GIQUELLO & ASSOCIES. BIBLIOTHEQUE JOEL DUPONT.

5 Joël Dupont avait au moins trois passions, Jules Barbey d’Aurevilly, la langue de Byron et la musique, dont sa bibliothèque constituait la plus éclairante illustration. Bibliophile et collectionneur averti, il a su grâce à sa patience et un goût très sûr constituer un fonds, qui lui ressemblait en tout point. Le raffinement et la rareté des ouvrages, tant dans leur aspect, que leur contenu engendraient fascination et admiration, si l’on ne voulait citer que l’édition originale de Léa, de La Bague d’Annibal, mais aussi les éditions successives des Diaboliques, assorties de dédicaces chatoyantes... Né en 1940, à Saint-Sauveur-le-Vicomte, en Cotentin, comme l’illustre auteur des Diaboliques, il a témoigné d’un attachement à la fois à l’écrivain, en tant que conservateur du musée Jules Barbey d’Aurevilly, durant de longues années et à son pays, qu’il n’a pour ainsi dire jamais quitté. Nommé à la direction du musée en 1970, il a permis un nombre important d’acquisitions en tous genres, d’autographes, mais aussi de tableaux à l’effigie de l’écrivain. Le colloque qu’il a présidé en octobre 1980 avec Pierre Leberruyer† au Centre culturel de Cerisy-la-Salle a régénéré la lecture de l’Ensorcelée, son édition des Omnia en 2008 a marqué avantageusement le bicentenaire de la naissance de Barbey. Peu après sa sortie de l’École Normale Supérieure, il a enseigné en tant que jeune agrégé d’anglais à Paris, au Collège Stanislas et à Oxford au sein du très prestigieux Christ Church College. Puis, il a poursuivi sa carrière à l’université de Caen, en tant que Maître de Conférences, se rapprochant ainsi de sa bourgade natale. Homme de caractère, il n’a jamais succombé aux compromis. Investi dans la vie politique locale, en tant qu’élu attaché aux affaires culturelles, il a néanmoins préféré une vie sobre à l’abri des honneurs de premier plan, qu’il aurait tant mérités. Il considérait sa bibliothèque comme un sanctuaire, aménagé en cabinet d’esthète, où il recevait volontiers amis et connaissances, pourvu que l’on fût amateur ou amatrice de littérature. L’art de la conversation sur des sujets littéraires et artistiques lui était cher. Il aimait à faire découvrir une pièce musicale, ou un interprète de talent. Familier du festival Ravel, il se rendait quasi chaque année à Saint-Jean-de Luz pour assouvir une autre passion, qu’il aimait là encore à partager avec ses amis. Aldo Ciccolini avait sa préférence devant bien d’autres virtuoses du XXe siècle. Il avait la ténacité du pédagogue et savait dispenser son savoir, à force de prêts et d’échanges amicaux avec la simplicité des érudits ou des grands esprits, qui le caractérisait. Enfin, ne négligeons pas son indicible sens de l’humour, tout aussi anglais qu’aurevellien, Barbey n’a-t-il pas écrit qu’un Normand est un demi-Anglais, cette définition conviendrait parfaitement à Joël Dupont, tout autant que la devise de Barbey Never More, puisqu’il nous a ironiquement quittés en janvier 2024, à l’orée de la nouvelle année…. Catherine Joseph Présidente de la Société Jules Barbey d’Aurevilly et des Amis du musée

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