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Histoire
Ceci montre « dans quel dédale se jette un gouvernement qui change
la constitution et les lois d’un pays. L’usage voulait que l’écrivain
condamné fût regardé comme délinquant politique ; la loi de 1852 a
changé cela ; bien mieux, à l’aide d’une équivoque infâme, on affecte
de me confondre avec les condamnés en vertu des articles 287 et 477
du code pénal »…
1
er
septembre
. Proposition d’une série d’opuscules :
« je redoublerai d’attention pour me mettre hors de la partie du par-
quet », et il cherchera un prête-nom pour éditeur, s’ils courent avec
lui « l’aventure d’une nouvelle publication »…
Ixelles-lès-Bruxelles 14
novembre
. Il est tenté par une proposition de Sainte-Beuve de faire
une série d’études sur les célébrités de ce siècle… « Le bruit court ici
qu’un
haut personnage
a trouvé fort mauvais que M. Ledru-Rollin fût
exclu de l’amnistie, et qu’on va régler cette affaire-là. […] Si M. L. Rollin,
qu’on avait dit exclu, se trouve amnistié, je me demande si je resterai
seul en dehors, moi qui n’ai conspiré qu’avec ma plume, contre les
jésuites »…
25 mars
1860
. Proposition de publier un nouvel ouvrage,
La Guerre et la Paix
, sur les principes du Droit des Gens : « Comme
je ne parle ni de la religion, ni de l’Église, ni de l’Empereur et de sa
politique, ni de l’armée, mais tout simplement de Droit, et d’Histoire,
j’ai tout lieu de croire que mon travail, intéressant et instructif, plaira
à tout le monde »…
19 décembre
. Il reçoit avis officiel de la remise
entière de sa condamnation ; il est libre de rentrer. Proposition d’un
opuscule « sur le
libre amour
. C’est une discussion sur le mariage,
la femme, etc., à l’adresse du Père ENFANTIN et consorts, et dans
laquelle il n’y a ni politique, ni même de théologie »…
Ixelles 29 janvier
1862
. « Je souffre du cerveau comme en 1856 et 1857,
ce qui m’oblige, à mon bien grand regret, de suspendre une foule de
travaux commencés »… Mais il a lu et annoté des volumes de Pétrone
et Ovide, et souhaite lire Catulle, Tibulle et Properce…
11 mars
. Les
Garnier ont demandé des corrections sur épreuve de passages qui
pouvaient paraître constituer des attaques au gouvernement ou à la
propriété. Proudhon proteste, mais a corrigé les passages, puisqu’on
« cherche partout des allusions ». Ils ont tourné leurs lunettes de
travers, quand ils l’ont lu (il en donne des exemples) : « Songez bien
que la grande nouveauté de ma brochure est tout entière dans ce
mot :
Proudhon, défenseur de la propriété !
»…
Passy 1
er
juillet
1864
. Il se relève d’une longue maladie et doit se reposer
quelques semaines encore, puis il sera à eux : « De la
littérature
, je
vous en donnerai comme on n’en fait guère ; de la
morale
, comme
on n’en fait pas ; de l’économie politique (science pure), comme on
ne l’a pas encore soupçonnée. J’ai des études, assez intéressantes,
sur l’
art
, sur la
Bible
(question religieuse), des articles sur une foule
de sujets : pour tout cela je ne demande qu’une chose, le temps
de reprendre haleine, de liquider ma politique »… Il prépare avec
M. Duchêne une suite au
Manuel du spéculateur
…
3 novembre
.
Depuis 1848 il est « l’un de vos écrivains principaux ; vous citiez mon
nom à côté de ceux de MM.
S
te
Beuve
et
Flourens
; – vous teniez
peu aux brochures de circonstance, politiques, polémiques, ou lit-
téraires, mais vous faisiez exception en faveur de nous trois ; nous
étions vos seules
nouveautés
[…] Pourquoi m’écarter aujourd’hui ?
Pourquoi cette terreur de la politique ? Est-ce qu’un livre de moi,
misérable grand in-18, déparera votre devanture ? Vous regardez-vous
vous-mêmes comme frappés d’ostracisme ? Ne pensez-vous plus,
comme autrefois, qu’un peu de critique économico-politique de ma
façon est utile pour rompre chez vous la monotonie et placidité de
votre littérature ? »…
Provenance
Archives GARNIER frères (7 décembre 2010, n° 73).