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51

Histoire

et Français, souvent à côté les uns des autres avaient également part

à sa sollicitude »…

Officier en 1807, il entre au 63

ème

de ligne et fait la campagne d’Es-

pagne sous les ordres de l’énergique MOUTON-DUVERNET. Par-

ticipant à de nombreux combats de la terrible guerre d’Espagne,

il est fait prisonnier à Badajoz lors du blocus contre les Anglais et

est emmené en captivité en Grande-Bretagne jusque en 1812. Peu

après il est nommé aide de camp du général baron de La Briche. Il

participe à la Campagne de France contre l’Europe coalisée. Après

les dernières actions de l’armée impériale dans l’Aube, le colonel,

envoyé en mission, assiste à la défaite de Paris et à la reddition de

Napoléon. Dès lors il se rallie à Louis XVIII, et c’est en simple témoin

qu’il assiste aux Cent Jours et à la bataille de Waterloo. Sa carrière

militaire se poursuit sous la Restauration. Il s’illustre encore dans de

nombreux combats, lors de l’expédition d’Espagne, où il gagne le

grade de lieutenant-colonel, jusqu’à la révolution de Juillet, où il est

limogé, à l’âge de 45 ans.

Citons encore le vivant récit de la bataille de Medellin [28 mars 1809],

sous le commandement du maréchal VICTOR duc de Bellune, où

les Français firent face à des troupes espagnoles plus nombreuses,

mais moins aguerries. « Notre tactique devait donc se réduire à

concentrer nos forces, dans le but d’épier une première faute, et

de la mettre à profit. […] Toujours disposés à se flatter, les Espagnols

ne doutaient pas un instant, qu’appréciant la position critique dans

laquelle il s’était engagé, le général français ne cherchât son salut dans

une fuite précipitée. En toute hâte, ils descendent des hauteurs de

Don-Benito, craignant déjà de ne pouvoir nous attendre. Plus nous

nous retirons, plus leur ardeur augmente ; en peu de temps, ils ont

envahi la plaine, parcouru un grand espace, continuant à s’avancer,

faisant de nouveau retenir l’air des cris de mort aux prisonniers.

Mais l’illusion touche à son terme… À la voix du Maréchal, l’armée

s’arrête, fait volte-face, les trompettes sonnent, les tambours battent

la charge, on attaque sur tous les points, et sur tous les points, l’Es-

pagnol lâche pied. Vers la gauche, le 63

e

appuyé de deux régiments

de cavalerie, marche également à l’ennemi, qui fait sa décharge à

bout portant. Le premier rang de nos compagnies est couché par

terre, et ne se relève plus… Mais jamais premier avantage ne coûta

plus cher, jamais témérité ne fut plus rudement expiée. L’ennemi n’a

pas le temps de rechercher ses armes que déjà nous l’abordons et

rien qu’à l’arme blanche… Fantassins, chasseurs et dragons, ne font

qu’une masse, devant laquelle tout doit céder. À l’instant, même leur

ligne est enfoncée, le ravage dans ses rangs, le pêle-mêle devient

complet, ce n’est bientôt qu’un horrible carnage, une boucherie dont

le souvenir seul fait frémir. Qu’on se rappelle seulement nos sapeurs

devançant les bataillons, maniant la hâche comme le Mamelouk son

cimeterre, d’un seul coup abattant les têtes, et les faisant tomber à

leurs pieds !... Et ce jeune officier, se jetant dans mes bras pour obtenir

merci ! »… On ne fit aucun prisonnier, pendant le premier choc : « Sur

1200 baïonnettes du 63

e

, 300 furent tordues ! »…

Provenance

Ancienne collection du vicomte Edmond de

BOISLECOMTE

(1849-

1923) avec sa signature sur la page de titre.

On joint

un petit dossier de brouillons du vicomte de Boislecomte

d’une notice biographique sur Beauval pour la publication des « Treize

mois de captivité ».