PESCHETEAU-BADIN. BIBLIOTHÈQUE MAÇONNIQUE

45 58. [COUSTOS (John). Procédures curieuses de l'inquisition de Portugal contre les Francs-Maçons, pour découvrir leur secret, avec les interrogatoires & les réponses, les cruautés exercées par ce tribunal, la description de l'intérieur du S. Office, son origine, & ses excès. Dans la vallée de Josaphat. L'an de la fondation du Temple de Salomon, 2803 [La Haye, 1747]. Petit in-8, basane brune marbrée, dos à nerfs cloisonné et fleuronné, coupes filetées, tranches rouges (reliure de l'époque). 300 / 400 € viii-264 pp., titre imprimé en rouge et noir ; épidermure dans un angle du premier plat. PREMIÈRE ÉDITION EN FRANÇAIS et probablement première édition du texte dans la langue où il a été écrit. Titre illustré d'un bois gravé représentant une équerre. MARTYR DE L'ARBITRAIRE ET DE L'INTOLÉRANCE RELIGIEUSE, LE FRANC-MAÇON JEAN COUSTOS (mort en 1746) était le fils d'un huguenot de Guyenne devenu citoyen britannique, sans doute d'origine juive. Diamantaire, il avait émigré au Portugal en 1740, et sollicita en vain la permission de se rendre au Brésil où des diamants avaient été découverts en 1729. Demeuré malgré tout à Lisbonne, il y fonda une Loge dont il fut élu vénérable mais, saisi par l'Inquisition, il fut sommé de révéler les secrets maçonniques et soumis à la torture, mais il ne céda pas et fut alors condamné aux galères. Heureusement libéré sur intervention de l'ambassadeur anglais (1744), il rentra en Angleterre et rédigea une relation de ses tribulations, qu'il publia d'abord en anglais, The Sufferings of John Custos for Freemasonry (1746), puis en français (1747) – il est probable que le texte ait été originellement écrit dans cette langue. Derrière l'acronyme de l'éditeur intellectuel du texte, « L. T. v. I. L. R. D. M. » pourrait se cacher, d'après l'historienne Margaret Jacob, la personne de Jean Rousset de Missy (pour « R. D. M. », 1686-1762), publiciste protestant, Franc-Maçon, engagé dans la lutte contre l'absolutisme quoique hostile à voltaire et aux Encyclopédistes. Provenance : archives générales du Rite écossais philosophique (estampille ex-libris en plusieurs endroits, dont une grattée au titre). Ces archives, enrichies notamment par Alexandre Lenoir puis par Claude-Antoine Thory, furent ensuite dispersées au cours du xIxe siècle. — Quelques mentions de provenance anciennes sur le titre. 59. DES ÉTANGS (Nicolas Chaales). MANUSCRIT signé en 3 endroits, intitulé « Le véritable lien des peuples, ou la Maçonnerie rendue à ses vrais principes. initiations : r ∴+ ∴» In-4, maroquin à long grain rouge, dos lisse cloisonné de filets dorés, double encadrements de filets dorés avec ornements fleuronnés aux angles de l'encadrement intérieur, mention « rose-Croix » doré sur le premier plat, coupes ornées aux coins, encadrement intérieur doré, gardes de papier bleu nuit, tranches dorées (reliure de l'époque). 300 / 400 € 53 ff. en pagination discontinue ; pages calligraphiées dans des encadrements de filets rouges et noirs, multiples pour le titre général et les trois titres intermédiaires, et agrémentés d'une frise de grecques avec croix aux angles pour le sous-titre ; coiffes usagées, coins frottés. Tuileur concernant « LE ROSE-CROIX RECTIFIÉ.4e degré de la Maçonnerie rendue à ses vrais principes », que Nicolas Chaales Des Étangs publierait à plusieurs reprises. ENVOI AUTOGRAPHE SIGNÉ à Thomas Binet, vénérable de La Parfaite unionde Rennes (une des plus anciennes Loges provinciales de France), assorti de conditions : n'y faire aucun changement, se conformer aux instructions imprimées pour les initiations de la même Maçonnerie, et de « faire dans les six mois qui suivront la réception dudit cahier quelqu'acte remarquable de charité envers les pauvres de rennes, ou quelqu'autre disposition qui tourne au profit de l'ordre». Il précise en tête de cet envoi : « N° du r ∴ + ∴ 21, n° des 3 1ers gra[des] 79, n° du G[rand] Él[u] Ch[evalier] K[ado]s[ch] 18, [soit] 118 atel[iers] ont les cah[iers] de La Maçonn[erie] rendue à ses vrais principes ». Avec sceau de cire sous papier à ses initiales. CHANTRED'UNEFRANC-MAÇONNERIE UNIVERSELLE PRENANT SES DISTANCES AVEC LE CHRISTIANISME, NICOLAS CHAALES DES ÉTANGS (1766-1847) fut notamment le successeur de Jean-Marie Ragon comme vénérable de la Loge Les Trinosophes, et occupa également des fonctions au sein du Grand Orient à partir de 1826. Avec son rituel, il proposait une relecture de la tradition dans un sens moral détaché des connotations explicitement chrétienne, et parvint à séduire jusqu'à un tiers des chapitres de son époque. Fonctionnaire de son état, il acheva sa carrière comme conservateur du Dépôt légal des estampes. 59

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