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Histoire
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JAURÈS Jean
(1859-1914) homme politique.
3 manuscrits autographes signés « Jean Jaurès », [avril-
septembre 1905] ; 12 pages et demie et 15 pages et demie
in-fol., et 23 pages in-4.
3 000 / 4 000 €
Trois articles parus dans
L’Humanité
sur le socialisme
.
Tout le socialisme
(28 avril 1905). Réaction à un article de M. Bour-
deau qualifiant « de “socialisme hybride” l’organisation socialiste qui
vient d’être constituée par le Congrès d’unité. […] Ce qu’il dénonce
comme une équivoque est la loi même d’un organisme supérieur
qui va se compliquant à mesure même qu’il se développe et qu’il se
perfectionne. De plus en plus, le parti socialiste devient un parti de
classe : d’abord, parce que l’extension de l’industrie, et de la grande
industrie, élargit le prolétariat ouvrier dont la conception nettement
communiste s’oppose à tout le système de propriété capitaliste indi-
viduelle ; en second lieu, parce que les ouvriers, par la coopérative
prolétarienne, le syndicat, la Bourse du Travail, la Confédération du
Travail, développent leur organisation économique, et que cette
organisation, où l’élément ouvrier est exclusif de tout autre, réagit
naturellement sur l’action politique socialiste et la marque d’un carac-
tère toujours plus net. Mais le parti socialiste, en même temps qu’il
devient toujours plus clairement et. plus fortement un parti de classe,
est mis nécessairement en contact, par sa croissance même, avec
tel milieu démocratique agité, compliqué et mouvant. Entre lui et la
démocratie, deux ordres de rapports s’établissent et s’étendent. Le
prolétariat, devenu une force politique, utilise et défend les moyens
d’action que la démocratie lui offre, les libertés, d’abord incomplètes,
qui favorisent son effort social. Et en second lieu, quand le prolé-
tariat, par son action propre, a revendiqué fortement une réforme,
quand il a conduit cette réforme à être ressentie comme un besoin
organique profond par toute la classe ouvrière, la non-satisfaction
de. ce besoin devient une souffrance, et un malaise, non seulement
pour le prolétariat lui-même, mais pour la démocratie presque tout
entière. Le jour viendra, par exemple, où la réduction légale de la
journée de travail à huit heures, apparaîtra comme une nécessité
vitale, non seulement pour les prolétaires, mais pour l’ensemble de
la nation »... Etc.
La peur du socialisme
(7 juillet 1905). Après l’interdiction d’une
réunion à Berlin, où Jaurès voit « un des signes les plus décisifs de
la croissance du socialisme, de la valeur grandissante de son rôle
national et international. […] cette interdiction même prouve la force
de l’Internationale prolétarienne dont on ne peut plus arrêter un
moment l’action que par des coups de force ». Les gouvernements
« en arrivent, en haine du socialisme, à dénoncer comme une classe
de trahison la grande classe productrice, cet immense prolétariat
ouvrier qui est la force et aussi la lumière des nations modernes. […]
ce ne sont pas seulement les prolétaires, ce sont tous les hommes
épris de paix internationale et de sagesse qui seront sévères pour les
gouvernements d’autorité qui répriment les manifestations contre la
guerre. Le parti socialiste européen, devenu ainsi le seul parti efficace
et agissant de la paix, recrutera par millions de nouveaux adeptes.
[...] Le socialisme international ne connaît point les puérils dépits : il
est sûr de son œuvre et de l’avenir ».
Bons apôtres et bons conseils
(27 septembre 1905). « II ne paraît
pas, aux élections de Dimanche dernier, que l’âpre polémique de M.
CLEMENCEAU contre le socialisme ait eu beaucoup d’action. Partout,
et là même où son influence pouvait s’exercer le plus largement, il a été
impuissant à arrêter l’irrésistible progrès de la démocratie socialiste.
Et il est certain désormais que c’est avec une force accrue et avec un
admirable élan que le prolétariat abordera la bataille des élections
générales. Il engagera hardiment dans les voies du socialisme la
République toujours défendue par lui contre la réaction nationaliste
et cléricale. […] la réaction est épouvantée de la sûreté avec laquelle le
parti socialiste marche à la conquête légale du pouvoir politique et du
suffrage universel, et de la fermeté avec laquelle, dans sa croissante
affirmation communiste et prolétarienne, il défend la République de
démocratie et de laïcité. Que le prolétariat redouble donc de vigueur
et d’élan dans la conquête socialiste du terrain électoral, et qu’il
signifie sans cesse à la réaction qu’au second tour de scrutin toutes
les forces socialistes donneront contre elle ».