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Histoire
qu’il a traversés prouve que son voyage de
Rome n’a pas été sans fruit…
18 décembre
.
Sa
Lettre sur le Saint-Siège
est sous presse,
allégée des pages relatives à Lamennais, qui
aujourd’hui seraient intempestives. « L’affaire
de Cologne et les préventions que j’ai ren-
contrées dans plusieurs esprits distingués
contre le S
t
-Siège, m’ont déterminé à cette
publication »…
1849
.
Paris 9 avril
. Il a répondu non à l’abbé
Serres : « Si j’avais une prédication lisible,
je la devrais à M. le curé de S
t
-Séverin […],
qui avait affiché mon discours dans tout
Paris, et qui cependant a dû y renoncer par
suite des ordres de M. l’archevêque, celui-ci
m’ayant retenu d’autorité pour lui-même »…
Il est d’ailleurs insensible au motif personnel
de son amie : « Le P. Senaillard a tout ce
qu’il faut pour se concilier la paroisse de
S
t
Thomas d’Aquin, et s’il n’y réussit pas, la
chose m’est parfaitement égale. Il en sera
ce qu’il plaira à Dieu. Je ne méprise pas le
moins du monde le faubourg S
t
Germain ; j’y
ai quelques amis, et si jamais une occasion
naturelle et prévue d’y annoncer la parole
de Dieu se présente à moi, je la saisirai de
grand cœur »…
Flavigny 12 mai
. Consternation
à propos de l’expédition de Rome : « Voilà
donc, à moins d’une transaction inespérée, le
Saint Père qui ne rentrera à Rome que der-
rière les baïonettes françaises, autrichiennes,
napolitaines, et peut-être après beaucoup
de sang versé ! L’Italien ne semble trouver
un peu de courage que pour lutter contre le
règne du meilleur des pontifes. Tandis que
Florence, par un mouvement spontané, a
rappelé son Grand Duc, Rome laisse ses
rues et ses portes se couvrir de moyens de
défense contre une armée française, parce
que cette armée a pour but de ramener PIE
IX en souverain temporel de Rome. Quelle
triste victoire, et quelles suites ! Voilà où
nous ont amené ceux qui ont refusé leur
concours à Pie IX pour les réformes que
toute l’Europe réclamait. Pie IX était le salut
de Rome ; on l’a méconnu ; on l’a laissé
vaincre par la démagogie ; et maintenant la
démagogie vaincue laisse voir derrière elle
des difficultés qu’une réintégration violente
ne diminuera certainement pas. Bien des
esprits vont s’accoutumer à la pensée que
le
gouvernement clérical
, selon l’expression
du général Oudinot, est désormais impos-
sible à Rome »…
4 juillet
. « Tout, à Rome, en
France, en Allemagne, semble tendre à une
restauration qui ne restaure rien, et où tout au
plus la religion obtiendra des gouvernements
quelque légère diminution de l’horrible ser-
vitude qui pèse sur elle. Pie IX sera relégué
dans un couvent ; nous aurons un pape
autrichien, qui fera des Encycliques contre
toutes les tendances modernes ; les rois
repousseront les branches de l’absolutisme,
comme l’unique contrepoids aux fureurs de
la démagogie ; les bourgeois applaudiront
par peur, le clergé par espérance. On tirera
le canon des Invalides et du Kremlin pour
annoncer au monde l’ère de l’ordre, de la
paix, de la religion, une ère éternelle, d’autant
mieux assise qu’il y aura eu dislocation de
tous les vieux partis suivie du mépris pour
tous »… Pourtant, telle ne sera pas la solution :
Dieu a donné aux sages, aux rois et aux partis
la démonstration de leur impuissance, « pré-
lude d’un coup d’État divin »… Et d’envisager,
dans des termes violents, un Pie IX détrôné,
« agneau de cette Pâques nouvelle », et les
conséquences de l’antichristianisme pour
l’Italie, l’Autriche, la Prusse et la France…
Nancy 10 août
. Sur le projet, encore secret,
d’établir leur ordre dans l’ancienne maison
des Carmes…
30 août
. « Ce qui manque à
notre pauvre église de France, c’est l’unité :
dès qu’on entreprend quelque chose qui
dépasse la limite des forces d’un diocèse, on
patauge dans la chimère et le néant. C’est un
singulier état. Il paraît cependant que nous
allons avoir quelques conseils provinciaux,
et il est grand temps »…
10 octobre
. « L’af-
faire des Carmes est terminée. Il n’y a plus
que des préparatifs à faire pour la prise de
possession. La divine Providence a fait les
choses encore mieux que je ne comptais »…
On joint
10 L.A.S. à Alfred de FALLOUX [qui
procura la première édition de la corres-
pondance entre Lacordaire et Swetchine],
1849-1861 (10 p. in-4 ou in-8, qqs adresses),
et 5 L.A. (2 signées, une incomplète) de Mme
SWETCHINE à Lacordaire, 1837-1856 (4 p.
in-4 ou in-8 chaque). Plus un « Petit cordon
de soie qui attachait les lettres du P. Lacor-
daire à M
e
Swetchine » (enveloppe étiquetée).