Previous Page  199 / 236 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 199 / 236 Next Page
Page Background

197

Histoire

957

JAURÈS Jean

(1859-1914) homme politique.

3 manuscrits autographes signés « Jean Jaurès », [avril-

septembre 1905] ; 12 pages et demie et 15 pages et demie

in-fol., et 23 pages in-4.

3 000 / 4 000 €

Trois articles parus dans

L’Humanité

sur le socialisme

.

Tout le socialisme

(28 avril 1905). Réaction à un article de M. Bour-

deau qualifiant « de “socialisme hybride” l’organisation socialiste qui

vient d’être constituée par le Congrès d’unité. […] Ce qu’il dénonce

comme une équivoque est la loi même d’un organisme supérieur

qui va se compliquant à mesure même qu’il se développe et qu’il se

perfectionne. De plus en plus, le parti socialiste devient un parti de

classe : d’abord, parce que l’extension de l’industrie, et de la grande

industrie, élargit le prolétariat ouvrier dont la conception nettement

communiste s’oppose à tout le système de propriété capitaliste indi-

viduelle ; en second lieu, parce que les ouvriers, par la coopérative

prolétarienne, le syndicat, la Bourse du Travail, la Confédération du

Travail, développent leur organisation économique, et que cette

organisation, où l’élément ouvrier est exclusif de tout autre, réagit

naturellement sur l’action politique socialiste et la marque d’un carac-

tère toujours plus net. Mais le parti socialiste, en même temps qu’il

devient toujours plus clairement et. plus fortement un parti de classe,

est mis nécessairement en contact, par sa croissance même, avec

tel milieu démocratique agité, compliqué et mouvant. Entre lui et la

démocratie, deux ordres de rapports s’établissent et s’étendent. Le

prolétariat, devenu une force politique, utilise et défend les moyens

d’action que la démocratie lui offre, les libertés, d’abord incomplètes,

qui favorisent son effort social. Et en second lieu, quand le prolé-

tariat, par son action propre, a revendiqué fortement une réforme,

quand il a conduit cette réforme à être ressentie comme un besoin

organique profond par toute la classe ouvrière, la non-satisfaction

de. ce besoin devient une souffrance, et un malaise, non seulement

pour le prolétariat lui-même, mais pour la démocratie presque tout

entière. Le jour viendra, par exemple, où la réduction légale de la

journée de travail à huit heures, apparaîtra comme une nécessité

vitale, non seulement pour les prolétaires, mais pour l’ensemble de

la nation »... Etc.

La peur du socialisme

(7 juillet 1905). Après l’interdiction d’une

réunion à Berlin, où Jaurès voit « un des signes les plus décisifs de

la croissance du socialisme, de la valeur grandissante de son rôle

national et international. […] cette interdiction même prouve la force

de l’Internationale prolétarienne dont on ne peut plus arrêter un

moment l’action que par des coups de force ». Les gouvernements

« en arrivent, en haine du socialisme, à dénoncer comme une classe

de trahison la grande classe productrice, cet immense prolétariat

ouvrier qui est la force et aussi la lumière des nations modernes. […]

ce ne sont pas seulement les prolétaires, ce sont tous les hommes

épris de paix internationale et de sagesse qui seront sévères pour les

gouvernements d’autorité qui répriment les manifestations contre la

guerre. Le parti socialiste européen, devenu ainsi le seul parti efficace

et agissant de la paix, recrutera par millions de nouveaux adeptes.

[...] Le socialisme international ne connaît point les puérils dépits : il

est sûr de son œuvre et de l’avenir ».

Bons apôtres et bons conseils

(27 septembre 1905). « II ne paraît

pas, aux élections de Dimanche dernier, que l’âpre polémique de M.

CLEMENCEAU contre le socialisme ait eu beaucoup d’action. Partout,

et là même où son influence pouvait s’exercer le plus largement, il a été

impuissant à arrêter l’irrésistible progrès de la démocratie socialiste.

Et il est certain désormais que c’est avec une force accrue et avec un

admirable élan que le prolétariat abordera la bataille des élections

générales. Il engagera hardiment dans les voies du socialisme la

République toujours défendue par lui contre la réaction nationaliste

et cléricale. […] la réaction est épouvantée de la sûreté avec laquelle le

parti socialiste marche à la conquête légale du pouvoir politique et du

suffrage universel, et de la fermeté avec laquelle, dans sa croissante

affirmation communiste et prolétarienne, il défend la République de

démocratie et de laïcité. Que le prolétariat redouble donc de vigueur

et d’élan dans la conquête socialiste du terrain électoral, et qu’il

signifie sans cesse à la réaction qu’au second tour de scrutin toutes

les forces socialistes donneront contre elle ».