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les collections aristophil
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JOSÉPHINE de Beauharnais
(1761-1814) Impératrice des
Français, première femme de Napoléon.
L.A.S. « Lapagerie Bonaparte », Plombières 30 prairial [18
juin 1798], à Paul BARRAS ; 4 pages in-8 au liseré vert.
4 000 / 5 000 €
Curieuse lettre à son ancien amant Barras, alors que Bonaparte
est parti pour l’Égypte.
Elle lui a écrit mais ne savait pas qu’elle devait affranchir, et craint
que sa lettre ne soit pas parvenue. « Je vous priois, mon cher Barras,
de me donner souvent de vos nouvelles, et de me faire passer de
celles de Bonaparte aussitot que vous en auriez. J’ai besoin d’en avoir
je suis si chagrine d’être séparée de lui, que j’ai une tristesse que
je ne puis vaincre. D’ailleurs son frere [Joseph] avec lequel il a une
correspondance si suivie, est tellement abominable pour moi, que
je suis toujours inquiète, loin de Bonaparte ; je sais qu’il a dit à un de
ses amis qui me l’a repetter qu’il n’auroit de tranquillité que lorsqu’il
m’aura brouillée avec mon mari ; c’est un être vil abominable »…
Elle n’est occupée à Plombières que de sa santé : « il n’y a point de
société ». Elle est avec la citoyenne Cambis qui a bien voulu l’ac-
compagner aux eaux : « Je ne vois qu’elle et le medecin des eaux ».
Ses logeurs ressemblent à Philémon et Baucis. « Je voudrois bien
mon cher Barras que les eaux de Plombières vous fussent ordonné
et que vous vous décidiez à venir les prendre, vous seriez réellement
bien aimable d’avoir une maladie pour me faire plaisir. Je vous suis
trop attachée, je vous aime pour vous, mon cher Barras, c’est un
sentiment qui vous est du, lorsqu’on a le plaisir de vous connoitre,
et personne plus que moi ne l’éprouve ».
Elle lui envoie une lettre à faire passer à Bonaparte : « Je vous adres-
serai toutes mes lettres pour lui. Je vous en prie soyez bien exact
à les lui faire parvenir. Vous le connoissez et vous savez combien
il m’en voudroit de ne pas recevoir de mes nouvelles ; la derniere
lettre qu’il m’a ecrit est bien tendre et bien sensible. Il me dit de venir
le rejoindre bien vite, qu’il ne peut vivre loin de moi. Aussi je me
dépêche de faire les remèdes qui me sont ordonnés pour aller bien
vite rejoindre Bonaparte, que j’aime bien malgré ses petits défauts.
C’est assez vous ennuyer mon cher Barras, je finis en vous priant de
m’écrire souvent, et de croire à la sincérité de mon amitié pour vous,
elle ne finira qu’avec ma vie »...
Correspondance
(Payot, 1996), n° 88, p. 66.