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les collections aristophil
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HUMBOLDT Alexandre von
(1769-1859) voyageur et
géographe.
23 L.A.S. « Humboldt » ou « Hlt », Paris [vers 1820-1825] et
Weimar 1826, à la marquise de
MONTCALM
à Paris
; 3
pages in-4 et 43 pages in-12, quelques adresses (mouillures
et taches).
8 000 / 10 000 €
Belle et riche correspondance mondaine, scientifique et politique
lors de son séjour parisien, et intéressante lettre sur son retour
en Allemagne
.
[Armande de Richelieu, marquise de MONTCALM (1777-1832), sœur
du duc de Richelieu, fort spirituelle et très cultivée, tenait un salon
fort influent dans le Paris de la Restauration.]
Jeudi
. Hier, il a cherché M.
DELEUZE
: « J’ai pris des renseignemens
sur M.
LAMBOTIN
. C’est un marchand d’objets d’histoire naturelle et
rien de plus. M.
CUVIER
ne veut pas l’avoir cité mais M. Cuvier est
un conseiller d’État qui ne cite que les Académiciens et les savans
titrés ». Lambotin est un homme simple « qui connaît assez bien les
minéraux »…
Mardi
. Il demande à la marquise de le recevoir « pour
vous entretenir de quelques aperçus sur la Physique du globe et la
distribution des végétaux ». Il n’a pas perdu de vue ses commissions,
« mais ne voulant mettre dans le secret de votre aimable confiance
ni Mr Cuvier ni Mr Deleuze, j’ai dû chercher, avec prudence. J’ai
trouvé le botaniste, c’est un jeune Professeur allemand mon colla-
borateur et un des hommes les plus forts dans sa partie. […] Après la
botanique nous nous occuperons l’hiver de l’histoire des animaux,
de leur organisation, de la respiration »…
Vendredi
. Il viendra prendre
les ordres de la marquise, « si toutefois le
Calife Omar
ne brûle en
attendant les livres qui traitent des différentes races d’hommes, livres
qui ne laissent pas d’être interprétés très audacieusement par les
hérétiques au-delà du Rhin »…
Samedi
. « J’ai réussi ce matin à me
procurer les plus nouveaux ouvrages et gravures sur l’Inde, Persépolis
et ce que les hommes ont fait de plus anciens ; et comme il est dit
que les savans n’oublient jamais le
moi
et que toutes mes phrases
commencent par ce même mot qu’on doit éviter,
je
dirai encore
que j’espère pouvoir, quelques heures, vous distraire de vos cruels
ennuis »…
Mardi
. « Je vais vous demander la grace de m’indiquer
quelques-unes de ces matinées que vous accordiez quelquefois à
mon jeune ami dont les
patates
et les
importantes bractées
vous
ont fait fournir la loi des élections, celle de la liberté de la presse
dont Mr Simeon nous vante la douceur, ces jesuites dont l’Empereur
ALEXANDRE ne veut plus et qu’un autre gouvernement pourroit, en
ce moment, acquerir à si peu de frais, tout cela fait vos delices le
soir »…
Samedi
. Il espère « que mon zèle me procurera une de ces
petites medailles que Mr de
CORBIÈRES
annonce dans son éloquent
rapport et dont je me promets les plus grands effets dans la crise où
se trouve l’Europe. […] Vous voyez que nous autres liberaux de Berlin
nous traitons bien les Ambassadeurs lorsqu’ils aiment les
varecs
qu’ils donnent à diner aux savans et qu’ils font de petits vers contre
les
ultra
aussi longtems qu’on ne vouloit pas croire qu’ils seroient
puissans »…
Jeudi
. «
VELUTI
n’a pas été chez Mr
GÉRARD
; Mad.
GRASSINI
seule y a paru comme “un grand debris”. Mr Gerard ne
connoît pas Mr Veluti : c’est Mad
PASTA
qui a du l’amener […] Je crois
que l’action galvanique la plus facile à exercer sur Veluti partira par le
general
POZZO
et sera transmise (comme disent les Physiciens) par
Me Pasta »…
Samedi
. Il veut lui faire porter une très grande lunette :
« Peutetre auriez-vous quelque plaisir de voir une de ces soirées
Jupiter, les satellites et Saturne avec son anneau. Je guete aussi
pour vous les taches du soleil, quand elles se montreront »…
Mardi
soir
: « Moi bouder, et bouder
en faveur
de personnes que je ne
vois pas, […] moi le Physicien en chef de votre salon me revolter […]
cela seroit absurde, ingrat et niais »…
Lundi
. « Je suis plein d’espoir
pour M.
ARAGO
. Le Duc de Raguse [MARMONT] a eu ce matin une
longue explication avec Mgr le Duc d’A
NGOULÊME
. Le Prince l’a