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208

les collections aristophil

965

lesseps Ferdinand de

(1805-1894)

ingénieur et diplomate, il fit construire

le canal de Suez.

MANUSCRIT

autographe signé,

[

Journal d’Égypte

], 7 novembre

1854–7 février 1855 ; 414 pages in-8, le

tout monté sur onglets et relié en un

volume in-8 maroquin brun et bleu

traversé d’un filet doré, titre en lettres

anglaises dorées sur le plat sup.,

doublures et gardes veau fauve, étui

(

Alix

).

15 000 / 20 000 €

Précieux manuscrit du journal du voyage

en Égypte qui décida du percement du

canal de Suez

.

Le manuscrit fut expédié en six fois. Les deux

premiers envois sont signés ; les troisième

et quatrième sont accompagnés de lettres

d’envoi à sa famille.

Le

Journal

s’ouvre à la date du 7 novembre

1854. « Le Lycurgue jette l’ancre à 7

h

1/2 du

matin dans le port d’Alexandrie. Mon ami

RUYSSENAERS

consul g

al

de Hollande vient

le long du bord avant qu’on nous ait donné

l’entrée m’annoncer que S.A. le Vice-Roi

m’a fait préparer une maison de campagne

et que sur son insistance il avait dû renoncer

à me recevoir lui même chez lui comme

il l’espérait. Dès que nous fûmes admis

en libre pratique un officier de la Maison

Égyptienne conduisant le propre canot du

Prince monté par seize rameurs accosta le

Lycurgue, l’officier avait ordre de me conduire

à terre, je m’installai avec Ruyssenaers dans

la chambre du canot dont les bancs étaient

garnis de divans recouverts en soie rouge

brodée. Arrivé au quai Hafiz Pacha Ministre

de la Marine m’attendait et m’accompagna

jusqu’à la voiture envoyée par le Vice-Roi, il

me dit que S.A. m’engageait à me rendre à

la villa, située à une lieue d’Alexandrie […] et

qu’il me verrait vers midi avec grand plaisir.

Je montai en voiture soutenu sous chaque

bras par deux coureurs (Saïs) qui suivirent

en courant à pied aux deux portières ; nous

nous mîmes en marche précédés de Kawas

à cheval distinction habituellement réservée

au Vice-Roi et qui n’est même pas accordée

aux Princes de sa famille »…

La suite du

Journal

, riche en observations

sur le cadre exotique (meubles, habits, ves-

tiges antiques, campements, mœurs), et en

impressions sur les nombreux Égyptiens et

Européens que Lesseps rencontre, raconte

le voyage de l’ingénieur avec le Vice-Roi à

travers le désert, leur séjour au Caire, les

manœuvres diplomatiques et discussions

d’affaires, l’exploration de l’isthme de Suez,

son examen attentif des sites (avec références

bibliques), la navigation sur le Nil, enfin son

voyage d’Alexandrie à Smyrne, où il arrive

le 7 février 1855.

Après un séjour d’une semaine à Alexandrie,

Lesseps part pour Le Caire, sur un cheval

dont le Vice-Roi lui a fait cadeau. La pre-

mière mention du canal figure à la date du 15

novembre, aux ruines de Maréa à Gheil. Ayant

« préparé » le Vice-Roi par des conversations

générales, à reconnaître l’intérêt qu’il y a à

faire exécuter par des compagnies financières

les grands travaux d’utilité publique, il le

rejoint en fin de journée. Mohammed Saïd

l’accueille affectueusement. « Nous étions

seuls ; l’ouverture de la tente nous laissait

voir le beau coucher de ce soleil dont le lever

m’avait si fort ému le matin. Je me sentais

fort de mon calme et de ma tranquillité dans

un moment où j’allais aborder une question

bien décisive pour mon avenir. Mes études

et mes réflexions sur le canal des deux mers

se présentaient clairement à mon esprit et

l’exécution me semblait si réalisable que je

ne doutais pas de faire passer ma conviction

dans l’esprit du Prince »… Le Vice-Roi, après

quelques questions, accepte le projet du

Français et fait appeler des généraux pour

écouter « les propositions de

son ami

 » ; ses

conseillers approuvent le projet sans y com-

prendre grand-chose. Là-dessus, on apporte

le plateau du dîner : « nous plongeâmes nos

cuillers dans une même gamelle d’argent

qui contenait, ma foi, un excellent potage.

Tel est le fidèle récit de la plus importante

négociation que j’aie jamais faite et que je

ferai jamais »…

Lesseps raconte chaque jour la suite du

voyage, les discussions sur le projet de

canal. Il arrive le 24 au Caire ; le lendemain,

Mohammed-Saïd annonce officiellement

son intention de faire creuser un canal à

travers l’isthme de Suez, sous la direction de

Ferdinand de Lesseps. Lesseps rapporte en

détail ses discussions presque quotidiennes

avec le Vice-Roi sur le projet, sur la com-

pagnie chargée des travaux, etc. Excursions