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17

L

ivres

anciens

Redécouverte de ces Heures aux couleurs chatoyantes conservées dans une reliure à la fanfare du dernier quart du XVI

e

siècle. Les miniatures sont attribuables à un atelier normand, sans doute le Maître de Sir John Fastolf et constituent un bel

exemple d’enluminure au temps de l’occupation anglaise de la Normandie entre 1417/1419 et 1450.

De fort belle facture, ce manuscrit contient onze (11) grandes miniatures attribuables à un artiste ayant travaillé entre Paris et

Rouen, puis en Angleterre, à savoir le

Maître de Sir John Fastolf.

Ce Maître, en grande partie associé à l’enlumineur nor-

mande sous l’occupation anglaise, fut actif de 1420 à 1460. Il fut formé à Paris dans les années 1410-1420, probablement au-

près du Maître de Boucicaut avec lequel il a collaboré (Livre d’heures à l’usage de Paris, New York, Pierpont Morgan Library

MS M. 1000). Au début des années 1420, il s’installe à Rouen, alors sous domination anglaise. Il y travaille à plusieurs reprises

pour des prélats et notables normands mais aussi pour des chefs de guerres anglais installés dans la ville tels que John Fastolf

à qui il doit son nom (il réalise pour ce commanditaire un manuscrit des œuvres de Christine de Pizan,

Livre des quatre vertus

et l’Epître à Othea

vers 1450 [Oxford, Bodleian Library, MS. Laud. Misc. 570]).

Vers 1449/1450, date à laquelle Rouen repasse sous contrôle français, le Maître de Sir John Fastolf part en Angleterre et

semble s’installer à Londres où il réalise des Heures pour une clientèle anglaise. Il fut une grande influence auprès des artistes

rouennais actifs à Rouen après le départ des anglais, notamment le Maître de Talbot et le Maître de l’Echevinage de Rouen.

Il a d’ailleurs collaboré avec le Maître de Talbot dans un Livre d’heures à l’usage de Thérouanne vers 1430-1440 (Vatican, BAV,

Ms. Vat. Lat. 14395).

Provenance :

1. Manuscrit copié et enluminé en Normandie si l’on s’en réfère au style des miniatures attribuables au Maître de Sir John

Fastolf. Toutefois, à noter que le Maître de Sir John Fastolf a certainement été formé à Paris, et a réalisé des Heures à l’usage

plus universel de Paris comme c’est le cas ici.

2. Famille du Liège d’Aunis, originaire de Picardie, avec leur ex-libris armorié contrecollé sur le contreplat supérieur :

D’or au

chêne-liège de sinople terrassé de même ; au chef de gueules chargé d’une fasce ondée du premier, surmontée de trois dés

à jouer d’argent rangés en chef

[au lieu de trois étoiles]. Les armoiries sont surmontées d’une couronne comtale et sous la

mention «Ex libris du Liège» on trouve les initiales «P. L. D. D. ».

Originaire d’Abbeville, les hommes de cette famille se succèdent dans la vie politique d’Arrest, commune picarde, ès qualité

de maire. Alfred Victor du Liège d’Aunis (1827-1900) sera également Conseiller général de la Somme. La famille a acheté sous

l’Empire le Château d’Arrest, qui passe par alliance à la mort de la dernière représentante du Liège d’Aunis au Donjon de

Saint-Martin.

Texte :

À noter l’absence du calendrier et des péricopes évangéliques.

ff. 1-2, feuillets blancs réglés, faisant office de gardes ;

ff. 3-79v ; Heures de la Vierge [à l’usage de Paris], avec matines (ff. 3-28) ; laudes (ff. 28v-41v) ; prime (ff. 42-48v) ; tierce (ff. 49-54) ;

sexte (ff. 54v-59v) ; none (ff. 60¬-64v) ; vêpres (ff. 65-73) ; complies (73v-79v) ;

ff. 80-84v, Heures de la Croix (manque la fin ; avec f. 85 un feuillet moderne inséré, resté blanc) ;

ff. 86-89, Heures du Saint-Esprit (manque le début) ;

ff. 89-101, Psaumes de la pénitence et litanies (on relève saint Germain (f. 103v) et sainte Geneviève (f. 104));

ff. 107-161v, Office des morts [à l’usage de Paris], avec les leçons suivantes

Qui Lazarum

[…] ;

Credo quod

[…] ;

Heu michi

[…] ;

Ne recorderis

[…] ;

Domine quando

[…] ;

Peccantem me

[…] ;

Domine secundum

[…] ;

Memento mei

[…] ;

Libera me

[…] ;

ff. 162-163v, Prières rajoutées, en latin avec rubriques en français : «Quand on veult recepvoir le corps de nostre seigneur

Jesuchrist » ; «Quant on l’a receu» ; «Contre la tempeste» ; «Pour impetrer grace des pechez » ; «Contre la tentation de la

chair » ; «Contre les maulvaises pensées » ; «Pour quelque tribulation» ; «Pour l’amy vivant en tribulation» ; «Pour noz bienfai-

teurs » ; «Oraison tres devote a dire devant la remembrance de notre seigneur ».