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Histoire

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SADE Donatien-Alphonse-François,

marquis de

(1740-1814) écrivain et

libertin.

L.A.S. « de Sade », [La Coste vers

1775 ?], à son fermier François

RIPERT ; 4 pages in-4.

1 500 / 2 000 €

Sur le choix d’un garde, et plaintes contre

un valet de son oncle l’abbé

.

Il explique ce qu’il souhaite comme garde :

« je ne veux ni soldat, ni tapageur, ni

debauché, ni jeunes gens, je veux un bon

paisan, bien rustre, bien lourd, et surtout d’un

certain age » ; il se plaint du précédent, jeune

dégourdi « qui des le premier soir etoit déjà

a caresser les filles du château »… Il se plaint

de Le Fèvre qui est chez son oncle l’abbé à

Saumane : « puisque ce petit drôle la oublie

les complaisances et les attentions que j’ai

eu pour lui pendant quil etoit chez moi et

que l’emploi

d’ami du prince ou macrost

quil exerce en chef chez M. l’abbé de Sade

lui fait oublier ce qu’il me doit », il prie Ripert

de « vexer et mâter rudement sa famille dans

toutes les occassions que vous en trouverez

et comme fermier et comme viguier ; […] il

est de certaines occassions ou il ne faut se

faire aucun scrupule de faire rentrer les gens

en eux meme et ou c’est meme un service à

rendre de leur apprendre ce qu’ils se doivent

et ce qu’ils doivent aux autres »…

gens la sont des monstres, je vous l’assure

ma chere tante et le plus grand malheur de

ma vie est de m’y etre allié, j’ai aquis en les

épousant beaucoup de cousins banquerou-

tiers, quelques marchands du pont neuf, une

couple de pendus, et pas une protection, pas

un ami, pas un individu honête ; les scelerats

travaillent à me ruiner maintenant qu’ils ne

peuvent plus m’enfermer ».

On veut le séparer de sa femme et récupérer

l’argent de sa dot. Il redoute de finir comme

son père, délaissé et abandonné. « Pas un

de ces plats coquins la, excepté mes enfants

dont je n’ai qu’à me louer, pas un dis-je ne

m’a seulement tendu la main quand je suis

sorti de prison, je me suis trouvé au milieu

de Paris avec un louis dans ma poche, sans

savoir où aller manger et dormir ». Il a trouvé

partout porte fermée « principalement chez

ma femme, ce qui est le comble de l’hor-

reur ». Il a perdu ses affaires, et surtout « plus

de quinze volumes d’ouvrages manuscrits

de ma composition fruits des travaux de

ma solitude » qu’on l’a empêché de prendre

avec lui quand on est venu le chercher à la

Bastille pour le mettre dans une autre prison,

« de peur que je n’eusse ma liberté à cette

époque […] ils n’ont jamais voulu que je prisse

mes effets avec moi ; ils ont fait mettre le

scellé sur la porte, huit jours après est venu

le siege, ma chambre a été enfoncée et j’ai

tout perdu, … des ouvrages precieux, le fruit

du travail de quinze ans je n’ai rien sauvé…

et tout cela par la faute de ces miserables

coquins dont j’espere que Dieu me vengera

un jour »…

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SADE Donatien-Alphonse-François,

marquis de

(1740-1814) écrivain et

libertin.

L.A.S. « de Sade », 22 avril [1790],

à sa tante Gabrielle-Éléonore de

SADE (abbesse de Saint-Benoît de

Cavaillon) ; 3 pages in-4.

2 500 / 3 000 €

Longue lettre à sa sortie de Charenton,

fustigeant violemment sa belle-famille et

évoquant ses années de prison et la perte

de ses manuscrits à la prise de la Bastille

.

[Le 2 avril, Sade est libéré de Charenton, à

la suite du décret abolissant les lettres de

cachet ; le 9 juin, à l’instigation de la famille

de Montreuil, la séparation de corps est

prononcée entre Sade et son épouse.]

Sade informe sa chère tante : « je viens d’ob-

tenir ma liberté » ; des « affaires majeures » le

retiennent à Paris, où il reçoit des « chagrins

violens » de la part de la famille de MON-

TREUIL : « ils se seraient alliés au fils d’un

charetier quils nauraient pas pour lui des

procédés plus atroces et plus humilians, j’ai

des torts avec eux, soit, mais dix-sept de

malheur dont treize ans consécutifs dans

les deux plus horribles prisons du royaume…

dans des prisons où l’on m’a fait souffrir tous

les tourmens qui peuvent s’imaginer ; cet

assemblage, dis-je de supplices et de revers

n’a t-il pas du expier des torts… qui dans le

fait leur appartenaient plus qu’à moi… Ces