Le grand héros de ces feuillets d’histoire, c’est bien évidemment
Napoléon, qui occupe largement les pages centrales de ce catalogue.
L’épopée napoléonienne revit, à travers les documents, de l’enfance
à la mort. Tout commence avec la généalogie des Buonaparte, que
Charles, le père, compile pour prouver la noblesse de sa famille.
Le jeune Napoléon écrit un roman, dont on lira ici le début, puis se
fait remarquer aux journées de Vendémiaire. Tout juste marié, il part
pour la glorieuse campagne d’Italie, d’où il envoie à Joséphine des
lettres ardentes. Les campagnes napoléoniennes sont évoquées par
les lettres ou les souvenirs de ses maréchaux, généraux, officiers ou
soldats, comme la belle correspondance du général Bertrand à sa
femme où l’on suit presque au jour le jour la Campagne de France,
ou les « lettres de cantinières » ornées de pittoresques vignettes
colorées. Après l’île d’Elbe, sur laquelle flotte un exceptionnel
drapeau conçu par Napoléon lui-même, et les Cent Jours, c’est
la déportation à Sainte-Hélène à bord du
Northumberland
(dont
on a ici le livre de bord). Là, le proscrit trompe son ennui en
apprenant l’anglais avec Las Cases, dicte ou rédige lui-même ses
souvenirs sur le Directoire ou sur ses campagnes, ou prépare avec
Bertrand un volumineux
Essai sur la fortification de campagne
.
La correspondance de Montholon avec sa femme, ainsi que les
manuscrits de leurs mémoires, livre un témoignage passionnant sur
la fin de vie de l’Empereur, qui s’achève sur l’annonce de sa mort, et
la copie de son testament.
La famille proche est évoquée par de jolies lettres de Joséphine,
la belle correspondance de Marie-Louise avec sa dame d’atours ;
nous assistons en direct à la naissance du Roi de Rome par les
soins du Dr Dubois. Signalons encore l’importante et attachante
correspondance de la Reine Hortense à son amie d’enfance Églé
Auguié, épouse du maréchal Ney, sur une trentaine d’années.
Le catalogue s’ouvre par un chapitre commençant à la fin du XIV
e
siècle, par Charles VI, avec de belles lettres de rois et reines,
ministres et guerriers, saints, ou libertins comme le marquis de
Sade, et s’achevant sur des brouillons de Mme Vigée-Lebrun pour
ses mémoires ; sans oublier le beau dessin de Monnet représentant
le Dauphin avec ses enfants qui allaient tous trois devenir rois de
France.
Des personnages de la Révolution, on retiendra l’exceptionnel
manuscrit du roman de Jean-Paul Marat,
Les Aventures du jeune
comte Potowski
, aux côtés d’une des très rares lettres connues
de sa meurtrière, Charlotte Corday ; les débuts du jeune avocat
Robespierre ; et la vibrante et poignante plaidoirie de Camille
Desmoulins pour sa défense contre les accusations de Saint-Just.
Au XIX
e
siècle, on retiendra deux remarquables correspondances
pour l’histoire des idées : Lacordaire à Mme Swetchine dans le
domaine religieux, Proudhon à ses éditeurs Garnier frères dans le
domaine politique ; le travail de Tocqueville pour l’élaboration de
la Constitution de 1848, et l’ardente défense du suffrage universel
par Lamartine ; le passionnant journal de voyage de Ferdinand de
Lesseps en Égypte, pour décider du percement du canal de Suez ;
les grands portraits de Napoléon III et Eugénie ; la correspondance
amoureuse du Tsar Alexandre III ; le journal-mémorandum de Victor
Schoelcher.
À l’aube du XX
e
siècle, les articles de Jean Jaurès pour
L’Humanité
côtoient les macabres carnets du bourreau Deibler, le manuscrit
de la chanson
Lili Marleen
, une machine Enigma, un discours de
Fidel Castro, et un bel ensemble de lettres du général de Gaulle. Des
écrivains jettent leur regard sur l’histoire : Anatole France écrivant sa
Vie de Jeanne d’Arc
, Drieu la Rochelle et
Mesure de la France
, Gide
saluant la révolution russe, Malraux et ses
Antimémoires
.
Ce ne sont là que quelques-uns des trésors que l’on découvrira en
feuilletant ces pages d’histoire.
Thierry Bodin
1
Feuillets d’histoire
CATALOGUE N°18