PESCHETEAU-BADIN . LIVRES ET MANUSCRITS – BIBLIOTHÈQUE DANIEL JOUVE

120 SORTED'IDÉAL AUQUEL LA RÉALITÉ N'EST PAS TENUE DE SE CONFORMER... » (4 pp. in-12 carré). — • Paris, 19 août 1973. « ... J'ai reçu avec émotion ton affectueuse lettre où tu évoques les souvenirs du temps où je vous ai connus, ton frère et toi, à la fin de la guerre de 1914... Mon activité intellectuelle est restée très grande et je veux te donner quelques précisions à ce sujet. J'AI DÉCOUVERT LES PRINCIPES DE LA MÉCANIQUE ONDULATOIRE EN 1923-1924. Mes idées ayant été bientôt confirmées par l'expérience, j'ai reçu le prix Nobel en 1929. Mais alors s'est produit quelque chose de fort curieux. DES JEUNES GENS TRÈS INTELLIGENTS, MAIS BEAUCOUP PLUS MATHÉMATICIENS QUE MOI, ONTBÂTI UNE THÉORIE PLUS ABSTRAITE QUE LA MIENNE ET QUI, BIEN QUE CONDUISANT À DES RÉSULTATS TRÈS EXACTS, DIFFÉRAIT PROFONDÉMENT DE MES IDÉES PRIMITIVES.C'EST CETTE FORME DE THÉORIE QUE L'ON ENSEIGNE SOUS LE NOM DE MÉCANIQUE QUANTIQUEet que je me suis longtemps moi-même résigné à enseigner. Il y a environ vingt ans, après de longues hésitations, je me suis décidé, tout en respectant les résultats exacts de la Mécanique quantique, à les réinterpréter d'une façon plus profonde en revenant à mes idées initiales sur la véritable nature de la Mécanique ondulatoire. Mais j'étais alors au sommet de ma carrière avec de nombreuses obligations, et je n'ai pu avancer que très lentement dans mon travail. Mais, en 1962, j'ai pris ma retraite de l'enseignement supérieur... J'ai pu alors, aidé par de jeunes chercheurs dont les plus âgés n'ont pas 45 ans, faire de rapides progrès et introduire toute une série d'importantes idées nouvelles... » (3 pp. 1/4 in8 carré, enveloppe conservée). – Etc. Fondateur de la mécanique ondulatoire, synthèse embrassant la physique de la matière et celle de la lumière, louis debroglie(1892-1987) obtint pour ses recherches le prix Nobel de physique, en 1929. Il fut secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences et membre de l'Académie française. « RIEN QUI PUISSE ALARMER LES BOURRIQUES ANGLAISES... » 119. céline (Louis-Ferdinand). Lettre autographe signée « Destouches » au consul de France à Jersey, Jean Delalande. Saint-Malo, [juillet 1937]. 2 pp. in-folio. 600 / 800 € « Mon cher consul, encore moi ! JE MÉDITE DE MONTER ENCORE UNE FOIS À L'ASSAUT DE S[ain]T-HÉLIER[principal bourg de Jersey] mais avec une petite amie [sa future épouse Lucette Almanzor] et deux bicyclettes. J'aborderai de S[ain]t-Malo dans le début d'août. Mais les bicyclettes ? Que faut-il faire pour ne pas payer la douane anglaise ? Dois-je vous assommer avec un tel problème ? J'ai honte. Enfin vous êtes toujours si amical que [je] prends cette audace. Dites-moi juste si c'est idiot. Je viendrai alors franchement expier. Cette petite amie est fort convenable, fort aimable, fort discrète. RIENQUI PUISSE ALARMER LES BOURRIQUES ANGLAISES... » céline et « les bourriques anglaises » àjersey. Occupé à la rédaction de Bagatelles pour un massacre, littéralement obsédé par l'idée d'une menace juive et communiste à son encontre, Céline s'était rendu sur l'île de Jersey au début du mois de mai pour y étudier la possibilité d'acheter une maison qui pût lui servir de refuge au cas où il se trouverait dans la nécessité de quitter la France. Dans le contexte du Couronnement de George VI (12 mai 1937), la politique britannique était particulièrement attentive aux étrangers sur son territoire, et Céline, dont la réputation était sulfureuse, s'était vu confiner dans son hôtel et privé de son passeport le 14 mai. Le consul de France à Jersey Jean Delalande, qui avait apparemment déjà rencontré Céline en Bretagne, vint mettre un terme à cette situation. Pour le remercier, Céline il lui offrit une partie du manuscrit de Casse-pipe. Ils restèrent en excellents termes, se revirent à Saint-Malo, et Jean Delalande épousa par la suite en secondes noces une amie de Céline. 120

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