Etienne de BAECQUE et Associès -. LIVRES ANCIENS ET MODERNES. LIVRE D’HEURES.

Grandes initiales historiées : - f. 2r : Sainte-Catherine - f. 5r : Saint Paul avec son livre et son épée : Visage restauré - f. 85r : Saint Jean-Baptiste. - f. 102 : Saint Jean évangéliste : Feuillet restauré. - f. 119 : Sainte Geneviève avec le cierge : Même main ? Figure de l’estropié à béquilles en marge supérieure semblable à celle dans le Bréviaire de Belleville vol. II, f. 218v et au f. 112v des Heures de Jeanne de Savoie. Initiales historiées sur trois lignes : f. 24, 76v, 77v, 78r, 79r, 79v : figures de saints évangélistes. TEXTE Ce manuscrit contient des offices longs de la Croix / Passion et du Saint-Esprit avec des variantes inconnues. On attribue habituellement ces deux textes à Jean XXII (1314-1335), mais il est également probable que ce pape ait juste officialisé une pratique de dévotion privée (E. Drigsdahl, CHD). Le manuscrit a été relié dans le courant du XIXe siècle sans respecter l’ordre initial des feuillets. Les Heures sont en conséquence dans le désordre. Il y a aussi plusieurs manques, souvent là où sont attendues les miniatures ou les initiales historiées. COLLATION TEXTUELLE : - f. 1-72v : Heures de la Vierge à l’usage de Rome : (f. 4, 49, 10-20) Matines : manques au début et la fin ; (f. 25, 26-34, 35-36, 68-70r) Laudes : manques au début, après le f. 25, 34 ; (f. 2-3, 6, 9, 7172) Prime : manques au début, après le f. 9 et à la fin ; (f. 1, 5, 7-8, 41-42) Tierce : fin manquante ; (f. 45-48) Sexte : Manques au début et à la fin ; (f. 48, 50-53) None : manques au début ; (f. 21, 54-55, 5863) Vêpres : manques au début, ; (f. 66-67, 37-40) Complies : manque au début. Le tableau de la collation textuelle complète est disponible sur demande. - f. 24, 73-84v, 21 : Heures de la Vierge avec recommandations fériales en français rubriquées. Rubr. : « Memoire de tous sains », « Dou primier jour apres les octaves de noel iusques a la purification… », « … devant lavent », « de la purification iusques a la pentecouste… », etc. Cette partie est également incomplète. - f. 85-93, 119-139 : Heures de la passion ou de la Croix (f. 93v : réclame : « As laudes de la croix ») : version primitive incomplète et mal reliée. (f. 85) : Matines : Invitatoire « Christum passum et irrisum flagellatum crucifixum venite adoremus ». Cette variante de l’invitatoire est inconnue des ressources bibliographiques. On trouve plus communément la variante « captum et irrisum » qui introduit les Heures de la Passion comme dans le Ms. 0.3.10 conservé au Trinity College de Cambridge (voir Wordsworth, Christopher, Horae Eboracenses, the prymer of Hours of the Blessed Virgin Mary […], Durham, Andrews, 1920, p.164-180). (f. 119) : Prime, hymne : « Tu qui velatus ». - f. 94-118 : Office du Saint-Esprit : version primitive incomplète. (f. 95v) Hymne « Veni creator spiritus », antienne « Veni sancte spiritus ». - f. 140-205v : Office des morts : Incomplet du début, commence au milieu du psaume 114 introduisant les Vêpres « Custodiens parvulos Dominus : humiliatus sum, et liberavit me ». Office à l’usage de Rome : liste des respons des leçons des nocturnes des Matines : 14, 72, 24, 46, 32, 57, 68, 28, 38. Il y a un manque entre le psaume 62 dans les Laudes et la première oraison (f. 187). - f. 206-218v : Psaumes pénitentiels : Début manquant, commence au milieu du psaume 37 : « non est pax meis a facie peccatorum meorum ». - f. 218v-221v : Litanies : Incomplet de la fin, il manque les pétitions. PROVENANCE : Malgré toutes ses lacunes, il s’agit indubitablement d’un