67 2 may 1757. Mr le marquis de Vaudreuille me fit partire et me chargea des paquets de la Cour pour faire passer à l'Isle-Royal[e] à Mr de Drucourt16 pour les faires passer en Frances ; je m'acquittés de cette mission à la barbe de l'ennemis qui bloquet de toute part ; après un moy e[t] demie d'un voyage des plus difficile[s] , tantôt en bâtiment, tantôt en esquif, d'autrefoy en canot sauvages et une partie dans les bois avec beaucoup de fatigues. 3 may 1760. Servie sous les ordre[s] de Mr d'Angeac17 par ordre du roy pour passer en Canaday porter des secours avec 400 hommes de trouppes ; n'avons pu y parvenire, l'ennemis étant entré dans le fleuve S[ain] t-Laurent avant nous, avons fait sept prises devant Gaspé, et de là entré[s] dans la baye des Chaleurs selon nos ordres pour faire parvenire les paquets aux général. L'ennemis est venus nous y bloquer, le 3 juin, par trois vaisseaux de ligne [de] 74 [canons] et deux frégattes de 30 [canons]. Le 2 juillet je repouss[ai] 17 chaloupe[s] armée[s] qui tenterrent une dessente. J'essui[ai] leur feu sur le rivage de pierrier et de mousquetterie, j'avais 150 hom[mes], j'eu 2 hom[mes] blessé[s]. Jusqu'au 8 juillet qu'il nous livrèr[ent] combats et nous contraignirent de brûler notre frégatte, Le Machau[lt], monté de 22 pièces de canon manquans de poudre et n'ayant qu'onze pièces qui pouvoient battre étant embossé. Nos trouppes s'y sont distingué[es] par leurs zèle, et les fatigues qu'ils y ont enduré pandant un moy ; avons fait un camps à terre, l'ennemis s'est retiré. Nous nous sommes randu[s] suivant la capitulation du Canada, y étant compris et dans des bois san[s] secours ny ressource que de s'y voire périr de faim... » (pp. 38-40). Le texte a été achevé à Rochefort le 20 juillet 1761. Pommeroy rapporte ensuite à nouveau tout ou partie de ces faits en deux autres endroits du volume (pp. 106-109, 130), et sur un feuillet volant indépendant. IL DRESSE AUSSI LA LISTE NOMINATIVE DES HOMMES COMPOSANT LA COMPAGNIE QU'IL COMMANDAIT À L'EXPÉDITION DU FORT SAINTGEORGES (p. 117) : 4 autres officiers, 17 soldats, 32 personnes qu'il appelle « habitants » ou « Canadiens ». Il fait ensuite le total détaillé par fonctions des membres de la troupe expéditionnaire à laquelle il appartenait, et qui comprenait plus de 1500 hommes dont « 340 sauvages ». Pour les soldats, il donne leurs noms complets et leur surnoms : « Brindamour », « Francœur », « Brasde-Fer », « L'Aubépine, « La Jeunesse», « Sanchagrin», « Argencourt », « Lafleur », « Sansoucy », « Beausoleil », etc. Pour certaines personnes, il précise en note des objets, peut-être apportés personnellement par celles-ci : des barils de poudre, un collier, un sac, etc. L'un des habitants est gratifié de la mention « mauvais sujet ». Le volume autographe relié renferme de nombreux autres passages concernant le Canada et la NouvelleAngleterre, copies d’actes et de courriers, nominations, ordres de missions, etc., principalement aux pp. 29, 30, 55, 60-68, 87-89, 96-101, 106-110, 112-116, 125, 127-128, 130131, 135, 137, 155-157, 160. Rarissime carte de Port-La-Joye sur l'île Saint-Jean (situation vers 1758) — Carte de la principale localité portuaire de l'actuelle Île du Prince-Edward (encre et plume, 33 x 41 cm, notes généalogiques au verso, mouillures marginales). Avec précieuses légendes indiquant les noms des propriétaires des maisons ou terrains, dont les Potier de Pommeroy, ou indiquant des habitations d'Acadiens réfugiés. Aucune des cartes gravées ou dessinées anciennes connues de cette île ne permettent comme ici une lecture à une échelle locale. Rarissime plan de la bataille de la Ristigouche (1760) — Plan de l'embouchure de la rivière Ristigouche avec emplacement des vaisseaux, dont celui du Machault qui fut coulé (34 x 29 cm, long manque marginal, une tache). Pommeroy a aussi indiqué les lieux où des Acadiens et des Indiens Micmac (alliés des Français) des pourtours de la baie des Chaleurs en Gaspésie, fuyant devant les Anglais, se réfugièrent le long de la Ristigouche. « Morceau de pavillon anglais » découpé au sabre lors du siège du fort Beauséjour (juin 1755) Sur un feuillet avec légende autographe signée, d'une écriture d'homme âgé est aussi conservé un « morceau de pavillon anglais » découpé au sabre lors du siège du fort Beauséjour en juin 1755 (3 lambeaux de tissu, en tout 16 x 11 cm, appliqués sur un feuillet in-12 lui-même monté sur un feuillet in-folio appliqué sur un feuillet de carton souple moderne) « ... J’ai coupé ce morceau de pavillon anglais avec le même sabre qui m’a servi à mettre hors de combat cinq grenadiers anglais qui le gardaient, dont deux tués roides. Ledit pavillon était placé sur la redoute élevée par les Anglais qui assiégeaient le fort de Beauséjour», dans l’Accadie française, sous le commandement de M. Vergord Du Chambon18. J’avais été envoyé au secours du fort avec sept officiers ; quatre furent tués et trois blessés – je le fus après la prise du fort par les Anglais. Dans le retraite, je conservai le drapeau pris sur l’ennemi qui me servit à envelopper ma blessure d’un éclat de bombe au genouil... Pommeroy consacre également plusieurs passages de son manuscrit au service qu'il effectua en Guyane, à Oyapok (pp. 40, 44, 46, 118-119, 126-128). Les autres notes et copies de pièces concernant sa généalogie, au même titre que ses états de services, ont été compilés par Pommeroy dans le cadre d'une démarche destinée à prouver sa qualité de noble afin de conserver un emploi d'officier dans l'armée française au moment de son retour en France. Cette démarche fut couronnée de succès. Il sera remis à l’acquéreur un certificat d’exportation. 15. Augustin de Boschenry de Drucour, gouverneur de l’Île-Royale. 16. François-Gabriel d’Angeac, ancien commandant de Fort-Dauphin sur l’Île-Royale, et alors commandant du corps expéditionnaire de renfort à destination de la Nouvelle-France. 17. Louis Du Pont Duchambon de Vergor, commandant du fort de Beauséjour, aujourd’hui Fort-Cumberland, sur l’isthme de Chignectou, à la frontière de la Nouvelle-France et de la Nouvelle-Écosse.
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