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Littérature
195
Tout le monde se pique de littérature au
Pays
: « les
Escudier
, les X.
Eyma
, les
Esnaut
, y déposent tour à tour d’odieuses...
choses
qui
n’ont pas de nom dans la langue des gens bien élevés. […] N’est-ce pas comique à faire rire aux larmes... de sang ?
Mon cher Baudelaire,
si je suis autorisé
, vous serez content de moi. Le volume publié n’est pas ce que j’aime le mieux de
P
oe
, mais
n’importe ! Votre
vie
est très-belle, sombre et amère comme la destinée de votre héros. Excepté le passage sur
Gérard de Nerval
que je
blâme et regrette d’avoir trouvé là, je n’aurais qu’éloges à vous donner. C’est pensé par la Rage, – mais la rage qui demain sera le mépris,
le plus grand sentiment et le seul que valent réellement les hommes ! et c’est écrit par un écrivain qui ajoute à la profondeur de sa
pensée une singulière
noirceur
d’expression. De tout cela, il résulte quelque chose qui m’a
poigné
le diaphragme – voilà mon impression
en
déshabillé
! »
Il va lui faire envoyer par
T
rébutien
les
Reliquiæ
d’Eugénie de
G
uérin
, et suggère à Baudelaire d’en « risquer un mot » dans la
Revue
des deux Mondes
: « Je serais curieux de voir votre idiosyncrasie juger celle de Mlle
Eugénie
et filtrer votre
mordant
dans le calice de cette
fleur ». Il signale un article de Sainte-Beuve sur le livre. « Quand vous l’aurez lue,
elle
et ma Notice, dites-moi
toujours
ce que vous en
pensez – et faites-lui faire une de ces reliures qui sont des
flatteries de Maroquin
pour les livres que vous en parez »...
Ancienne collection Armand
G
odoy
. Publ.
Lettres à Baudelaire
(publ. Cl. et V. Pichois, 1973, p. 37-38).
194.
Jules BARBEY D’AUREVILLY
. L.A.S., 31 octobre 1867, [à Frédérick
L
emaître
] ; 2 pages in-8.
1 000/1 200
S
uperbe
lettre d
’
admiration
au
grand
acteur
, qui avait créé le rôle-titre du
Père Gachette
(Folies-Dramatiques, 13 juin 1867 ; Barbey
l’avait encensé dans
Le Nain jaune
du 11 juillet). Cette lettre semble
inédite
.
Il remercie l’acteur de ses photographies. « Mais croyez que la plus belle, – car celle-là est coloriée et enflammée, – je l’ai là, dans ma
tête, toute pleine de vous ! Dites à M.
C
arjat
que je le félicite. Vous ou lui, vous avez bien choisi l’
instant à fixer
, puisque la magnifique
unité du rôle, – la circulation du rôle tout entier échappe au peintre. Seulement, j’aurais voulu deux moments encore : P. Ex. Lorsque
vous délibérez sur les moyens de sortir de cette maison de fous, – campé contre la cheminée, le menton dans la main, méditatif et
sculptural : Puis, quand faisant face au public, vous voulez
vous
prouver que vous n’êtes pas fou, et que vous dites, la main étendue :
“
Mais cette main que je vois là est bien ma main. Il y a bien là cinq doigts…
” Je ne sais plus les paroles, mais je sais mon impression, et je
ne la perdrai jamais »… Il évoque des dîners chez leur ami Silvestre auxquels Frédérick n’est pas venu. « Il fallait, sans doute, que vous
fussiez pour moi la plus puissante réalité et le plus impatientant des rêves »…
195.
Jules BARBEY D’AUREVILLY
. L.A.S., Paris 24 avril [1872], à Élisabeth
B
ouillet
; 3 pages in-8 à l’encre brune avec
soulignures à l’encre rouge (légères fentes aux plis réparées).
1 000/1 500
T
rès
belle
lettre
à
une
vieille
amie
de
son
village
natal
de
S
aint
-S
auveur
-
le
-V
icomte
(M
anche
)
.
« Ma chère Élysabeth, C’est vous qui êtes plus folle que votre cher fou ! Comme avez-vous pu m’écrire les sottises dont on vous a
battu les oreilles ? Comment avez-vous bien pu croire que j’étais de
la proie à Ernest
et que je me laisserais plumer de sa main avec la
grâce de la volupté ?.. C’est insensé »… Il ne sait rien des affaires d’Ernest [son frère cadet], qui ne l’a pas sollicité pour être solidaire de
ses dettes ; il n’en a pas moins écrit au notaire Le Marinel pour dénoncer « la démence de pareils bruits […] je lui parle au
long
et au
net
de ma volonté de ne jamais, sous aucune forme,
sacrifier
ou
risquer
un sou de ma pauvre petite fortune pour Ernest. Le débris que j’ai
sauvé du naufrage de mon père, je le garderai intact. […] Selon vous, je ne serais qu’un polichinelle de sensibilité et de générosité qu’on
pourrait, quand on le voudrait, casser en quatre morceaux et se partager. Je ris de cette belle idée que vous avez de moi. Si j’étais ce que
… / …