PESCHETEAU-BADIN . LIVRES ET MANUSCRITS – BIBLIOTHÈQUE DANIEL JOUVE

20 d'indépendance qui caractérisait ses déclarations à la presse faisant craindre une entreprise de sécession territoriale, de même que le bonapartisme de ces hommes armés associé aux rumeurs d'expédition de libération de Napoléon Bonaparte à Sainte-Hélène, inquiétèrent aussi bien les Espagnols que les Américains. En août 1818, la troupe réduite à moins de 60 hommes quitta le Champ-d'asile à l'annonce de l'envoi d'une troupe espagnole, et se réfugia sur l'île de Galveston. Là, Antoine Rigau à qui Charles Lallemand avait abandonné le commandement, reçut un émissaire américain qui sembla entrer dans leurs vues mais qui fut désavoué par le président James Monroe. Sous pression politique et militaire, dans une situation économique dramatique, et minée par des dissensions internes, l'aventure du Champ-d'asile s'acheva définitivement à la fin de l'année 1818. UNE AVENTURE PICARESQUE AUX CONSÉQUENCES GÉOPOLITIQUE BIEN RÉELLES : les États-Unis profitèrent de l'occasion pour chasser de Galveston les frères Laffite et leurs flibustiers, et se décidèrent à régler la question de la frontière entre le Texas espagnol et la Louisiane : le secrétaire d'État John Quincy Adams et l'ambassadeur d'Espagne aux États-Unis Luis de Onís conclurent en 1819 un traité qui en délimitait précisément le tracé. UN MYTHE LIBÉRAL DURABLE : la bonne image du Champ-d'asilecomme refuge de la liberté fut diffusée largement par La Minervede Benjamin Constant, véhiculée aussi par des estampes gravées en 1818, sans parler d'une chanson du très populaire poète libéral Pierre-Jean de Béranger. Cette vision positive subsista longtemps, et la France de LouisPhilippe Ier (qui organisa le retour de la dépouille de Napoléon Ier en France) fut la première à reconnaître en 1839 l'indépendance de la République du Texas après sa sécession du Mexique. Cependant, au début des années 1840, Honoré de Balzac fit du personnage de Philippe Brideau dans La Rabouilleuse, un colonel d'Empire ruiné par le général Lallemand dans l'aventure du Champ-d'asile, « une des plus terribles mystifications connues ». VÉTÉRAN DES GUERRES NAPOLÉONIENNES, L'ÉCRIVAINLOUIS-FRANÇOIS L'HÉRITIER (1789-1852) publia les Fastes de la gloire (18181822) sur l'épopée révolutionnaire et napoléonienne, et collabora au journal libéral de Benjamin Constant, La Minerve, un des soutiens du Champ-d'asile en France. Il donna aussi quelques ouvrages littéraires personnels, des traductions, et fut le « teinturier » des mémoires de Vidocq. 14. [CHAMPION(Pierre) et Joseph-Antoine-Toussaint DINOUART]. Vie du Vénérable Dom Jean de Palafox, évêque d'Angélopolis, & ensuite évêque d'Osme. À Cologne, & se trouve à Paris, chez Nyon, 1767. In-8, iv-lvi [mal chiffrées vli]- 576 pp., veau brun marbré, dos à nerfs cloisonné et fleuronné avec pièce de titre brune, filet à froid encadrant les plats, filet doré sur les coupes, tranches rouge ; reliure un peu frottée avec second plat taché, mouillures marginales (reliure de l'époque). 200 / 300 € ÉDITION ORIGINALE. Prédicateur, précepteur, publiciste et littérateur, Joseph-Antoine-Toussaint Dinouart (1716-1786) s'est appuyé largement sur un manuscrit du jésuite Pierre Champion (1632-1701), qu'il a remanié et complété. ILLUSTRATION GRAVÉE SUR CUIVRE hors texte par Louis Legrand : portrait-frontispice d'après un tableau, et 3 scènes d'après Hubert-François Bourguignon d'Anville dit GRAVELOT. UNE DES GRANDES FIGURES DE L'HISTOIRE DUMEXIQUE COLONIAL, JUANDE PALAFOXYMENDOZA(1600-1659) était l'enfant naturel du marquis d'Ariza, et mena d'abord une carrière fulgurante : aumônier de l'impératrice Marie d'Autriche, sœur de Philippe IV d'Espagne, il fut nommé en 1639 évêque de Puebla de Los Angeles en Nouvelle-Espagne (au sud-est de Mexico), avec fonctions civiles de contrôle importantes, et même un temps de vice-roi par intérim. Il mena une œuvre très importante, sur le plan de la pastorale (il incita par exemple son clergé à apprendre les langues indigènes), des constructions architecturales, de la défense des Indiens. Cependant son zèle missionnaire le poussa à faire détruire certains objets archéologiques renvoyant aux croyances précolombiennes, et surtout, sa critique généralisée de la situation prévalant en Nouvelle-Espagne suscita des conflits violents avec les autorités civiles et religieuses (les franciscains, les jésuites, l'Inquisition...). Il fut rappelé à Madrid en 1649, vécut un temps à la Cour, puis se vit confier en 1653 le diocèse modeste d'El Burgo d'Osma en Vieille-Castille. LANOUVELLE-ESPAGNE, DONT LA CAPITALE ÉTAIT MEXICO, ENGLOBAIT À CETTE ÉPOQUE UNE GRANDE PARTIE DE L'AMÉRIQUE CENTRALE, AINSI QUEDUSUD ACTUEL DES ÉTATS-UNIS.

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