GIQUELLO & ASSOCIES. BEAUX LIVRES ANCIENS ET RELIURES ARMOIRIEES – GRANDES PROVENANCES

60 106 MUSIQUE. — MÉREAUX (Nicolas-Jean Le Froid de). La Ressource comique ou La Pièce à deux acteurs, en un acte. Paris, Au bureau d'abonnement musical […] et aux adresses ordinaires de musique, s.d. Grand in-4, vélin vert, supra-libris doré sur une grande étiquette de maroquin rouge au premier plat, titre doré au dos, tranches rouges (Reliure de l'époque). Partition musicale entièrement gravée sur cuivre, texte, paroles et musique, y compris le titre. Exemplaire ayant appartenu à la princesse de Lamballe (1749-1792). Confidente et amie intime de Marie-Antoinette, dont elle fut surintendante de sa maison, la princesse de Lamballe, née Marie-Thérèse de Savoie-Carignan, partageait avec la reine son goût pour les opéras et la musique. On connaît d'autres partitions ou livrets lui ayant appartenu, reliés de même en vélin vert avec sur le premier plat une grande étiquette de maroquin rouge portant son ex-libris doré. La princesse de Lamballe eut un destin tragique : alors enfermée à la prison de la Force, elle en fut extirpée brutalement en septembre 1792 lors des fameux massacres, fut décapitée, son corps mutilé, et sa tête exhibée au bout d'une pique sous les fenêtres de la prison du Temple où la famille royale était emprisonnée. Quentin-Bauchart consacre quelques pages à cette princesse dans Les Femmes bibliophiles de France, t. II, pp. 217-224. Minime fissure à un mors sur 10 cm, petite restauration à une coiffe et un coin. 2 000/3 000 € 107 MUSIQUE. — SACCHINI (Antonio). Dardanus, tragédie lyrique, en quatre actes. Paris, Le Duc, Successeur de M. de La Chevardière, s.d. Grand in-4, vélin vert, supra-libris doré sur une grande étiquette de maroquin rouge au premier plat, pièce de titre rouge au dos, tranches mouchetées de rouge (Reliure de l'époque). Édition originale. Partition musicale entièrement gravée sur cuivre, paroles et musique, y compris le titre. Précieux exemplaire de la princesse de Lamballe (1749-1792), l'amie intime de Marie-Antoinette avec qui elle partageait le goût de l'opéra et de la musique. Antonio Sacchini (1730-1786) est l'un des grands compositeurs d'opéra du XVIIIe siècle. Formé à Naples, jouissant d'une grande réputation en Italie et en Allemagne, il fut attiré à la cour de France par Marie-Antoinette qui obtint pour lui une pension de 6 000 livres et un contrat avec l'Opéra pour trois œuvres : Renaud (1783), Chimène (1783) et Dardanus (1784). La tragédie de Sacchini s'inspire du Dardanus (1739) de Rameau qui est l'un des chefs-d’œuvre du compositeur baroque. Elle fut représentée pour la première fois devant le couple royal à Trianon le 18 septembre 1784, puis le 30 novembre suivant à l'Académie royale de musique. Mais le spectacle marcha assez mal : Mlle Maillard, qui avait chanté et joué supérieurement aux répétitions, fut très-médiocre dans le rôle d'Iphise. Le bruit s'était répandu que Mme Saint-Hubertu, jalouse de ses brillants débuts, avait monté contre elle une cabale [...]. Larrivée tomba malade [...]. Le succès était décidément enrayé ; la pièce se traîna languissament jusqu'à la fin de décembre, puis disparut de l'affiche : elle n'avait été jouée que six fois. Du reste, le nouvel opéra était condamné dès le premier soir [...], gluckistes et piccinistes se réunirent pour accabler le malheureux musicien. [...] les intrigues de coulisse n'avaient pas d'ailleurs été étrangères à cette chute (cf. Adolphe Jullien, La Cour et l'opéra sous Louis XVI, 1878, pp. 72-90). Pour consoler son protégé, Marie-Antoinette décida de faire rejouer cet opéra. Réduit à trois actes (et non plus quatre), celuici fut alors de nouveau donné à l'automne 1785, non plus à Versailles, mais à Fontainebleau, où il recueillit un meilleur enthousiasme de la cour. Dardanus fut joué jusqu'en 1808 et connut en tout 68 représentations (cf. Adolphe Jullien, op. cit.). L'exemplaire se présente relié comme d'autres partitions ayant appartenu à la princesse de Lamballe : reliure de vélin vert et supra-libris doré sur une pièce de maroquin rouge. On notera qu'ici la pièce de maroquin rouge est différente de celle qui nous est connue : elle est moins grande, la roulette dorée est différente, et l'inscription est dorée dans une taille de caractères plus petite. De la bibliothèque Roger Peyrefitte (1976, n°135). Le titre est suivi de 4 pages de catalogue de l'éditeur-libraire Le Duc, lesquelles ont été touchées en haut par le couteau du relieur avec atteinte aux premières lignes du texte. 3 000/4 000 €

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