pleurer, et comment ne pas pleurer ? Toutes ces

émotions instinctives qui ont leur cause comme hors de notre raison

et de notre volonté veulent dire quelque chose certainement, mais

quoi ? »... Elle repart pour Nohant avec Bocage et y attend Leroux et

Mallefille… [IV, n° 1589, p. 189]

[Nohant, 16 octobre 1837]

à Marie d’AGOULT (2 p., à la suite d’une lettre

de Mme Marliani). Elle est « tranquillement réinstallée à Nohant, les

pieds sur mes chenets, attendant le nouvel assaut par lequel il plaira

à dame Fortune de me tirer de mon repos spleenétique ». Elle rêve

d’aller retrouver Marie et le Crétin sur le lac de Côme, « mais là-bas,

je ne travaillerais pas et le galérien est à la chaîne ». Elle voudrait tirer

de la misère Pierre LEROUX, « le meilleur des hommes et l’un des

plus grands »… [IV, n° 1611, p. 235]

[Nohant, 26 ( ?) décembre 1837]

à Franz LISZT et Marie d’AGOULT

(6 p.). Elle explique son silence par la maladie et le travail. Quand

Marie avait besoin de consolation, « je lui écrivais plus que je ne

me sentirai appelée à lui écrire désormais [phrase qui vexera Liszt]

car il me semble qu’elle est calme, heureuse et forte ». Elle aimerait

les rejoindre en Italie, mais son procès la retient jusqu’en automne,

« vu qu’une fois en Italie, j’y veux rester au moins deux ans pour les

études de Maurice qui s’adonne définitivement à la peinture, et qui

aura besoin de séjourner à Rome ». En attendant, la vie continue à

Nohant : « Mallefille entasse drame sur roman, Pélion sur Ossa, moi,

romans sur nouvelles et Buloz sur Bonnaire, Mercier, tableaux sur

tableaux ; Tempête, bêtise sur bêtise ; Maurice, caricatures sur gen-

darmeries, et Solange, cuisses de poulet sur fausses notes. Voilà la vie

héroïque et fantastique qu’on mène à Nohant »… [IV, n° 1654, p. 290]

[Nohant, 28 janvier 1838]

à Franz LISZT (8 p.). Elle regrette d’avoir froissé

Liszt en lui disant qu’elle écrirait moins souvent à Marie : « Vous savez

que Piffoël n’est pas obligé de savoir ce qu’il dit, ni ce qu’il a voulu dire

et que le condamner à rendre raison de tout ce qu’il avance, annonce

et décide serait de la plus haute injustice car Dieu a créé le genre

humain pour s’efforcer de trouver un sens aux paroles de Piffoël. Il

n’a point créé Piffoël pour dire des paroles sensées au genre humain.

Mieux que personne, les Fellows devraient savoir que rien de ce que

dit ou écrit Piffoël ne prouve quoi que ce soit. Peut-être que lorsque

Piffoël vous écrivit la dernière fois, l’astre de la constipation, cet astre

funeste, sous l’influence duquel Fellows et Piffoëls sont nés, dardait

sa lumière sur l’horizon de Piffoël. Peut-être que Piffoël avait mal au

foie, que ses pois ne voulaient pas cuire, que Buloz avait mal payé,

ou que Mallefille avait eu de l’esprit »... Elle ne se sent pas respon-

sable de la lettre de Mallefille que Marie a trouvée d’une impolitesse

choquante ; elle convient que cette lettre était « bête », mais elle n’est

pas là pour lui apprendre à écrire : « J’aimerais mieux bâtir une ville,

j’aimerais mieux redevenir l’épouse de M. Dudevant, j’aimerais mieux

être l’amante de Buloz, j’aimerais mieux apprendre la métaphysique,

j’aimerais mieux écouter pérorer Schoelcher, que d’enseigner une

chose que je fais si mal pour mon compte »… Elle rassure Liszt : « Il

suffirait que le ralentissement de ma correspondance avec Marie lui

causât le moindre chagrin ou le moindre regret pour que toute ma

paresse fût dissipée en un clin d’œil et pour que je lui écrivisse tous

les jours si elle le voulait. Jamais aucune tristesse ne lui viendra de

moi par ma faute, je l’espère »… [IV, n° 1680, p. 333]

[Paris, 26 novembre 1839]

à Marie d’AGOULT (2 p.). Elle est prête à

lui donner une explication : « Je ne voudrais pas que vous prissiez

mon silence pour autre chose que du chagrin, Marie. Je ne veux

pas vous écrire une lettre de reproches, car vous savez bien que j’ai

de graves reproches à vous faire. Mais je trouve que l’encre et le

papier ont été inventés pour poétiser la vie, et non pour la disséquer.

[…] Vous verrez que je n’ai point de ressentiment contre vous. Mais

il me faudra bien vous dire que vous avez mis une douleur de plus

dans ma vie et que c’est moi qui ai reçu la blessure dont vous vous

plaignez ». [IV, n° 1958, p. 804]

[Nohant, 16 ( ?) octobre 1850]

à Marie d’AGOULT (8 p., la fin manque,