481 481 qui eut lieu à l’abbaye le 20 juillet (jour de la sainte Marguerite) et à laquelle la reine ne put malheureusement assister, ainsi que le transport de la relique à Fontainebleau le 16 octobre (Histoire de l’abbaye royale de Saint Germain des Prez, Paris, 1724, p. 256 et sq) ; la reine accouche le 1er novembre 1661 d’un garçon, Louis, le Grand Dauphin, futur père de Louis XV. Ce rituel, soigneusement calligraphié et richement orné, donne les prières à prononcer et le déroulement de la cérémonie lorsque la “sainte ceinture” leur est apportée. “Quand la Reyne est proche de son terme d’accoucher, & qu’elle a devotion d’avoir les saintes Reliques de S. Marguerite, Sa Majesté a coûtume d’envoyer avertir le Superieur de l’Abbaye ou la veille, ou quelques jours auparavant de sa part, par un Aumônier ou autre qu’on se tienne prest pour un tel jour, à telle hure ; d quoi le Superieur donne avis au P. Sacristain, affin qu’il tienne les SS. Reliques prestes & proprement ajustées dans leurs étuis, avec une étole et le Rituel” (f. 8r). Dessins de Nicolas Robert et calligraphie de Nicolas Jarry. Certaines des compositions florales sont signées “Nic.[olas] Robert F.[ecit]” (ff. 7v. et 3lv). On doit à Nicolas Robert (1614-1685) les somptueux bouquets de la célèbre Guirlande de Julie, offerte par le duc de Montausier à Julie d’Angennes, dont le texte est calligraphié par Nicolas Jarry en 1641. Peu de temps après, il entre au service de Gaston d’Orléans. Ce dernier lui confie le soin de dessiner, sur peau de vélin, les plantes rares de son jardin du château de Blois. À la mort de Gaston, en 1660, Nicolas Robert entre au service de Louis XIV et obtient, six ans plus tard, la charge de “peintre ordinaire du Roi pour la miniature”. On lui doit notamment les fameux “vélins du roi”. Peintre naturaliste de renom par son sens de l’observation et la précision scientifique de ses dessins, il collabore, dès 1667, avec l’Académie des sciences aux Mémoires pour servir à l’histoire des plantes. La calligraphie de ce manuscrit est très certainement de la main de Nicolas Jarry (vers 1615-1670) que Louis XIV avait nommé “écrivain et noteur de musique”. L’œuvre de Jarry a, de tout temps, été considérée comme la plus parfaite, la plus élégante et la plus recherchée parmi les manuscrits enluminés post-médiévaux. Nicolas Jarry a porté l’art de la calligraphie à un niveau que seuls les plus beaux manuscrits de Rousselet peuvent atteindre. De Bure prétendait qu’on distinguait Jarry de ses imitateurs à ce qu’on ne s’apercevait jamais du moment où il avait repris de l’encre. Ses manuscrits de piété étaient “très réclamés par les grandes dames du temps, curieuses de les avoir en poche” (Portalis). De Marie-Thérèse d’Autriche à la duchesse de Berry. Le 6 septembre 1820, la comtesse de Cunchy, que nous n’avons pu identifier, offre à la duchesse de Berry, alors sur le point d’accoucher, ce manuscrit royal. Quelques jours plus tard, naît l’”enfant du miracle”, Henri, duc de Bordeaux, fils posthume du malheureux duc de Berry assassiné sept mois plus tôt. En 1837, à cours d’argent et désireuse de poursuivre l’ardent combat pour la défense et les intérêts de son fils, Marie-Caroline se sépare de sa bibliothèque du château de Rosny. Celle-ci est dispersée en vingt-huit vacations et 2578 lots, du 20 février au 23 mars 1837, à Paris. Martin Bossange, libraire de la princesse et expert de la vente, souligne dans sa préface la richesse de cette collection, abondant “en beaux et grands ouvrages dans tous les genres”, et cite notamment ce manuscrit (n° 27 du catalogue). Charles Nodier, présent à la vente, rapporte : “Les amateurs se disputaient les livres armoriés comme des antiques […] la concurrence était si grande aux livres de Madame la duchesse de Berry qu’elle avait presque l’air d’une émeute […]”. Provenance : Marie-Thérèse d’Autriche, reine de France (armes ; OHR 2506, fer n° 1). – Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, duchesse de Berry (ex-libris Bibliothèque de Rosny et ex-dono au verso du troisième feuillet ; catalogue 1837, n° 27, où les armes sont par erreur attribuées à Anne d’Autriche). – Léon Techener (II, Paris, 1887, n° 19, adjugé à D. Morgand 3005 frs). – Albert de Naurois (1833-1904 ; ex-libris armorié à la devise “Tantum prodest quantum prosunt”. Après sa mort sa bibliothèque fut cédée à Rahir). – “ML” ? (cachet non identifié au verso du premier feuillet blanc). Bibliographie : non répertorié par R. Portalis, Nicolas Jarry et la calligraphie au XVIIe siècle, Paris, librairie Techener, 1896. 50 000-70 000 € 415 000-585 000 HK$ COMPLETE CATALOGUING AVAILABLE AT SOTHEBYS.COM/PF2353 92
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