TAJAN - Paris. LIVRES et MANUSCRITS

TAJAN - 19 qui a fait la plus grande fortune." (Vie de Henry Brulard). "Si nous possédions encore les centaines de lettres de Stendhal à son ami, lettres à jamais disparues dans un désolant autodafé, nous aurions une vue autrement plus juste de la place unique que Félix Faure a tenu dans la vie de Beyle. Les deux amis ont passé leur jeunesse dans une intimité profonde ; Félix a eu pour son compagnon toutes les sollicitudes possibles et, pour des raisons qui sont loin d'être éclaircies mais que personnellement je pressens, il a été bassement exécuté dans la Vie de Henry Brulard alors que rien ne laissait prévoir un tel degré d'ingratitude. Beyle a maintes fois témoigné de la plus tendre affection et d'une prédilection marquée pour cet ami qu'il connaissait depuis l'enfance et en qui il avait une confiance absolue. Il ne regrettait qu'une chose chez le " best friend ", c'est ce fond de tristesse et de mélancolie qui assombrissait parfois leurs relations. (Avant-propos de Jacques Félix-Faure : "Un compagnon de Stendhal, Félix Faure, pair de France". Aran, Éditions du Grand chêne, 1978). Ce titre est particulièrement important dans la bibliothèque de Félix Faure car le roman est inspiré d'un fait divers retentissant à Grenoble, l'affaire Berthet, procès que le conseiller Félix Faure faillit présider aux assises fin 1827 : "On sait qu'Antoine Berthet fut condamné à mort pour avoir tenté d'assassiner Mme Michoud de la Tour dans l'église de Brangues et qu'il inspira le personnage de Julien Sorel dans le Rouge et le Noir" (op. cit., p. 123). Des rousseurs et taches (dont encre de l'imprimeur p. 269, tome II). Légers frottements. Cordier, 87-2 - Cordier, 61. 15 000/20 000 € 67 STENDHAL. Lettre autographe signée du pseudonyme "Petit" à son ami l'avocat Vincenzo Salvagnoli. [Florence, été 1831]. 2 pages in-12 et demi, adresse au verso, cachet de cire rouge. Stendhal relate sa visite, décevante, à la Villa Médicis de Poggio a Caiano, près de Florence. "J'ai vu les jardins de Poggio a Cajano qui m'ont paru fort plats. Jugez-en. Dans la partie montagneuse, nous n'avons jamais pu trouver à 9 h. du matin, une ombre véritable, profonde, fraîche. Dans la partie basse, les eaux sont sales, et font mal au cœur. Il y a 800 jardins comme cela en Angleterre. Peu ont le bonheur d'avoir trouvé de gros arbres tout menus [?] et aucun n'est aussi laid. Mes amis ne se sont pas souciés de voir la maison. Je serai à 4h. chez Vigne. Je serai plus heureux de vous voir que vous ne pouvez vous l'imaginer. Je m'attache à votre esprit tout français". Stendhal, récemment nommé consul à Civitavecchia (en 1831, poste qu'il gardera jusqu'en 1841, année de sa mort), sillonna la Toscane. À Florence, fréquentant le cabinet Vieusseux, société littéraire fondée par l'éditeur Giovan Pietro Vieusseux, il devint l'ami du jeune avocat Vincenzo Salvagnoli (1802-1861). Salvagnoli fut directeur de La Patria à Florence en 1847, membre du Conseil général d'Empoli en 1848 ; il dut un temps d'exiler d'Italie pour ses opinions libérales, avant de devenir Ministre des cultes en 1858. Lettre publiée par Jacques Houbert dans L'Année stendhalienne, n° 10, 2011, p. 325331 ; voir aussi p. 332. Plis, manque de papier angulaire. 1 500/2 000 € 68 STENDHAL. Lettre autographe signée du pseudonyme "Albert de M", à son ami l'avocat florentin, Vincenzo Salvagnoli. Datée : "Civitavecchia le 24 mars" [1833]. 2 pages 1/4 petit in-4. Adresse, marque postale et traces de cachet de cire rouge. Belle lettre évoquant les villes de Rome, Naples et Florence : "Venez-vous à Rome pour les fêtes de Pâques ? Écrivez-le moi pour que je m'y trouve. Nous parlions il y a 8 jours de vous dans le Palais Pot[tenziani]. M. Pot. est actuellement à Marseille. Nous envions Naples et Florence qui ont des spectacles. Pour nous nous découvrons des tombeaux antiques avec des bronzes égaux à ceux des Studi de Naples. Un sculpteur français nommé M. Lemoine a 66

RkJQdWJsaXNoZXIy NjUxNw==