109 « non commis à la vente » : 81 sur papier de Corée (nombre symbolique correspondant au nombre des dalles de la terrasse du temple du Ciel) dont les 21 premiers sur papier fort ; 1 exemplaire de passe non numéroté sur ce même papier, 2 exemplaires sur chine (l'un personnel, l'autre pour son épouse Yvonne) et 2 exemplaires sur japon (un personnel, un en réserve). Ces 86 exemplaires furent destinés à l'auteur, à ses parents et ses amis, ainsi qu'à des personnalités comme Paul Claudel (dédicataire de l'œuvre), Claude Debussy, André Gide, Pierre Loti, le philosophe Jules de Gaultier ou le sinologue Édouard Chavannes. Les 200 autres furent tirés sur vélin. L'édition de 1912 de Stèles fut la seule corrigée de la main de Victor Segalen. Envoi autographe signé enrichi de la fin d'une « stèle » alors inédite, avec son épigraphe chinoise extraite d'un classique « à jeanlartigue, d'une nouvelle & vivace affection. Pei-King, août 1912... » intitulée « deux pinceaux, uncœur» dans les manuscrits de Victorsegalen, la« stèle » dont le présent enVoi cite les dernières strophes, fut publiée pour la première fois dans « Stèles inédites », par Marie-Jeanne Dury dans la revue Création(t. IV, octobre 1973,). Victor Segalen en omet toutefois ici le nom « Mi Yuan », « jardin secret », expression littéraire désignant l'amitié parfaite, qu'il laisse en blanc (« C'est , là-bas, qui écrit »). L'épigraphe en chinois de cette « stèle », « % » se lit « yuan bai meng hun xian bei hua xia », et signifie « Yuan-Zhen et Bai Ju-yi rêvant, la coupe aux lèvres sous les fleurs ». Victor Segalen l'a relevée dans le recueil Allusions littéraires que le sinologue Corentin Pétillon avait publié en 1895 (n° 8 de la collection Variétés sinologiques, imprimerie de la mission catholique de Shanghai), et qui était ainsi traduite : « L’esprit de Yuen et Pé rêva qu’ils buvaient ensemble (mordaient la coupe) sous les bosquets fleuris. Ces deux amis, l’un ministre et l’autre président de ministère, allaient parfois se promener dans les jardins de la bonzerie [Zi'en si]. Or, un jour Pé Kiu-i [ ] , saisi subitement de la pensée de Yuen Tchen [%] qui venait de partir pour [Liang-zhou] composa des vers sur ces entretiens intimes. À cet instant aussi une inspiration analogue s’emparait de Pé et lui dictait le même souvenir poétique. Ce fait prouve que malgré les distances, les cœurs des amis sont toujours à l’unisson. » Corentin Pétillon avait extrait cette belle anecdote d'un ouvrage de Dong Chengzhong ( ), Demande originelle sur L'Éducation primaire ( ), commentaire sur La Forêt de jade de l'éducation primaire, dit aussi Éducation primaire, traité de Cheng Dengji (&"#) poursuivi par Zou Shengmai (&"#). jeanlartigue, le « précieux compagnon», « l'ami incomparable ». Officier de marine et futur amiral, filleul de Pierre Loti, Jean Lartigue (1886-1940) fit connaissance avec Victor Segalen en Chine en 1909, alors que lui-même servait à bord d'une canonnière sur l'embouchure du Yang-Tseu-Kiang. Les deux hommes se fréquentèrent à Pékin et se découvrirent une complicité intellectuelle fondée sur une admiration mutuelle, encore renforcée par leur goût commun pour la littérature, et pour la culture chinoise – ils décrochèrent tous deux un brevet d'interprète. Ils échangeaient sur leurs travaux sinologiques et littéraires : Victor Segalen le consulta sur l'emplacement des sceaux qu'il souhaitait appliquer dans les volumes de Stèles, lui demanda de chercher pour cela une encre rouge adéquate, et Jean Lartigue fut des premiers à recevoir un exemplaire de l'ouvrage, en Chine même. Victor Segalen lui écrivit ainsi le 11 août 1912 : « On doit m'expédier mardi 20 exemplaires terminés. J'avais pensé à vous prier de prélever directement le vôtre. Je préfère vous l'apporter moi-même avec plus d'amitié ». C'est aussi à Jean Lartigue que revint la conception et la réalisation des sceaux chinois ornant l'édition de Connaissance de l'Est de Paul procurée par Victor Segalen en 1914 dans la « Collection coréenne ». Les deux amis engagèrent par ailleurs des projets communs, dont surtout l'importante expédition archéologique de 1913-1914, avec Augusto Gilbert de Voisins, consacrée principalement à la statuaire chinoise ancienne. « Admirable esprit, protestant évadé, profond et souple », Jean Lartigue fut alors véritablement l'âme sœur de Victor Segalen qui lui affirmait le 17 novembre 1914 : « tu complètes par un miracle de volonté réalisée ce que je croyais réservé au seul imaginaire ». La guerre mit cependant un terme à cet état de grâce en les séparant, tous deux reconnaissant dans la « stèle » « Des lointains », l'expression de la nécessité où ils étaient eux-mêmes d'un renouveau de l'amitié. Malgré cela, Jean Lartigue demeura jusqu'à la fin le plus proche ami de Victor Segalen. Après la mort de ce dernier, il préfaça et publia l'atlas du compte-rendu de la Mission archéologique en Chine (1923-1924), codirigea une exposition au musée Guimet à ce sujet (1925), préfaça l'édition originale d'Équipéede Victor Segalen (1929), et publia un volume sur L'Art funéraire à l'époque des Han (1935). « une Vision de lachine » et une œuVre littéraire Française capitale du xxe siècle : Segalen, qui avait débuté l'étude du chinois en 1908, séjourna trois fois en Chine : comme explorateur et médecin de 1909 à 1913, et dans le cadre de missions archéologiques en 1913-1914 puis en 1917. Il en tira des études scientifiques importantes, figurant notamment dans le Premier exposé des résultats archéologiques obtenus dans la Chine occidentale par la mission Gilbert de Voisins,
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