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Littérature
eût [dit] des harpes éoliennes vibrant dans un jardin d’Italie, ou encore que l’Aurore touchait la statue de Memnon et surtout l’hymne
télégraphique que les fils et les poteaux ne cessent d’entonner sur les grandes routes. Après cette musique aérienne qui vibrait si bien
dans l’espace, l’assaut guttural de Maurice de Faramond chanta plus sourdement […], mais la voix vibrante de Verhaeren, parole claire
et juvénile éclata encore comme un joyeux chant de coq »… Il termine par une anecdote piquante concernant le peintre L.-D. [Lévy-
Dhurmer] et une dame dans son atelier…
185.
Guillaume APOLLINAIRE
.
M
anuscrit
autographe signé,
La Vie anecdotique
. La nouvelle religion de la vélocité. – La
science futuriste. – Umberto Boccioni. – Futurisme italien
, [1916] ; 8 pages petit in-fol., la plupart sur papier mauve, montées
sur onglets sur des feuillets de papier vélin fort, en un volume petit in-fol. relié demi-maroquin rouge à grain long à bande,
étui (
Semet & Plumelle
)
5 000/7 000
T
rès
intéressante
chronique
sur
le
futurisme
italien
, publiée dans
Le Mercure de France
du 16 octobre 1916, sous la rubrique « Revue
de la quinzaine ». Le manuscrit, qui a servi pour l’impression, présente des ratures et corrections, et des variantes avec le texte définitif ;
une page est écrite au dos d’une enveloppe adressée au « Sous-Lieutenant Guillaume Apollinaire » à l’Hôpital du Gouvernement italien,
à Paris (3 août 1916).
« Je signale à ceux qui se demandent si la guerre a développé le sentiment religieux le nouveau manifeste futuriste où
M
arinetti
fonde
la nouvelle religion de la vélocité
[…] paru dans le premier numéro de
l’Italia futurista
»… Apollinaire attendait plutôt un manifeste
d’
Irreligion futuriste
. « Fondateur de religion ! Vous voilà fondateur de religion ! C’est une situation sociale par le temps qu’il court.
Car il ne s’agit pas là d’une hérésie plus ou moins chrétienne, ou de nouvelles pratiques superstitieuses purement extérieures. […] Au
lieu de Divinité vous dites Vélocité ; sans le savoir les Allemands ont bien fondé la religion de la Férocité. Mais comme vous je préfère
la Vélocité qui est une déité plus moderne bien qu’elle paraisse peu se soucier de la durée de la guerre »… Il ironise sur l’influence
que dut exercer sur Marinetti, son expérience de « volontaire cycliste », et cite quelques extraits de son « tableau historico-lyrique de
la vitesse », et les « demeures de cette divinité » : les gares ferroviaires, les ponts et les tunnels, les circuits d’automobiles, les stations
radiotélégraphiques, les cités à
punch
comme Milan, etc. Puis il s’attaque aux futuristes qui donnent en plein dans l’absurde, dans leur
Science futuriste
, manifeste qui « s’intitulerait plus justement
la curieuse ignorance futuriste
car le but qu’ils assignent aux recherches
désordonnées aux intuitions contradictoires des adeptes de cette bizarre science, c’est l’ignorance absolue »…