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189

Histoire

949

GIDE André

(1869-1951) écrivain.

MANUSCRIT autographe, [

Un Appel

, septembre 1933] ; 3

pages in-4.

1 000 / 1 500 €

Brouillon de sa déclaration pour la commémoration de la révolution

bolchevique d’Octobre

.

Beau texte politique de Gide, écrit au moment où il commence à

s’engager publiquement aux côtés des communistes. Le manuscrit,

de tout premier jet, abondamment travaillé, comporte 34 corrections

autographes, dont un long passage de six lignes biffées parfaitement

lisibles.

Ce texte fut écrit pour le Congrès mondial de la jeunesse contre le

fascisme et la guerre, réuni à Paris les 22, 23 et 24 septembre 1933 à

la Mutualité, sous la présidence d’honneur d’Henri Barbusse, Romain

Rolland, Francis Jourdain et André Gide. L’allocution de Gide, dont

nous avons ici le premier jet qui sera remanié, fut reproduite pour la

commémoration de la Révolution d’Octobre dans

Regards

(novembre

1933),

L’Humanité

(5 novembre 1933),

Lu

(10 novembre 1933), et, enfin,

dans la

Nouvelle Revue Française

(1

er

avril 1935), avant d’être recueillie

par les soins d’Yvonne Davet dans

Littérature engagée

.

Preuve de l’importance que Gide attachait à ces pages, il les a reco-

piées dans son

Journal

à la date du 1

er

novembre 1933.

Devenu « compagnon de route » du Parti communiste, Gide participera

au Congrès des écrivains en 1935. Cet engagement culminera avec

l’invitation à visiter l’U.R.S.S. en 1936, dont on sait qu’il reviendra les

yeux décillés sur la véritable nature du régime. Le

Retour de l’U.R.S.S.

marquera avec éclat la rupture avec le stalinisme.

Mais en 1933, époque où il rédige ce texte, il est plein d’enthousiasme

pour les réalisations de la Russie soviétique. Il défend donc l’U.R.S.S.

contre les attaques dont elle est victime, en célébrant l’exemple

d’Octobre et l’espoir qu’il a fait naître dans toutes les autres nations.

« Devant la gravité des événements, le renaissement des nationalismes,

et l’arrogante glorification des vieilles idoles au nom desquelles on

mène les hommes au combat, la célébration des 16 ans de la révo-

lution russe prend une particulière [signification] ».

Le passage suivant a été biffé et supprimé de la version finale :

« Je me souviens d’avoir été pris à partie lorsque je publiai, dans

de précédentes “déclarations”, ma sympathie (et le mot me paraît

bien faible) pour l’URSS et ce qu’elle représente à nos yeux. C’était

alors que l’on discutait “le pacte à quatre”. Ce pacte allait apporter

la solution à tous les problèmes, pacifier l’Europe, concilier tous les

partis ». Puis il reprend : « Les événements ont bien vite montré l’inanité

de ces espoirs, de cette politique d’atermoiement, de concessions

réciproques, et de compromissions. Je devrai dire plus simplement :

l’inanité de la “politique”. Le grand événement russe dont nous célé-

brons l’anniversaire échappe à la politique et le dépasse. Il s’agit ici

de bien autre chose. Ceux à qui l’on refusait la parole, ont quelque

chose à dire. Leur voix ne doit pas être plus longtemps étouffée. Ce

grand cri de délivrance que l’U.R.S.S., la première, a poussé a ébranlé

la terre entière [et trouvé un écho profond dans les cœurs de tous les

peuples

biffé

]. L’écho continue et continuera de se propager »… Etc.