LÉGENDE NAPOLÉONIENNE - UNE BIBLIOTHÈQUE. ROUILLAC. TOURS.

Les Espagnols, inquiets avec raison de ce mouvement, ont mis de suite en position les deux pièces d’artillerie qu’ils dirigèrent contre eux lorsque cette colonne (celle de Biar) fut arrivée à ma hauteur. Je crus que le moment était venu de prendre l’offensive avec succès. Je fis battre la charge sur tous les points et avancer l’artillerie au grand trot.. Le colonel Dubessy profita habilement de ce moment ; les deux pièces d’artillerie qui vomissaient la mitraille ont été enlevées par une charge brillante du 24ème de dragons, les canonniers tués sur les pièces, et toute la brigade d’infanterie qui les appuyait prisonnière ou passée au fil de l’épée. Ce fait d’armes met le comble à la haute réputation du 24ème de dragons. Le colonel Dubessy sut (se) montrer digne de commander un si brave corps. Les cuirassiers commandés par le chef d’escadron Laffargue ont rivalisé de zèle avec les dragons, sont entrés dans le village de Castalla malgré une fusillade terrible et ont jonché les rues de morts et de mourants. Le 70ème de ligne commandé par son chef distingué M. le Major Durand, a pris une part active à ce succès éclatant que sa bravoure et sa célérité ont complété. L’artillerie a parfaitement servi et mérite un témoignage de satisfaction. La compagnie du Capitaine Geury qui fut couverte de gloire à la première attaque de Castalla. D’après les états nominatifs envoyés au même général a montré le même zèle dans la journée du 21. Enfin, l’ennemi tourné par sa droite, est mis dans une déroute complète et poursuivi fort loin par les compagnies d’élite d’infanterie et par la cavalerie. Deux pièces de canon, trois drapeaux, 2389 prisonniers dont 476 blessés et presque tous grièvement sont les résultats de cette action si honorable pour l’avant-garde qui n’avait opposé que 1500 hommes aux 8000 ennemis, et qui se trouvaient dès l’attaque dans une positionassez difficile. Parmi les prisonniers, il y a 4 colonels, (dont) celui de la Couronne ; un autre et un brigadier ont été tués à coups de sabre. Les Espagnols ont laissé plus de 500 morts sur ce champ de bataille. Les troupes ont combattu avec tant d’ardeur et de dévouement qu’il est difficile de citer des individus sans courir le risque d’être injuste. Je me bornerais à citer à présent (sans à revenir sur ce rapport) le colonel Dubessi et ses chefs d’escadron, les adjudants-majors Hannion et Guérin et le lieutenant Creton, M. le Major Durand, le chef de bataillon Heremberger qui a eu un cheval tué sous lui, le capitaine Vidal des Voltigeurs du 44ème qui a rapidement tourné l’ennemi sur sa droite ; le capitaine d’artillerie Hurteaux, le brigadier Ménard et le maréchal des logis chef du train Parant –ce dernier a été blessé gravement. Le sergent major Demarquet du 44ème régiment a emporté un drapeau, le cuirassier Boicheret et le dragon Bistre qui ont pris le second drapeau, le sous-lieutenant Thibault du 24ème de dragons, le sous-lieutenant De La Vergue et le capitaine Salvain du 13ème cuirassiers. Le colonel Mesclop quoiqu’attaqué par des forces considérables est venu à mon secours promptement, mais l’ennemi faisant sur lui une fusillade plus vive encore qu’au commencement de l’attaque, je l’ai fait renforcer par le chef de Bataillon Herenberger qui lui a conduit 2 compagnies d’élite de l’excellent 7ème de ligne et un peloton de cuirassiers. Nous n’avons pas plus de 30 morts et 150 blessés, (* en note : il y avait exagération, car d’après les rapports des corps, il ne fut trouvé que 15 morts et 56 blessés). les blessures sont légères. Le lieutenant Aignon du 24ème de dragons, l’un des plus intrépides officiers de l’armée, et qui compte tant d’actions d’éclat, a été blessé mortellement ; c’est une perte dont je suis vivement affecté. Agréez, mon général, l’hommage de mon respect. PS : j’ai l’honneur de recommander particulièrement à votre bienveillance mon aide de camp M. De Montdragon qui sert avec beaucoup de zèle, d’intelligence et d’activité. La cavalerie espagnole effrayée de ses défaites particulières et successives a fui lâchement sans donner un coup de sabre.. Nota : ce rapport a été appuyé par ceux de tous les chefs de corps employés sous mes ordres, ils ont été transmis au général Harispe. D’après les états nominatifs envoyés au même général, notre perte ne fut élevée qu’à 10 morts et 56 blessés, dont 40 au moins l’étaient légèrement. Il a été prouvé par les rapports qui lui ont été transmis que la perte de l’ennemi a été de près de 3000 homme. En totalité et en y comprenant les dispersés, elle monte de son aveu à plus de 6000 hommes. Les troupes sous mes ordres se sont battues avec une telle impétuosité que la déroute de l’ennemi a été complète, et les résultats cités dans ce rapport obtenus avant 9 heures du matin.

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