TAJAN -23 Les auteurs La vie de Robert Dudley (1574-1649) est tout aussi prodigieuse qu’est ce luxueux ouvrage des «secrets de la mer», l’Arcano del mare. Il est le fils naturel de la fille du baron Howard d’Effingham et de Robert Dudley, comte de Leicester, qui fut l’amant de la reine Elisabeth Ière d’Angleterre. Bien que illégitime, il reçoit une éducation digne de son rang et bénéficie d’un héritage considérable. Fasciné par la mer et la navigation, Dudley étudie la construction des navires et l’art de naviguer avec son tuteur de Christ Church, à Oxford, avant de partir sur les océans avec Abram Kendall en 1594-1595 en Guyane et Amérique du Sud ; il mène ensuite une carrière navale fructueuse en tant que corsaire pour le compte de la Couronne. Bien que récompensé par la Reine pour avoir conduit le siège de Cadix en 1596, il ne réussit pas à obtenir légalement les titres de son père et de son oncle, comte de Leicester et de comte de Warwick. Dudley décide alors en 1604 de quitter l’Angleterre pour la France, abandonnant son épouse et leurs sept filles, mais accompagné de sa cousine Elizabeth Southwell, déguisée en page, et qu’il épouse à Lyon en 1606 ; converti au catholicisme, déchu de ses terres anglaises, Dudley s’installe à Florence en 1607 à la cour du Grand Duc Ferdinand Ier de Toscane, en tant que conseiller et ingénieur naval. Il publie un premier traité sur les constructions navales en 1610, modernise la marine toscane, construit un port moderne à Livourne, assèche les marais entre Pise et Livourne… Ces actions et expériences lui servent alors pour composer sa grande encyclopédie. Lorsque sa femme décède de la peste en 1631, Dudley, âgé de 57 ans, se retire et consacre les quinze années suivantes à réunir ses connaissances pour composer — en italien — son Arcano del Mare. Il est ainsi le premier savant anglais à publier une telle somme de sciences et cartes marines — alors que le marché est à ce moment dominé par les productions hollandaises. Dudley fait appel au florentin Antonio Francesco Lucini (vers 1605après 1661) pour graver les planches. Graveur encore aujourd’hui nimbé de mystères, Lucini est influencé par d’importants artistes baroques, comme Jacques Callot et Stefano della Bella. On sait qu’il fut actif jusqu’en 1661 et sans doute jusque vers 1675. C’est lui qui donne force et finesse aux gravures de cet atlas, et embellit par exemple les titres des cartes de la plus belle calligraphie baroque. Lucini déclara qu’il s’isola pendant douze ans, dans un petit village de Toscane, pour travailler sur les très nombreuses plaques et utilisa 5000 livres de cuivre, pour les gravures des diagrammes gradués, instruments, coupes de navires, plans de batailles, cartes des mers et océans... Beaucoup de ces diagrammes sont composés de pièces mobiles superposées, et comptent 2 ou 3 diagrammes concentriques tournant autour d’un axe ficelé, complétés par de délicates alidades (réglettes). Le nombre de plaques nécessaires fut considérable, et la finesse de ces cadrans gradués est remarquable.
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