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Histoire

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JOSÉPHINE de Beauharnais

(1761-1814) Impératrice des Français,

première femme de Napoléon.

L.S. « Joséphine Bonaparte »,

cosignée et écrite en partie par

HORTENSE DE BEAUHARNAIS et par

le futur général Jean RAPP, signée

aussi par Letizia BONAPARTE et par

Émilie de LAVALLETTE (qui a écrit

aussi quelques lignes), [Plombières] 21

messidor (10 juillet 1801), au citoyen

BOURRIENNE, « Secrétaire intime

du premier Consul, aux Tuilleries, à

Paris » ; 3 pages in-4, adresse avec

marque postale (trois pastilles de

colle [pour occulter les signatures ?]

et une petite déchirure sans atteinte

au texte).

2 000 / 2 500 €

Lettre collective avec l’amusant

récit de voyage en famille de la

Malmaison à Plombières.

[Joséphine est partie pour sa deuxième cure

aux eaux de Plombières (réputées pour soi-

gner la stérilité) en compagnie de sa fille

Hortense, de sa nièce Émilie de La Vallette

et de sa belle-mère Letizia Bonaparte, sous

la garde de l’aide de camp de Bonaparte (et

futur général) Jean Rapp.]

Cette lettre collective est intitulée : « Récit

de voyage de Plombières – aux habitans

de Malmaison».

Rapp commence : « En partant de Malmaison

la société avoit les larmes aux yeux ce qui leur

a occasionné un si grand mal de tête que la

journée, réellement fut accablante pour ces

aimables personnes. Madame Bonaparte

mère a soutenûe cette journée mémorable

avec le plus de courage, M

me

Bonaparte

Consûlesse n’en a pas du tout montré, les

deux jeunes dames de la dormeuse, M

lle

Hortense et M

me

Lavalette se disputoient

le flacon d’eau de cologne et l’aimable

Monsieur Rapp faisoit arrêter la voiture à

chaque instant [

de la main d’Hortense

 :] pour

soulager son petit cœur malade qui étoit

chargé de bille. Aussi a-t-il été obligé d’aller

se coucher en arrivant à Épernay pendant

que l’aimable société cherchoit à oublier ses

maux dans le vin de Champagne. La seconde

journée a été plus heureuse sous le rapport

de la santé mais les vivres manquoient et

l’estomac s’en trouvoit mal l’espérance de

trouver un bon souper à Toul les soutenoit ;

mais le désespoir fut à son comble, quand

arrivés à Toul [

de la main d’

Émilie :] on trouva

mauvaise auberge et rien à manger on vit des

gens à mines risibles, qui dédommagèrent

un peu des épinards accomodés à l’huile de

lampe, et des asperges rouges fricassées au

lait caillé on auroit voulu voir les gourmands

de la maison assis à cette table si désagréa-

blement servie ».

Rapp reprend la plume : « On n’a jamais

vû dans l’histoire une journée passée dans

des angoisses si terribles que celle où nous

arrivâmes à Plombières. Parti de Toul pour

aller déjeuner à Nancy, car tous les estomacs

étoient vuides depuis deux jours, les autorités

civiles et militaires en venant audevant de

nous nous empêchèrent de réaliser notre

projet. Nous continuâmes donc notre route

maigrissant à vû d’œil la dormeuse pour

comble de malheur a pensé s’embarquer

sur la Moselle pour aller à Metz par une

chûte qu’elle a manqué de faire. [

De la main

d’Hortense

 :] Nous avons été bien dédo-

magés en arrivant à Plombières d’un voyage

aussi malheureux. On nous a acceuillis avec

toutes sortes de réjouissances, la ville illu-

minée, le canon tiré et la figure des jolies

femmes qui étoient à toutes les fenêtres nous

font espérer de supporter avec moins de

regret notre absence de la Malmaison. Voici

le récit exacte de notre voyage (à quelques

anecdotes près que nous nous réservons de

raconter à notre retour) que nous sousignés

certifions véritable ».

Suivent les signatures : « Josephine

Bonaparte », « Beauharnois Lavallette »,

« Hortense Beauharnois », « Rapp »,

« Bonaparte mere ».

À côté d’une tache, Hortense a noté : « La

société demande excuse pour le pâté », et

Émilie de Lavallette ajoute à la fin : « On

prie la personne qui recevra ce journal d’en

faire part à tous ceux qui s’intéressent aux

voyageuses ».

BOURRIENNE a édité le texte de cette lettre

dans ses

Mémoires

(t. V, 1829, pp. 18-20).

Correspondance

(Payot, 1996), n° 175, p. 111.