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les collections aristophil
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BERTRAND Henri
(1773-1844) général,
Grand-Maréchal du Palais, fidèle
compagnon de Napoléon à Elbe et
Sainte-Hélène.
L.A.S. « le C
te
Bertrand », Longwood
30 septembre 1817, à Hudson
LOWE
;
6 pages in-fol. (minute avec quelques
ratures et corrections).
1 500 / 2 000 €
Longue et importante lettre sur l’
état
de
santé de Napoléon à Sainte-Hélène, ac-
cusant le gouverneur Hudson Lowe de
vouloir la mort de l’Empereur
.
Les médecins ayant déclaré que les pro-
blèmes de santé de l’Empereur étaient dus
à son manque d’exercice, Bertrand explique
que « l’existence de l’Empereur depuis six
semaines surtout, est extremement doulou-
reuse, que l’enflure des jambes va en aug-
mentant tous les jours, que les symptomes
de scorbut qui s’étaient fait remarquer aux
gencives sont déjà tels qu’il y a presque
constamment des douleurs aigues, que
les gens de l’art attribuent cela au défaut
d’exercice ; que depuis le mois de May
1816, c’est-à-dire, depuis 17 ou 18 mois,
l’Empereur n’est pas monté à cheval, n’est
presque jamais sorti de son appartement
[…] vous savez parfaitement que ce qui a
empeché et empeche l’Empereur de sortir,
ce sont vos restrictions du 9 8
bre
1816 qui
en a le droit. Il lui rappelle aussi qu’avec son
prédécesseur [l’amiral Cockburn], l’Empereur
sortait, et a même reçu quelques officiers
anglais à sa table : « rien n’a pu vous autoriser
à substituer à un ordre de choses raisonable
celui que vous avez établi ; […] l’Empereur
sortirait, monterait à cheval et reprendrait
la même vie, si vous rétablissiez les choses
comme elles l’étaient au moment de votre
arrivée »… Lowe, qui avait fait remarquer que
la chambre de Napoléon était trop petite,
et la propriété de Longwood « tout à fait
mauvaise », avait proposé la construction
d’une cabane de soldat en bois pour que
l’empereur puisse sortir à l’ombre : « L’Emp.
a considéré cette offre comme une moquerie
[…] si la maison est inconvenable, pourquoi
l’y laisse-t-on depuis deux ans » et ne lui en
donne-t-on pas une autre au milieu d’un
jardin, avec des arbres, de l’ombre et de
l’eau ; pourquoi le laisse-t-on « sur ce point
inculte, exposé aux vents et n’ayant rien de
ce qui peut contribuer à conserver la vie ? »…
En conséquence, si Lowe refuse de sup-
primer les restrictions d’octobre 1816, et de
rétablir les choses « au moins comme elles
l’étaient au temps de l’Amiral, l’Emp. ne peut
pas sortir, il considere et considerera cette
détermination comme une volonté de votre
part de lui donner la mort. Il est entierement
à votre disposition ; vous le faites mourir
de maladie, vous pouvez le faire mourir de
faim, ce serait un bienfait si vous le faisiez
mourir d’un coup de fusil ». Il n’y a plus de
temps à perdre avant qu’il ne soit trop tard :
« un cri d’indignation s’élèvera parmi tous les
peuples, car il est ici plusieurs centaines de
personnes français, anglais et étrangers qui
témoigneront de tout ce qu’on a fait pour
mettre fin à la vie de ce grand homme. […]
Voulez-vous ou non tuer l’Empereur ? Si
vous persistez dans votre conduite, vous
aurez vous-même prononcé l’affirmative et
malheureusement le but sera probablement
atteint après quelques mois d’agonie »…
On joint
la copie de la main de Bertrand
d’une apostille écrite par Napoléon le 23
novembre 1817, au dos d’une lettre d’Hudson
Lowe du 18 novembre, dans laquelle l’Em-
pereur dénonce les mensonges de Lowe et
ses mauvais traitements…
ont commencé à être mises à execution six
semaines après votre arrivée, que ces res-
trictions contiennent entre autres la defense
de parler et d’écouter les personnes qu’on
rencontre et d’entrer dans aucune maison,
ce qui lui fait penser que votre attention était
de le compromettre avec des sentinelles, et
d’outrager son caractère ». Lowe ayant fait
observer que cette partie des restrictions
avait été supprimée, Bertrand argumente
violemment en soulignant le caractère éphé-
mère de cette suppression, puisque Lowe
continue à s’arroger le droit de les rétablir
à tout moment. De plus les restrictions du 8
octobre 1816 « contiennent d’autres parties
tout aussi outrageantes ». De plus, celles du
14 mars 1816 ajoutent qu’il n’a pas le droit
de sortir d’un chemin de 12 pieds de large,
ce qui implique que si l’Empereur en sortait
ou entrait dans une maison, « les sentinelles
pourraient lui tirer un coup de fusil. L’Em-
pereur ne doit pas reconnaitre un si ignoble
traitement ». D’ailleurs plusieurs Anglais de
passage sur l’île ont reconnu qu’un homme
d’honneur, au vu de ces conditions, ne peut
que les refuser ; de même tous les officiers
de cette colonie trouvent ces restrictions
« injustes, inutiles et oppressives, et […] tous
à la place de l’Empereur feraient comme
lui et considereraient une pareille faculté de
sortie, comme un empêchement absolu »… Il
lui rappelle que d’après le «
bill
du Parlement
du 11 avril 1816, vous n’avez pas le droit de
faire des restrictions » ; seul le gouvernement