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les collections aristophil
[La Châtre, 25 mai 1836]
à Marie d’AGOULT (13 p.). Elle regrette de
ne pouvoir partir avec eux pour l’Italie : « Pour le moment, je crois
que je ferais mal de m’absenter du pays. Mes ennemis battus au
grand jour, cherchent à me nuire dans les ténèbres. Ils entassent
calomnies sur absurdités pour m’aliéner d’avance l’opinion de mes
juges »… Elle ne veut point alimenter les soupçons en allant voir Liszt
et espère les rejoindre dans l’hiver. Elle se réjouit de leur bonheur
et échappe à la tristesse par le travail « et je m’y oublie »... Elle parle
de MUSSET dont
La Confession d’un enfant du siècle
l’a beaucoup
émue : « Les moindres détails d’une intimité malheureuse y sont si
fidèlement, si minutieusement rapportés depuis la première heure
jusqu’à la dernière, depuis
la sœur de charité
jusqu’à
l’orgueilleuse
insensée
que je me suis mise à pleurer comme une bête en fermant
le livre. Puis j’ai écrit quelques lignes à l’auteur pour lui dire je ne sais
quoi : que je l’avais beaucoup aimé, que je lui avais tout pardonné,
et que je ne voulais jamais le revoir. [….] Je sens toujours pour lui, je
vous l’avouerai bien, une profonde tendresse de mère au fond du
cœur », mais elle est bien guérie : « J’ai longtemps cru que la passion
était mon idéal. Je me trompais ou bien j’ai mal choisi. Je crois à la
vôtre ». Elle met le calme au-dessus de tout mais avoue un « senti-
ment chaste, durable, paisible, dont un vieillard est l’objet » [Michel
de Bourges]. Elle annonce l’arrivée de LAMENNAIS à Paris, avec
l’intention de fonder un journal ; elle reste indécise à son sujet : « Je
m’entendrais aisément avec lui sur tout ce qui n’est pas le dogme.
Mais là, je réclamerais une certaine liberté de conscience, et il ne
me l’accorderait pas. […] Les hommes comme lui font les religions et
ne les acceptent pas. C’est là leur devoir. Ils n’appartiennent point au
passé. Ils ont un pas à faire faire à l’humanité. L’humilité d’esprit, le
scrupule, l’orthodoxie sont des vertus de moine que Dieu défend aux
réformateurs». Elle attend à La Châtre la conclusion de son procès
et fait un nouveau volume à
Lélia
: « Lélia, n’est pas moi. Je suis
meilleure enfant que cela ; mais c’est mon idéal »… [III, n° 1181, p. 396]
[La Châtre, 10 juillet 1836]
à Marie d’AGOULT (14 p.). Son procès la
retient encore et elle envie ses amis de jouir en Suisse des merveilles
de la nature ; elle refait
Lélia
: « Ce poison qui m’a rendu malade est
maintenant un remède qui me guérit... Ce livre m’avait précipitée
dans le scepticisme ; maintenant, il m’en retire ; car vous savez que
la maladie fait le livre, que le livre empire la maladie, et de même
pour la guérison. Faire accorder cet œuvre de colère avec un œuvre
de mansuétude et maintenir la plastique ne semble guère facile au
premier abord. […] Se jeter dans le sein de la Mère Nature ; la prendre
réellement pour
mère
et pour
sœur
; retrancher stoïquement et
religieusement de sa vie tout ce qui est vanité satisfaite ; résister
opiniâtrement aux orgueilleux et aux méchants ; se faire humble et
petit avec les infortunés ; pleurer avec la misère du pauvre et ne pas
vouloir d’autre consolation que la chute du riche ; ne pas croire à
d’autre Dieu que celui qui ordonne aux hommes la justice, l’égalité ;
vénérer ce qui est bon ; juger sévèrement ce qui n’est que fort ;
vivre de presque rien, donner presque tout, afin de rétablir l’égalité
primitive et de faire revivre l’institution divine : voilà la religion que je
proclamerai dans mon petit coin. […] Quant à l’amour, on en fera un
livre et un cours à part ». Elle a une furieuse envie d’entendre Liszt :
« Vous savez que je me mets sous le piano quand il en joue. J’ai la
fibre très forte et je ne trouve jamais les instruments assez puissants.
Il est au reste le seul artiste du monde qui sache donner l’âme et la
vie à un piano ». Elle fait de grandes promenades à pied, se baigne
tout habillée dans l’Indre pour échapper à la canicule et se « figure
l’Arcadie en Berry. » Malgré cela, elle a de grands accès de spleen,
« mais je résiste et je prie », et elle prend plaisir à regarder les étoiles...
