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les collections aristophil

951

HANOTAUX Gabriel

(1853-1944)

diplomate, historien, homme

politique et ministre.

53 L.A.S. « G. Hanotaux », 1910-1916, à

une amie ; environ 165 pages in-8.

500 / 700 €

Belle et riche correspondance avec une

amie

.

Elle débute le 18 juin 1910, alors qu’il ne

connaît pas vraiment cette mystérieuse « visi-

teuse de Roquebrune », qu’il a juste aperçue ;

mais il a été ébloui par cette rencontre à

Roquebrune, et séduit autant qu’intrigué par

la beauté et les qualités de celle qu’il appelle

« Madame Raison […] très sage, très tranquille,

très bonne maman, très exacte maitresse de

maison ». Il se réjouit qu’elle se soit souvenue

de lui, et se montre très impatient de la

rencontrer… Cette correspondance amicale

et empressée, sous la protection complice

de leur amie commune Mme GERMAIN,

se poursuit les années suivantes : entre la

campagne et Paris, Hanotaux qui devient

grand-père, qui est parfois accablé de travail,

part en voyage de recherches (Belgique, Hol-

lande), ou séjourne, notamment à la saison

de la chasse, à la campagne au Pressoir

par Pargnan (Aisne), ou dans sa propriété

de l’Olivette à Roquebrune... Il s’inquiète

régulièrement de la santé de sa correspon-

dante et suit ses séjours en cure, etc. Nous

ne pouvons en donner ici qu’un bref aperçu.

1912

.

8 f

é

vrier

. Il envoie des billets pour

950

GOURGAUD Gaspard

(1783-

1852) général et baron d’Empire,

compagnon d’exil de Napoléon.

L.A.S. « Le G

l

Gourgaud », 2 août 1830,

à M. BOYARD à Varengeville ; 2 pages

et quart in-8, adresse (un bord du

f. d’adresse collé sur un feuillet de

papier vergé).

700 / 800 €

Extraordinaire lettre du compagnon de

Napoléon au lendemain de la Révolution

de Juillet, envisageant un soulèvement

populaire sous la bannière de Napoléon II

.

« Tout est très calme. Le duc d’Orléans

[LOUIS-PHILIPPE] porté au pouvoir par 5 à 6

intrigants et presque malgré lui, se consolide

au Palais Royal. Encore en ce moment avec

le nom de Napoléon 2 et de la République,

je pourrais mettre en mouvement plusieurs

milliers d’ouvriers, de ceux qui ont si vail-

lamment combattu, mais cela nuirait à la

cause nationale en mettant la désunion parmi

nous. Il est des circonstances où il faut tout

sacrifier à la patrie ». Il ne sait pas ce que

les Chambres vont faire et si la Charte sera

conservée, et incite son ami à venir à Paris

« voir tous les édifices avec des drapeaux

tricolores et les bourgeois et les militaires

avec des cocardes nationales. Vive le peuple

français ! »…

On joint

une autre L.A.S., 16 octobre 1830, à

une dame, pour la remercier d’une bourse.

assister à la séance de réception de Denys

COCHIN

à l’Académie dont il prononce le

discours…

28 février

. Anecdotes : il a déjeuné

avec

BARRÈS

, ils étaient placés en face de

JAURÈS

, très amusant… Il la somme de guérir

au plus vite : « Je n’admets pas une minute

que vous soyez malade, cela ne convient

pas à votre genre de beauté et encore moins

à votre caractère »…

8 mars

. Réflexions,

« sermon » sur la vie : « Les chaînes sont

lourdes ; mais la liberté est parfois plus

lourde encore. Dans votre solitude, vous

vous creusez vous-même […] la vie s’arrange

et c’est encore elle qui est la plus forte, en

attendant la mort qui a le dernier mot »…

24-28 septembre

. Il se sent assez déprimé :

« Je suis accablé de travail ; je n’aboutis à

rien, et je vois l’horizon assez vide devant

moi. […] Oui, je suis découragé et même

très ennuyé. […] vous savez à quel point mes

“succès” et une vie extérieure m’intéressent

peu. J’agis parce que j’ai besoin d’action.

Mais, ce n’est pas cela qui fait le fond de

moi-même. J’avais rêvé une organisation

de vie tendre, confiante, douce au cœur et

à l’esprit […] et je me suis trompé. C’est un

grand deuil que le deuil de l’espoir. Voilà

ma peine. […]

RODIN

est chez moi, je reçois

beaucoup de monde ces jours-ci ». Conseils

pour trouver un parti à sa fille aînée, qui

devient une « petite dame »…

5 octobre

,

inquiétudes sur la politique et l’économie

européenne…

7 octobre

. Il est toujours très

embarrassé pour lui donner son avis sur

la politique mondiale : « La Russie, après

s’être jetée en avant un peu inconsidérément,

paraît décidée à reculer devant l’Autriche.

S’il en est ainsi tout rentrera dans l’ordre et

l’Autriche (appuyée par l’Allemagne) aura

repris le dessus définitivement dans les

Balkans. Les petites puissances n’oseront

pas attaquer ». Il s’inquiète du silence de

l’Angleterre…

14 octobre

. La situation est

toujours aussi confuse, mais il pense que

l’Angleterre travaille avec l’Allemagne ; il

promet de soutenir la candidature du père

de son amie s’il se présente à l’Académie…

24 octobre

. Confidence de

RODIN

 : « “mes

meilleurs bustes ont été refusés ou désa-

voués par les personnes représentées ou

leurs familles” »…

1

er

novembre

. La défaite

des Turcs va compliquer les choses : « Nous

passerons par de mauvais moments – tout

en disant que j’espère toujours en la sagesse

de notre gouvernement »…

6 novembre

. Le

jeune peintre Gabriel

GIRODON,

protégé

d’Hanotaux, a fait le portrait de la dame et

de ses filles, mais elle n’en est pas satis-

faite du tout. En politique, il semble que les

choses s’arrangent « car personne ne veut

la guerre. Il y aura encore un momen de

friction entre l’Autriche & la Serbie au sujet

de l’Albanie »…

17 novembre

. Il a montré les

portraits de Girodon à

RODIN

et au sculpteur

R. Germain : leur impression à tous trois est

que ces œuvres sont pleines de mérite. Le

meilleur est son portrait, auquel Rodin trouve