OSENAT - Bibliothèque Max Brun

BIBLIOTHÈQUE�MAX�BRUN JEUDI 20 FÉVRIER 2025 148 153. CLAUDEL (Paul). Manuscrit autographe, intitulé � ». [1912]. 4 pp. in-4, fentes aux pliures. Mes idées sur la manière générale dej ouer mes drames 600 / 800 € INSTRUCTIONS À L'USAGE DES ACTEURS, dans un manuscrit originellement paru en fac-similé dans le numéro d'octobre-décembre 1912 de la revue , à l'occasion de la création de en décembre 1912 au théâtre de L'Œuvre dans une mise en scène d'Aurélien Lugné-Poe. C'était la première fois qu'une des pièces de Paul Claudel était porté à la scène. « détailler nuancer composé. LA MUSIQUE vers » J OINT : BARRAULT (Jean-Louis). Lettre autographe signée [à Max Brun]. S.l., 5 février 1964. � » L'Œuvre LA' nnonce� aite à Marie 1.LA' CTEURESTUNARTISTEETNONPAS UN CRITIQUE.SONBUTN'ESTPASDEFAIRE COMPRENDRE UN TEX TE, MAIS DE FAIRE VI VRE UN PERSONNA GE.Il doit donc tellement sep énétrer de l'esp rit et du sentiment du rôle qu'il incarne, que son langage sur la scène n'enp araissep lus que l 'exp ression naturelle. Il ne s 'ag itp as de et de et colorier le rôle également et indi� éremment, mais de s'attacher dans chaque scène aux sommets d'expression qui commandent tout le reste. Souvent, ce qui émeut le p lus chez un acteur, ce n'est p as tant ce qu'il dit, c'est ce qu'on sent qu'il va dire. C'est une chose comp lètement di� érente que de comp rendre en homme intelligent et de comp rendre en artiste et en créateur. C'estp ar unj uste sentiment de l 'imp ortance relative de ses diverses p arties qu'un rôle est vraiment 2. CE QU'IL Y A DE PLUS IMPORTANT POUR MOI, APRÈS L'ÉMOTION, C'EST . Une voix ag réable articulant nettement et le concert intellig ible qu'elle� orme avec les autres voix dans le dialog ue, sont déj àp our l 'esp rit un régalp resque suf sant, indép endamment même du sens abstrait des mots. Lap oésie avec son sens subtil des timbres et des accords, ses images et ses mouvements qui vontj usqu'à l'âme, est ce quip ermet à la voix humaine dep leinement s 'emp loy er et de se dép loy er. La division en quej 'ai adop tée,� ondée sur les rep rises de la resp iration et découp antp our ainsi dire la p hrase en unités non p as log iques, mais émotives,� acilitera à mon avis l'étude de l'acteur. Quand on p rête l'oreille à quelqu'un qui p arle, on entend qu'à unp oint variable vers le milieu de lap hrase la voix s 'élève, et s 'abaisse vers la� n. Ce sont les deux temp s et les modulations intermédiaires qui constituent mon vers... EN RAISON DE CE PRINCIPE MUSICAL, JE ME DÉFIE DE TOUT CE QUI, DANS LE DÉBIT, SERAIT TROP VIOLENT, TROP SACCADÉ, TROP ABRUPT. IL NE FAUT PAS ROMPRE CETTE ESPÈCE D 'EN CHAN TEMEN T QUI UNI T LES PERSONNA GES LES UNS A UX A UTRES. Sans violences excessives, il me semble qu'il y a moy en dep orter au cœur du sp ectateur et d 'atteindre l 'aig re et le mordant. Les cris, s 'il en� aut,p our être rares, n'en� eront quep lus d 'e� et... 3. DE MÊME DANS LE JEU ET DANS LES GESTES, IL FAUT ÉVITER TOUT CE QUI EST BRUSQUE, VIOLEN T, ARTIFICIEL, SA CCADÉ, ET NE JAMAIS PERDRE UN CERTAIN SEN TIMEN T DU GROUPE ET DE LA' TTI TUDE.J 'aip articulièrement en horreur ce quej 'app elle la marche scénique : deux g rands p as et unp etitp as suivis d'un arrêt. Pas de grimaces ni de convulsions. Dans les moments p athétiques, la lenteur tragique d'un mouvement qui se dép loie vers son terme est p ré� érable à toutes les exp losions... Le p rincip e du g rand art est d'éviter sévèrement ce qui est inutile. or les évolutions des acteurs qui se p romènent continuellement de long en large sur la scène sous p rétexte de la remp lir, qui se lèvent, qui se retournent, qui s 'assoient, sont p ar� aitement inutiles. Rien ne m'agace comme l'acteur qui essaie de p eindre en détail sur sa� g ure chacune des émotions que le discours de sonp artenaire luip rocure. Qu'il sache rester tranquille et immobile quand il le � aut,� ût-ce aup rix d'une certaine gaucherie dont le sp ectateur au� ond lui saura gré. À CHA QUE MOMEN T DU DRAME CORRESPOND UNE ATTITUDE, ET LES GESTES NE DOIVENT ÊTRE QUE LA COMPOSITION ET LA DÉCOMPOSITION DE CETTE A TTITUDE. CE N'EST PAS POUR LE PUBLIC QU'IL FA UTJ OUER : IL FA UT QUE LA' CTEUR SOIT CAPABLE DU DÉSINTÉRESSEMENT D'UN GRAND ARTISTE ET SE PRÉOCCUPE NON PAS DU SUCCÈS, MAIS DE LA MEILLEURE RÉALISA TION DE L'ŒUVRE DA' RTÀ LA QUELLE IL DOIT DONNER LA VIE. – Et c'est p récisémentp eut-être dans cette insouciance dup ublic qu'est le meilleur secret de l 'atteindre et de l 'émouvoir. grande C'est avec une j oie quej 'aip ris cej our-même connaissance des idées de Claudel sur la manière générale dej ouer ses drames. Etj e vous remercie d'avoirpensé à moi. CE DOCUMENTESTIMPORTAN TPOUR CEUX QUI LA' BORDERONT,particulièrementp our ceux qui,p ar dé� ormation intellectuelle,� ont dévier l'art en didactisme.J A' I BIEN RETROUVÉ CE QUE CLA UDEL N OUS DISAIT, et le goût quej ep artageais avec lui. COMME LUI,J 'ÉVOLUE DE PLUS EN PLUS DANS LE SENS DE LA MUSIQUE. C'ESTPAR LE RYTHME QUE LA PUISSAN CE PEUT S'EXPRIMER. Sans lui, il� audrait des colosses de � oire et ce serait moins beau...

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