Elle vante le noble caractère et le bon cœur de son amie « Plus
j’avance en âge, plus je me prosterne devant la bonté, parce que
je vois que c’est le bienfait dont Dieu est le plus avare. [...] J’ai des
grands hommes
plein le dos (passez-moi l’expression). Je voudrais
les voir tous dans Plutarque. Là, ils ne me font pas souffrir du côté
humain »… [III, n° 1215, p. 473]
[Nohant, 20 août 1836]
à Franz LISZT et Marie d’AGOULT (4 p.).Elle
annonce son départ pour les rejoindre à Genève début septembre :
« Nous ferons ce que vous voudrez. Nous irons ou nous nous tien-
drons où vous vous voudrez, pourvu que je sois avec vous, c’est
tout ce qu’il me faut. Je vous avertis seulement que j’ai mes deux
mioches avec moi. […] Ils sont peu embarrassants, très dociles, et
accompagnés d’ailleurs d’une servante qui vous en débarrassera
quand ils vous ennuieront. Si vous me donnez une chambre, un
matelas par terre à Maurice, un même lit pour ma fille et pour moi
nous suffiront. […] Quand je voudrai écrire, si l’envie m’en prend (ce
dont j’aime à douter), vous me prêterez un coin de votre table. […]
Adieu, mes enfants bien-aimés. Je ne retrouverai mes esprits (si
toutefois j’ai des esprits), je ne commencerai à croire à mon bonheur
qu’auprès de vous ». [III, n° 1259, p. 537]
[Lyon] le 3 [octobre 1836]
à Marie d’AGOULT (7 p.). Elle attend son
« vieux grognon » [Michel de Bourges] « dans la plus bête des villes du
royaume ». Elle n’a apprécié ni Fourvière, ni le théâtre où elle a entendu
«
Guillaume Tell
abominablement écorché et massacré »... Mme de
Montgolfier est charmante pour elle et M. de Gévaudan « promène
mes
Piffoëls
» qui « ronflent et se portent bien »… [III, n° 1273, p. 553]
[Nohant, 16 octobre 1836]
à Franz LISZT et Marie d’AGOULT (fin de
lettre, 3 p.). Elle craint que la « belle comtesse » ne soit pas bien à
Nohant : « N’allez pas me donner tous ces tourmens pour rien, mes
bons Fellows, et qu’au moins j’en sois récompensée par votre présence.
Je ne puis promettre à Marie qu’elle sera contente de mon domicile
et de mon rustre entourage ; mais elle sera contente de mon zèle à
la servir, de mon assiduité à la peigner et du dévouement absolu de
moi et de tous les miens. Venez donc bientôt, Fellows les Piffoëls
comptent sur vous. Moi je suis un peu spleenétique. Je ne sais pas
trop pourquoi. C’est peut-être parce que je n’ai pas d’argent, comme
dit Michel. J’aspire à avoir le tems de travailler, car en travaillant non
seulement on gagne l’argent dont on a besoin, mais on oublie les
besoins qui font désirer l’argent »… [III, n° 1278, p. 569]
[Nohant, 22 octobre 1836]
à Franz LISZT (2 p.). Elle arrive à Paris et
logera près de ses amis : « Faisons ménage comme avant et comme
après. […] Ayez-moi une chambre avec un grand lit pour Solange et
moi et un sofa ou pliant pour Maurice »… [III, n° 1280, p. 570]
[Nohant, 20 ( ?) janvier 1837]
à Marie d’AGOULT (2 p.). Elle indique
à Marie comment venir de Châteauroux à Nohant, avec une chaise
et deux chevaux. « En poste, votre voyage durera trois heures, 4 au
plus si la gelée continue. Je crains pour vous le froid de cette petite
traversée. […] Je vous attends avec impatience, tout est prêt pour
vous recevoir. Il fait chaud dans votre chambre ». [III, n° 1346, p. 654]
[Nohant, 17 février 1837]
à Franz LISZT (3 p.). « Bonjour, bon Franz.
Venez nous voir le plus tôt possible. L’amour, l’estime et l’amitié vous
réclament à Nohant.
L’amour
est un peu souffrant dans ce moment-ci.
L’estime
, (c’est Maurice et Pelletan), ne va pas mal quoique fort maigre.
L’amitié est obèse et bien portante. Marie m’a dit qu’il était question
d’espérance de CHOPIN. Dites à Chopin que je le prie et le supplie
de vous accompagner; que Marie ne peut pas vivre sans lui, et que
moi je l’adore »… [III, n° 1377, p. 698]
[Nohant, 3 avril 1837]
à Marie d’AGOULT (6 p.). « Bonne Marie, je vous
aime et vous regrette. Je vous désire et je vous espère. Plus je vous
ai vue, plus je vous ai aimée et estimée ». Elle raconte les poissons
d’avril qu’elle a faits à Pélican (Pelletan) et au Malgache (Néraud) à
qui elle a offert un saucisson en bois ! Elle salue Mickiewicz et Grzy-
mala, et charge Marie de dire « à CHOPIN que je l’idolâtre, à tous
ceux que vous aimez que je les aime, et qu’ils seront les bienvenus
amenés par vous. Le Berry en masse guette le retour du Crétin [Liszt]
pour l’entendre jouer du piano »... Elle se réjouit des succès de Liszt
« perdu dans un nuage de gloire », qu’elle apprend par les journaux…
[III, n° 1418, p. 763]
[Nohant, 13 ou 14 mars 1837]
à Marie d’AGOULT (1 p.), au sujet de son
départ de Nohant : « Si vous voulez absolument partir vous trouverez
à Châteauroux une chaise de poste. En partant de Châteauroux de
très bonne heure jeudi
matin
vous coucheriez à Orléans et seriez
vendredi soir à Paris »... [III, n° 1396, p. 722]
[Nohant, 6 avril 1837]
à Marie d’AGOULT (4 p.). Elle attend un piano
de Paris ainsi que ses amis : « Je veux les Fellows, je les veux le plus
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