121 GUIGNOL'S BAND À SAINT-MALO: « IL ME RESTE LES 3/4 À FINIR ! JUGEUNPEU ! JE RAME ! JE VIEILLIS ! JEM'USE !... » 120. CÉLINE (Louis-Ferdinand). Lettre autographe signée « Louis Ferd. » à Victor Carré. Saint-Malo, « le 17/8 » [1942]. 2 pp. in-folio. 600 / 800 € « Tant pis pour toi ! Je vais encore te renvoyer les cartes à renouveler ! Nous ne rentrerons que fin sept[embre]. J'AI ENCORE TRÈS MAL AU CASSIS ET JE SUIS ENCORE EN RETARD DU BOULOT ! IL ME RESTE LES 3/4 À FINIR ! JUGE UNPEU ! JE RAME ! JE VIEILLIS ! JEM'USE ! JE VOIS LA CATASTROPHE ARRIVER, TOUT LE BOULOT AU JUS ! QUEL DOMMAGE !Je ne sais que t'envoyer pour vous faire plaisir. Lucette a une idée. Ici temps somptueux et prix hélas de même ! Kif Paris par le fait ! Les voyages au surplus deviennent des tours de force, un seul train pour Paris et de nuit, on s'y tue ! et l'on vous tue ! du ciel et des coudes ! L'expérience est à faire une fois ! J'espère mieux fin sept[embre]. On pense bien à vous. Tu es heureux là-bas, à la montagne, du ravin Mairie au ravin Lepic ! [...] Louis-Ferd. [...] » CÉLINE EN VILLÉGIATURE BRETONNE ATTELÉ À LA RÉDACTION DE GUIGNOL'S BAND. Fasciné par la mer, il passa en effet ses étés de 1942 et 1943 en Bretagne, grâce à des passedroits qui lui permirent d'avoir accès à cette zone sensible du dispositif de défense allemand. Il habita notamment à Saint-Malo, dont il évoquerait plus tard la beauté dans Féerie pour une autre fois. AMI MONTMARTROIS DE CÉLINE, VICTOR CARRÉ fut un de ses voisins rue Lepic. Employé d'une étude de notaire, il mena par ailleurs une activité d'historien amateur, et remplit les fonctions d'archiviste à la Société du vieux Montmartre. Durant la guerre, il fut chargé du ravitaillement à la mairie du xVIIIe arrondissement, ce qui lui permit de fournir à Céline des cartes d'alimentation, et il fut témoin au mariage de celui-ci avec Lucette Almanzor le 15 février 1943. En exil au Danemark, l'écrivain ne l'oublia pas : il lui fit envoyer des exemplaires de Casse-pipe et de Scandale aux abysses, et l'évoqua dans Féerie sous l'apparence physique du personnage Micronésime, le désignant même plaisamment dans une version intermédiaire du roman comme un historien de Montmartre dénombrant les moulins. « LA PASSION DE LA MER M'ATTIRE ET ME TIENT À CE RIVAGE TEL UN VIEUX CRABE... » 121. CÉLINE (Louis-Ferdinand). Lettre autographe signée « Louis Ferd. » à Victor Carré. Saint-Malo, « le 23/6 » [1943]. 2 pp. in-folio. 600 / 800 € « Mon cher vieux témoin, voici que je te harcèle même à distance ! Cartes d'alimentation ! tu as compris ? Veux-tu me renvoyer ici poste restante (recommandé et suppléments ! s'il te plaît ! ils volent tout !) Le maire de St-Malo m'a fait comprendre très gentiment qu'au moment où l'on évacuait en partie sa ville, il était délicat de nous inscrire en villégiature ! Sans toi nous crevons de faim ! Le beurre est ici à 500 fr comme à Paris, ville en état de siège, et moins de pain qu'à Paris, seulement du poisson, et des pommes-de-terre. Je voudrais bien vous faire plaisir. Je ne sais comment. Veux-tu des pommes-de-terre nouvelles ? [...] ILS NE CROIENT PAS AU DÉBARQUEMENT DES ANGLAIS, ILS VOIENT CELA PLUTÔT ENITALIE. ILSN'AIMENT PAS LES BOMBES. La passion de la mer m'attire et me tient à ce rivage tel un vieux crabe. LES MIGRATIONS D'ANIMAUX S'EFFECTUENT EN PLEIN CATACLYSME, MALGRÉ TOUT. Toi qui tiens plutôt de l'hirondelle, où te portent tes instincts cette année ? [...] Louis-Ferd. » Sur Victor Carré, voir ci-dessus le n° 120. « LEMONDE S'ÉCROULE ET JE GRIFOUILLE... » 122. CÉLINE (Louis-Ferdinand). Lettre autographe signée « Ferd. » à Victor Carré, Saint-Malo, « le 21/8 » [1943]. 1 p. 3/4 in-folio, enveloppe conservée. 800 / 1 000 € « Encore pour toi ! Mais cette fois promis ! la dernière. Nous revenons vers [le] 15 sept[embre] ! mais comment 122
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