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56

les collections aristophil

826

BERTRAND Henri

(1773-1844) général,

Grand-Maréchal du Palais, fidèle

compagnon de Napoléon à Elbe et

Sainte-Hélène.

L.A.S. « le C

te

Bertrand », Longwood

30 septembre 1817, à Hudson

LOWE

 ;

6 pages in-fol. (minute avec quelques

ratures et corrections).

1 500 / 2 000 €

Longue et importante lettre sur l’

état

de

santé de Napoléon à Sainte-Hélène, ac-

cusant le gouverneur Hudson Lowe de

vouloir la mort de l’Empereur

.

Les médecins ayant déclaré que les pro-

blèmes de santé de l’Empereur étaient dus

à son manque d’exercice, Bertrand explique

que « l’existence de l’Empereur depuis six

semaines surtout, est extremement doulou-

reuse, que l’enflure des jambes va en aug-

mentant tous les jours, que les symptomes

de scorbut qui s’étaient fait remarquer aux

gencives sont déjà tels qu’il y a presque

constamment des douleurs aigues, que

les gens de l’art attribuent cela au défaut

d’exercice ; que depuis le mois de May

1816, c’est-à-dire, depuis 17 ou 18 mois,

l’Empereur n’est pas monté à cheval, n’est

presque jamais sorti de son appartement

[…] vous savez parfaitement que ce qui a

empeché et empeche l’Empereur de sortir,

ce sont vos restrictions du 9 8

bre

1816 qui

en a le droit. Il lui rappelle aussi qu’avec son

prédécesseur [l’amiral Cockburn], l’Empereur

sortait, et a même reçu quelques officiers

anglais à sa table : « rien n’a pu vous autoriser

à substituer à un ordre de choses raisonable

celui que vous avez établi ; […] l’Empereur

sortirait, monterait à cheval et reprendrait

la même vie, si vous rétablissiez les choses

comme elles l’étaient au moment de votre

arrivée »… Lowe, qui avait fait remarquer que

la chambre de Napoléon était trop petite,

et la propriété de Longwood « tout à fait

mauvaise », avait proposé la construction

d’une cabane de soldat en bois pour que

l’empereur puisse sortir à l’ombre : « L’Emp.

a considéré cette offre comme une moquerie

[…] si la maison est inconvenable, pourquoi

l’y laisse-t-on depuis deux ans » et ne lui en

donne-t-on pas une autre au milieu d’un

jardin, avec des arbres, de l’ombre et de

l’eau ; pourquoi le laisse-t-on « sur ce point

inculte, exposé aux vents et n’ayant rien de

ce qui peut contribuer à conserver la vie ? »…

En conséquence, si Lowe refuse de sup-

primer les restrictions d’octobre 1816, et de

rétablir les choses « au moins comme elles

l’étaient au temps de l’Amiral, l’Emp. ne peut

pas sortir, il considere et considerera cette

détermination comme une volonté de votre

part de lui donner la mort. Il est entierement

à votre disposition ; vous le faites mourir

de maladie, vous pouvez le faire mourir de

faim, ce serait un bienfait si vous le faisiez

mourir d’un coup de fusil ». Il n’y a plus de

temps à perdre avant qu’il ne soit trop tard :

« un cri d’indignation s’élèvera parmi tous les

peuples, car il est ici plusieurs centaines de

personnes français, anglais et étrangers qui

témoigneront de tout ce qu’on a fait pour

mettre fin à la vie de ce grand homme. […]

Voulez-vous ou non tuer l’Empereur ? Si

vous persistez dans votre conduite, vous

aurez vous-même prononcé l’affirmative et

malheureusement le but sera probablement

atteint après quelques mois d’agonie »…

On joint

la copie de la main de Bertrand

d’une apostille écrite par Napoléon le 23

novembre 1817, au dos d’une lettre d’Hudson

Lowe du 18 novembre, dans laquelle l’Em-

pereur dénonce les mensonges de Lowe et

ses mauvais traitements…

ont commencé à être mises à execution six

semaines après votre arrivée, que ces res-

trictions contiennent entre autres la defense

de parler et d’écouter les personnes qu’on

rencontre et d’entrer dans aucune maison,

ce qui lui fait penser que votre attention était

de le compromettre avec des sentinelles, et

d’outrager son caractère ». Lowe ayant fait

observer que cette partie des restrictions

avait été supprimée, Bertrand argumente

violemment en soulignant le caractère éphé-

mère de cette suppression, puisque Lowe

continue à s’arroger le droit de les rétablir

à tout moment. De plus les restrictions du 8

octobre 1816 « contiennent d’autres parties

tout aussi outrageantes ». De plus, celles du

14 mars 1816 ajoutent qu’il n’a pas le droit

de sortir d’un chemin de 12 pieds de large,

ce qui implique que si l’Empereur en sortait

ou entrait dans une maison, « les sentinelles

pourraient lui tirer un coup de fusil. L’Em-

pereur ne doit pas reconnaitre un si ignoble

traitement ». D’ailleurs plusieurs Anglais de

passage sur l’île ont reconnu qu’un homme

d’honneur, au vu de ces conditions, ne peut

que les refuser ; de même tous les officiers

de cette colonie trouvent ces restrictions

« injustes, inutiles et oppressives, et […] tous

à la place de l’Empereur feraient comme

lui et considereraient une pareille faculté de

sortie, comme un empêchement absolu »… Il

lui rappelle que d’après le «

bill

du Parlement

du 11 avril 1816, vous n’avez pas le droit de

faire des restrictions » ; seul le gouvernement