manuscrit de tout premier ordre. La richesse des miniatures, la variété des encadrements et la diversité des heures présentes suggèrent une commande prestigieuse. Aucune mention textuelle ne permet d’identifier le destinataire du manuscrit. On relève cependant la présence de discrètes marques héraldiques dans les initiales. À la place des visages et filigranes, les initiales portent d’azur à une ou quatre fleurs de lys (aux f. 73, 148v et 205v), de gueules au lion d’or (f. 46v, 94r et 215r) et de gueules à l’aigle d’or (f. 111v, 126r, 142r). Les premières armes suggèrent la France sans équivoque, les secondes pourraient correspondre aux anciennes armes anglaises utilisées au XIIe siècle et l’aigle d’or sur champ de gueule a été identifié par François Avril en 2007 comme étant les anciennes armes du comté de Bourgogne. L’usage de ces motifs héraldique pourrait suggérer une provenance comme dans le Bréviaire de Blanche de France. Si l’on suit la piste héraldique, la seule personne susceptible de porter les armes françaises et anglaises à cette époque est Isabelle de France, fille de Philippe Le Bel et épouse d’Edouard II, roi d’Angleterre. Les informations biographiques sur Isabelle de France permettent aussi de soutenir cette hypothèse. En mars 1325, Isabelle et son fils Edouard III partent pour la France afin qu’Edouard III prête allégeance au Roi de France au nom de son père pour son titre de duc d’Aquitaine. Isabelle, en froid avec son époux au point de craindre pour sa vie, décide alors de rester à la cour de France auprès de son frère. Elle y restera jusqu’en septembre 1326 avant de partir conquérir l’Angleterre et de déposer son mari. Peut-on imaginer une commande auprès de Pucelle lors de ce séjour ? Le style du manuscrit pourrait corroborer cette hypothèse, car on retrouve la simplicité du trait du Bréviaire de Jeanne de France et la composition iconographique des Heures de Jeanne de Savoie, tous deux exécutés durant la même période. Bien que cette hypothèse soit séduisante, on ne peut rien affirmer avec certitude. On aurait pu relever la présence du patronyme à la fin des litanies « sancta Elysabeth » qui clôture la courte liste des saintes, mais ces litanies sont presque à l’identique dans le Bréviaire de Blanche de France au f. 91r (Rome, BAV, Urb. Lat. 603) et le Bréviaire de Jeanne d’Évreux au f. 96v (Chantilly, Musée Condé, Ms 51). Ce bréviaire, attribué à Pucelle, possède d’ailleurs le même système d’initiales héraldiques et une décoration secondaire très semblable (initiales, antennes et bouts-de-ligne). La piste semble très probablement royale et française, mais l’identification exacte reste encore en suspens. BIBLIOGRAPHIE : - Les fastes du gothique, Le siècle de Charles V, Paris, Réunion des musées nationaux, 1981, n° 235. - Richard H. Rouse, Mary A. Rouse, Manuscriptsandtheirmakers: commercial book producers in medieval Paris 1200-1500, London, 2000. - Kyunghee Pyun (éd.), Anna D. Russakoff (éd.), Jean Pucelle: innovation and collaboration in manuscript painting, London, Turnhout, Harvey Miller, 2013. - Roman, Nathalie. « Collaborations artistiques et leadership : le cas du Bréviaire de Blanche de France (Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, ms Urb. lat. 603) », Convivium, 4, n° 2, 2017, p. 132-155. - Roman, Nathalie. « Nouvelle proposition pour Jean Pucelle : un artiste abouti dès 1318 », Revue de l’art, vol. 212, no. 2, 2021, pp. 8-17. 80 000 / 100 000 € Nous remercions Laura Lebarbiey pour son aide à la rédaction de ce descriptif. 6

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