PESCHETEAU-BADIN . LIVRES ET MANUSCRITS – BIBLIOTHÈQUE DANIEL JOUVE

87 homme de conFiance de napoléon bonaparte, michellouis-étienne regnaud de saint-jean d'angély (1760-1819) était avocat de formation. Un temps journaliste, il fut élu député aux États-généraux. Surtout, nommé intendant général des hôpitaux de l'armée d'Italie en 1796, il put rencontrer Napoléon Bonaparte et s'attacha à son service. Parti pour l'Égypte avec lui, il fut posté à Malte comme commissaire de la République (juin-novembre 1799). Il fit ensuite partie du groupe d'hommes ayant assisté Napoléon Bonaparte à réussir son coup d'État du 18 brumaire : il entra alors au Conseil d'État dont il dirigea la section de l'Intérieur (1802), fut procureur général près la Haute Cour impériale (1804), secrétaire d'État en charge de la famille impériale (1807). Ayant accepté un portefeuille de ministre durant les Cent-Jours, il fut compris dans l'ordonnance de proscription en 1815, et vécut un temps en exil aux États-Unis. Gracié en 1819, il mourut le jour même de son retour en France. Si Stendhal, dans ses Souvenirs d'égotisme, le décrit comme un « charlatan effronté » à « la grossièreté énergique », et si la duchesse d'Abrantès, dans son Histoire des salons de Paris (1836-1837), le présente comme souvent mal aimable ou quelque peu brutal, elle lui trouve des qualités d'orateur, souligne au fond sa grande bonté, et rappelle sa fidélité sans faille à Napoléon Ier. unedes « merVeilleuses » de laréVolution, laure guesnon debonneuil était d'une grande beauté : son portrait par son ami le peintre Gérard en garde un témoignage éclatant. Dans son Histoire des salons de Paris, la duchesse d'Abrantès qui était liée avec Laure, écrit que « c'est une femme qu'on recherche, qui plaît et qu'on aime quand on la connaît ». De fait, Laure, qui tint un salon couru sous le Consulat et l'Empire, eut une vie sentimentale d'abord très agitée. Née Augustine-Françoise-Éléonore, mais dite Laure, elle était la fille de Nicolas Guesnon de Bonneuil, maître d'hôtel de la comtesse d'Artois et premier valet de chambre de Monsieur, comte de Provence, et de Michelle de Sentuary, créole dont la beauté ravageuse fit la gloire des salons parisiens à la fin de l'Ancien Régime, collectionna les amants, fut une des « berceuses » du financier Beaujon, et fut aimée du poète André Chénier qui la chanta sous le nom de Camille. Amie de la peintre Vigée-Lebrun, Michelle Sentuary joua un rôle dans les tentatives d'évasion de Louis XVI et de Marie-Antoinette, et œuvra comme agent royaliste en Europe sous la Révolution et l'Empire. De son coté, Laure avait épousé un bonapartiste convaincu et demeura ellemême fidèle à l'Empire malgré l'aversion que Napoléon Ier manifesta à son égard : inquiétée sous la Restauration, elle fut tirée d'affaire par sa mère qui avait du crédit à la Cour de Louis XVIII. 85. regnaud de saint-jean-d'angély(Michel-LouisÉtienne). Ensemble de 2 lettres autographes. ÉtatsUnis, 1815 et 1816. 600 / 800 € intéressantes lettres éVoquant également le séjour de josephbonaparte enamérique. De 1815 à 1832, celui-ci vécut près de Philadelphie sous le nom de comte de Survilliers, entretenant de bonnes relations avec les autorités américaines. Sa propriété de Point Breeze, dans le New Jersey, devint le point de ralliement des bonapartistes aux États-Unis. Voyage d'hiver à Long-Island avec Joseph Bonaparte — À son épouse Laure. New York, 14 décembre 1815. « Je t'écris, mon amour, par un bâtiment qui va à Bordeaux... Depuis ma dernière [lettre], j'ai fait deux voyages. Le 1er avec Mr Morris pour aller à Paterson [au nord de New York] voir des fabriques dont une est exploitée par son frère, le second pour ALLER AVEC LE C[om]TEDE SURVILLIERS[josephbonaparte] VOIR UNE PROPRIÉTÉ QU'IL VOULOIT ACHETER... Je ne parlerai ici que du 2d [voyage]. Le c[om]te avoit dessein de chasser, tant pour en prendre le plaisir que pour s'assurer de l'étendue de cette réserve à laquelle il met beaucoup de prix, avant d'acquérir. Le ciel a mis obstacle à l'exécution de ces projets. La neige [est] tombé[e] avec abondance, nous n'en sommes pas moins allés à 20 milles visiter la maison, elle a été fort jolie, mais elle est horriblement dégradée : un bois percé de 5 allées l'entoure. Elle a une tenure de 400 acres en tout, et est à un mille d'un très joli lac – elle offre un exemple des fautes qu'on peut faire en achetant avec peu de réflexion. Ce sont des Écossois réfugiés qui ont acquis. Ils ont mis tout leur avoir dans leur achat, & n'ont pas eu de capitaux pour la culture. Ils l'ont faite en outre avec désavantage, faute de connoître le païs & les hommes, ils se sont réduits à la misère ; tout en présente l'aspect dans cette habitation. À côté des traces d'un luxe effacé, on y trouve une serre chaude en ruines, des vitrages brisés, des débris de meubles d'acajou, un désordre général, & une seule chambre habitée où le peu de meubles délabrés feroit honte à une chaumière. Un vieux nègre est, avec l'Écossois unique habitant du lieu, le seul cultivateur de ces 400 acres ou arpens, car c'est à peu près la même chose. On veut de cela 15000 gourdes [ancienne monnaie de transaction dans les colonies françaises des Antilles] ou 75000 [francs]. En sortant de ce triste azile de la misère, NOUS SOMMES REVENUS À JAMAICA, CHEF-LIEU DE LONG-ISLAND. NOUS AVONS MANGÉ LÀ UN BON DÎNER GRÂCE À NOS PROVISIONS, car l'hôte n'a pu nous fournir que du jambon et des oignons : le village n'a pu lui procurer des œufs ni une salade – et d'ailleurs il n'avoit pas une goutte d'huile – MAIS NOUS AVIONS DEUX DINDONS, UN PÂTÉ & DES LANGUES, ET AVEC DU VIN CE BORDEAUX, NOUS AVONS MANGÉ COMME QUATRE.Le c[om]te, M. [James] Carret son secr[étai]re interprète, Auguste

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