91 « Dans l'admiration de la beauté des sites que nous avons parcourus dans les steam boats... » — Lettre autographe signée de son initiale à son épouse Laure. philadelphie, « le 26 avril » [1816]. « Je suis ici depuis hier, mon amour, & je profite d'un navire prêt à faire voile pour te faire parvenir un mot de souvenir et de tendresse. On nous débite ici beaucoup sur la rentrée de Talleyrand au ministère. Moi, j'attens les événemens avec patience & résignation ; & ton éloignement est mon chagrin – pourtant je ne puis le redire assés pour faire taire les projets de ta tendre affection ; il ne faut pas songer à venir me joindre avant que notre fortune soit réalisée – ma consolation est de te savoir dans notre Val paisible [ancienne abbaye, près de L'Isle-Adam, propriété de Regnaud], & entourée de toutes les douceurs de la vie, qui, sans ressembler au luxe, valent mieux que lui & font plus pour le bonheur... AUGUSTE EST AVEC MOI ICI BIEN PORTANT & DANS L'ADMIRATION DE LA BEAUTÉ DES SITES QUE NOUS AVONS PARCOURU[s] DANS LESsteam boats [son fils Auguste, exilé avec lui, ancien officier d'ordonnance de Napoléon Ier et futur maréchal de Napoléon III]. Adieu, chère, je t'aime & t'embrasse avec tendresse. Parle de moi à tout ce qui nous aime et ne nous oublie pas ! » (une p. in-4, adresse au dos, manque de papier marginal dû à l'ouverture sans atteinte au texte). « Je partirai pour aller voir Dupont de Nemours... » — Lettre autographe à son épouse. Philadelphie, « le 1er mai » [1816]. « Mon amour, je t'avois écrit un mot à mon arrivée ici, mais le v[aisse]au étoit parti... 3 navires arrivés de Bordeaux, mais avec de longues traversées, ne m'ont rien apporté de toi... Nous avons... des nouvelles politiques par l'Angleterre ; mais ce sont celles qui courent les rues de Londres. Elles n'en sont pas meilleures et annoncent toujours des troubles, des mécontemens, des férocités, des rigueurs, enfin un nouveau changement de ministère. Au milieu de tout cela, chère, reste silencieuse & paisible avec ta famille. Que ce soit là ton univers, celui auquel je voudrois me réunir pour ne plus songer qu'à te servir, te soigner & t'aimer. ONDITQUE CAMBACÉRÈS RESTERA À BRUXELLES – QUENE PUIS-JE Y ÊTREou aux environs pour te voir quelques semaines – mais je ne veux pas te répéter ce que mes précédentes t'ont dit... Voici mon résumé : ne pas songer à venir ici à présent, & dans aucun cas avant la vente de nos biens pour que les moyens d'existence viennent avec toi ; s'informer si on ne peut pas décidément vivre en Europe dans un lieu plus près de toi & où tu puisses, chaque année, me consacrer quelque tems, puis revenir au Val... Auguste seroit ton chevalier dans ces voyages [Il parle ensuite de l'entretien du Val]... Mande-moi où est Arnault, où sont les siens. Une gazette le dit parti parti pour S[ain]t-Pétersbourg avec sa famille [le poète et auteur dramatique Antoine-Vincent Arnault, beau-frère de l'épouse de Regnaud, qui fut un proche de Napoléon Bonaparte sous le Consulat et qui fut compris dans l'ordonnance de proscription de juillet 1815]... ON NOUS FÊTE ICI,& j'en suis plus chagrin que je n'en suis reconnoissant. Je ne voudrois voir que les hommes qui peuvent me donner sur le païs des notions vraies & utiles matériaux que j'aime à recueillir – mais je n'ai pas pu toujours refuser, et APRÈS-DEMAIN JE VAIS À UN GRAND DÎNER QUE LES NÉG[ocian]TS FRANÇAIS NOUS DONNENT PAR SOUSCRIPTIONet qui reviendra, dit-on, à 20 dollars par tête. Le lendemain, JE PARTIRAI POUR ALLER VOIR DUPONT DE NEMOURS[Pierre-Samuel Dupont de Nemours, économiste physiocrate, écrivain, journaliste et homme politique fixé aux États-Unis] & ses enfans puis je retournerai dans mon réduit de New York... Je ne dis rien à personne ni pour personne. Aucun ne m'écrit malgré mes innombrables lettres de toute nature, sur tous sujets, et à tout le monde. Je ne puis compter que sur toi... Adieu, je t'embrasse de toute mon âme » (3 pp. in-4). Sur Laure Guesnon de Bonneuil, voir ci-dessus le n° 84. « L'immigration sans cesse croissante. Les Suisses, les Allemands, les Irlandois, les Français arrivent par centaines... » joint, dumême : lettre autographe signée de son initiale [à son épouse Laure]. [newyorK, 1816]. « ... Les nouvelles d'ici sont entièrement sans intérêt. Excepté L'IMMIGRATION SANS CESSE CROISSANTE. LES SUISSES, LES ALLEMANDS, LES IRLANDOIS, LES FRANÇAIS ARRIVENT PAR CENTAINES,& l'agriculture ou le commerce n'en laissent pas un oisif. Il s'est ouvert plus de 250 boutiques depuis 3 mois & plus de moitié de Français. On en auroit, en vérité, formé une colonie... Fais-moi envoyer, outre les livres que j'ai précédemment demandés, l'ouvrage de Salgues par cahiers sur le règne de Napoléon [l'ouvrage de Jacques-Barthélemy Salgues, Mémoire pour servir à l'histoire de France sous le gouvernement de Napoléon Buonaparte, qui compterait 9 volumes parus de 1814 à 1826]. Fais-les adresser au PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ PHILOSOPHIQUE DE NEWYORK, M. CLINTON[DeWitt Clinton, président de la Literary and philosophical society of New York, maire de New York, Grand-Maître de la Grande Loge de New York, ancien sénateur, et futur gouverneur de New York]. Je le préviendrai & il n'y aura pas de droits... » (une p. 1/2 in-4, incomplète du début).
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